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Connaître son type de sol, un premier pas vers un potager réussi

Le sol du potager est constitué de matières minérales dont l’origine est liée à l’évolution de la planète. Ces matières sont déposées en cet endroit naturellement ou, le plus souvent dans les zones habitées, suite à des déplacements sous l’action de l’homme. Ainsi, les sols des potagers diffèrent tous, ou presque, les uns des autres.

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Les matières minérales sont identifiées par les spécialistes en fonction de leur taille et de leur composition. Les particules les plus fines (moins de 2 microns) sont classées dans les argiles, les plus grosses (plus de 50 microns) dans les sables, et les particules de taille intermédiaire dans les limons.

La composition des matières minérales influence la teneur en éléments nutritifs disponibles pour les plantes. Ces éléments nutritifs proviennent des roches d’origine ou sont retenus sur celles-ci par attraction chimique. Sont concernés l’azote, le soufre, le phosphore, le potassium, le calcium, le magnésium. La carte des sols de Wallonie, disponible sur la toile informatique, permet de connaître les sols de notre région (http://geoportail.wallonie.be/).

Mais de nombreux potagers ont été remaniés en profondeur lors de la construction de la maison et la carte ne peut pas en tenir compte nécessairement. Nous pouvons identifier la nature d’un sol par analyse auprès d’un des laboratoires du réseau Requasud (www.requasud.be).

Sans oublier les matières organiques

Les végétaux poussent, vivent et meurent dans et sur le sol. Ils se sont nourris des matières minérales assimilables et les rendent au sol en se dégradant après leur mort. Mais ils laissent aussi des matières carbonées qui proviennent du CO2 prélevé dans l’air grâce à la photosynthèse. Ces matières carbonées évoluent en humus grâce à la vie microscopique du sol. L’humus accumulé dans le sol est un des facteurs de fertilité et de stabilité du sol.

Le mécanisme d’évolution des matières organiques végétales est très différent selon qu’il se déroule en présence d’oxygène ou en son absence. Dans le premier cas, la fertilité du sol est importante et favorable à la croissance végétale ; c’est la situation souhaitée dans nos potagers. Dans le second cas, les végétaux sont différents et les matières organiques s’accumulent au fil du temps ; les tourbières en sont un exemple. Les sols gorgés d’eau ne contiennent presque pas d’oxygène libre.

Les sols fortement compactés ne laissent aussi que peu de place à l’air et à l’oxygène. La vie y est limitée et différente de celle des sols bien aérés. Il suffit parfois de briser une croûte compactée par un orage pour voir les plantes s’épanouir en quelques jours. Quand un sol est compacté en profondeur, le décompactage devra être plus profond aussi.

L’eau du sol est appelée la solution du sol. Elle contient des éléments minéraux solubles. Quand les poils absorbant des racines des plantes absorbent l’eau, ils absorbent les sels minéraux en même temps.

L’air dans le sol est appelé l’atmosphère du sol. Les vers de terre aèrent bien le sol, d’autres organismes vivants aussi. Encore faut-il qu’ils soient présents en suffisance.

Connaître le sol

Sa structure grumeleuse

L’humus, des argiles et le calcium ont la faculté de se relier ensemble. Ainsi se forment des grumeaux de sol de relativement grande taille. Entre ces grumeaux, l’air et donc l’oxygène peuvent circuler. C’est cette porosité du sol qui permet une vie intense dans le sol. Elle peut représenter 50 % du volume du sol et est occupée en partie par de l’eau et en partie par de l’air.

Sa température

La température du sol peut varier sensiblement d’un côté à l’autre de la Wallonie, mais aussi, d’un jardin à l’autre dans un même quartier. Elle dépend de l’inclinaison par rapport au soleil et de l’humidité (un sol gorgé d’eau se réchauffe moins vite). La couleur foncée du sol est propice à son réchauffement. Le mulch ou la présence de végétaux limitent les pertes de chaleur nocturne et favorisent le réchauffement.

