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Marre des idées reçues! Pourquoi, sur quoi et comment… et si l’on communiquait positivement!

Responsable du changement climatique, négligente voire brutale envers les animaux, polluante… l’agriculture est très souvent caricaturée et la cible de nombreuses idées reçues peu nuancées. Il y a des moments où l’on se sent las et démuni devant tant de contre-vérités. Et pourtant, qui mieux que les agricultrices et agriculteurs sont à même de transmettre à leurs concitoyens leur passion et les réalités de leur métier. Une communication positive à l’attention de la société sur laquelle le Collège des producteurs délivre quelques clés bien utiles.

Temps de lecture : 7 min

Il n’est un secret pour personne que le monde agricole et l’agriculture sont l’objet de nombreuses controverses, qu’il s’agisse d’activités liées à l’élevage ou aux productions végétales. Le « sans » est très en vogue depuis quelques années : sans revenu, sans gluten, sans pesticide, sans viande… L’évolution des réseaux sociaux et le flux de communications qui circulent au quotidien alimentent ces controverses et campagnes incitatives au « sans ».

« Ces polémiques ont une influence notable sur le comportement des consommateurs mais aussi sur la production agricole », constatent Emmanuel Grosjean et Marie Poncin, respectivement coordinateur et chargée de communication du Collège des producteurs

En feuilletant quotidiennement la presse généraliste, il est régulièrement question de dysfonctionnements dans les abattoirs, de liens entre l’activité agricole et les changements climatiques, de la dangerosité des pesticides… « Ces accusations gagnent en importance et nécessitent une réaction de la part du monde agricole, et mieux encore une action anticipative, à travers une série d’outils », défend Emmanuel Grosjean.

On aurait toutefois tort de sombrer dans le catastrophisme. « En relevant quotidiennement les informations diffusées par la presse, l’analyse des articles au sujet des différents secteurs de l’agriculture révèle que, sur des sujets brûlants, il y a en réalité souvent davantage de positif que de négatif. Par exemple, au sujet de la viande, 60 % des articles sont favorables, contre 40 % d’articles négatifs ; sur le lait, la majorité des articles sont positifs, contre une minorité de documents négatifs. »

En moyenne, tous secteurs confondus, sur les questions agricoles, il convient de noter qu’environ 70 % des articles de presse communiquent de manière assez positive.

« Le péril n’est donc sans doute pas aussi grand qu’on l’imagine. On a tous, de manière naturelle, tendance à ne retenir que les dénigrements, les contrevérités, c’est-à-dire ce qui nous fait mal, ce qui nous affecte. Mais il convient d’en relativiser l’importance. Le tableau n’est pas si noir que cela, au contraire. »

Outre ce relevé de la presse écrite, l’analyse du Collège des producteurs sur les mots-clés les plus ciblés sur les moteurs de recherche sur le web montre aussi qu’au plan mondial, les termes « Vegan », « bio » connaissent une forte croissance ; au niveau belge, le mot « viande » est fortement recherché. Et on observe qu’entre presse écrite et réseaux sociaux, les recherches ne sont pas forcément les mêmes.

Communiquer, pourquoi ?…

Fort de ce constat, le monde agricole est-il disposé à faire des efforts pour se réconcilier avec le reste de la société ou s’y refuse-t-il ? La solution est à l’évidence de viser à (re)nouer le dialogue !

« Mais pour être efficace, la communication positive à construire doit prendre en compte une série de réalités », poursuit Emmanuel Grosjean. À commencer par le fait que, réalisant une activité nourricière et vitale pour la société, le monde agricole ne comprend pas pourquoi il subit de telles attaques… et pourquoi il devrait faire le premier pas !

Par ailleurs, les opérateurs de la restauration et de la distribution sont assez sensibles à ces controverses et modifient parfois assez rapidement leurs demandes auprès de leurs fournisseurs producteurs, imposant à ceux-ci des délais trop courts et impossibles à tenir, même avec la meilleure volonté du monde, par rapport à la réalité des activités agricoles.