Au printemps et en automne, lorsque le soleil est bas à l’horizon, le moindre obstacle empêche le réchauffement du sol. Incliner légèrement le profil du sol par les opérations culturales est bénéfique en ces périodes plus fraîches. En été, lorsque le soleil est haut dans le ciel, c’est bien moins important.

Son tassement

Le tassement du sol peut être la conséquence de fortes pluies, d’inondations, de passage d’engins (brouettes…) ou de personnes (traces de pas). Un sol humide se tasse et se compacte beaucoup plus facilement qu’un sol sec. N’hésitons pas à en faire la démonstration devant des apprentis jardiniers et marchant entre des plantes témoins alors que d’autres sont respectées.

Pour limiter les dégâts, nous pouvons aménager le potager pour marcher en des chemins sacrifiés pour les besoins, et installer les cultures par bandes sur lesquelles nous ne mettons jamais les pieds. Un écartement de 1,35 à 1,50 m du centre d’un sentier à l’autre permet l’accès aisé à la surface en allongeant simplement le bras. (voir aussi Le Sillon Belge du 21 octobre)

Faut-il ou non bêcher ?

C’est LA question du moment en cette période hivernale. Faut-il bêcher son jardin et retourner le sol ou plutôt travailler uniquement la surface pour décompacter sans retournement ? Nous sommes en Belgique, la réponse sera un compromis à la belge.

Le bêchage à une profondeur d’un fer d’outil retourne le sol et incorpore les débris végétaux sur cette profondeur. L’effort mécanique est proportionnel à la profondeur travaillée. Il présente l’avantage de réduire sensiblement le niveau d’enherbement et donc de diminuer le temps de désherbage pour l’année suivante. Il présente l’inconvénient de ne pas permettre une évolution parfaite des matières organiques incorporées profondément dans le sol par manque d’oxygène à ce niveau.

On bêche les sols argileux ou à tendance argileuse avant ou pendant l’hiver, quand le sol est ressuyé. On bêche à la fin de l’hiver les sols sablo-limoneux ou limono-sableux. Les sols limoneux étant sensibles à la compaction, ils seront bêchés uniquement quand ils sont très bien ressuyés.

Le non-travail du sol s’accompagne souvent d’un mulching de surface des matières organiques formant ainsi un paillage propice aux économies d’eau et à une maîtrise de l’enherbement. Mais pour plusieurs cultures, les semis sont un peu plus compliqués à mettre en œuvre. La décompaction du sol est basée notamment sur le travail des vers de terre, parfois remarquable, mais parfois aussi insuffisant, selon les sites. La gestion de l’enherbement pour éviter d’être débordés par l’envahissement des herbes sauvages demande plus de doigté.

Le compromis : le bêchage très superficiel. Il est réalisé aux mêmes moments que le bêchage, à une profondeur de l’ordre d’un peu moins d’une quinzaine de centimètres. Les matières organiques sont incorporées à une profondeur encore bien aérée. Une partie des matières peut rester en surface en mulching. L’enherbement est contrôlé partiellement par les deux techniques d’enfouissement et de mulching. Il demande moins d’énergie que le bêchage.

Dans un même potager, nous pouvons combiner ces techniques en des endroits différents, à des époques différentes.

Ce qui est dit en bêchage est vrai aussi pour les façons mécanisées avec un motoculteur.

Ce qu’il faut éviter !

Bêcher ou pas, profondément ou superficiellement, tout cela se discute et se complète. Mais ce qu’il faut absolument éviter, c’est travailler le sol quand il n’est pas ressuyé. Ayons toujours en mémoire que les briquetiers malaxent la terre, la mouillent et la moulent dans des formes pour fabriquer des tuiles ou des briques hermétiques. Si nous travaillons en conditions humides, la terre se compacte et se lisse au point de ne plus permettre l’aération indispensable à la vie du sol et ne plus permettre la progression des racines en croissance.

F.

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