Autre frein à la communication : la grande diversité des modes de production agricole et donc des sources d’approvisionnement sont diverses. Cela ne facilite pas les messages à relayer auprès des consommateurs.

Enfin, depuis quelques années, le débat se radicalise avec des mouvements de pression – citoyens, mouvements associatifs – beaucoup plus vigoureux, sur la sphère publique, qui cherchent à influencer les acteurs économiques cités ci-avant et surtout « les politiques » et à faire évoluer les décisions de ces derniers (réglementation, interdiction). « Et les grands absents de ces débats sur l’agriculture sont très souvent les agriculteurs, qui représentent une part toujours plus étroite de la population active. »

Sur quoi ? Idées reçues – perception des producteurs

Le Collège des producteurs a interrogé ses membres pour mieux identifier les idées reçues qu’ils jugent les plus injustes, les contrevérités qui les chagrinent, voire les attaques qui les scandalisent le plus, lorsque le monde extérieur – les médias, le public – évoque les activités agricoles, les agriculteurs. Quelque 200 producteurs ont donné suite à ce sondage dont les résultats ont montré une grande convergence.

Responsable de la communication au Collège des producteurs, Marie Poncin invite «les producteurs à se saisir aussi des outils informatiques disponibles sur le web pour appuyer leur communication vers leurs concitoyens».
Responsable de la communication au Collège des producteurs, Marie Poncin invite «les producteurs à se saisir aussi des outils informatiques disponibles sur le web pour appuyer leur communication vers leurs concitoyens». - M. de N.

Sur cette base, une campagne est lancée qui va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année, sous le slogan « Stop aux idées reçues sur l’agriculture, élargissons nos points de vue », qui reprend les 8 idées reçues les plus citées :

1.  l’agriculture est vue comme pollueuse avant d’être nourricière ;

2.  l’agriculture est vue comme davantage responsable du changement climatique, devant l’industrie et les transports ;

3.  l’agriculteur est perçu comme un râleur qui se plaint beaucoup ;

4.  l’agriculteur est vu comme un profiteur de primes ;

5.  l’agriculteur est considéré comme un risque pour la santé ;

6.  l’agriculteur est négligent envers ses animaux ? ;

7.  il n’existe qu’un modèle agricole unique comme solution aux problèmes du secteur ;

8.  l’alimentation « low cost » est la priorité du consommateur .

Pour chacune de ces idées reçues, le Collège des producteurs a établi une série d’arguments avérés pour les contrer, les relativiser et mettre en avant des éléments factuels positifs. L’ensemble est présenté dans une petite vidéo qui peut être vue et partagée via le lien http://bit.ly/2v2HQon.

Comment ? Quelques outils d’information

« Pour guider les agriculteurs et les appuyer dans cette communication positive avec leurs concitoyens, une série d’outils informatiques sont disponibles, dont certains mis à disposition et/ou en développement par le Collège des producteurs», indique Marie Poncin. La plupart de ces moyens sont disponibles gratuitement sur internet.

A commencer par le site web institutionnel du Collège des producteurs www.collegedesproducteurs.be, qui rassemble de nombreuses informations : les avis des producteurs concernant la mise en œuvre des actions de promotion, de recherche et d’encadrement ; le soutien à différentes initiatives de filières ; l’interaction des membres avec les agences publiques, les consommateurs, le secteur de l’agroalimentaire et de la distribution.

Il existe également les cellules d’informations « lait » et « viande » (www.celluleinfoviandes.be et www.celluleinfolait.be) qui ont pour vocation de répondre aux messages polémiques circulant sur ces deux productions animales. Ces sites renseignent sur la réalité en Wallonie, avec des rappels de base, les aspects santé, diététique et environnement.

Marie Poncin cite également le nouveau site web des 11 filières agricoles wallonnes créé à l’attention des producteurs et professionnels de la chaîne alimentaire, www.filagri.be.

Les réseaux sociaux sont aussi une formidable opportunité de communication utilisable par les agriculteurs pour l’agriculture. Et de citer l’exemple, en France, de Thierry, agriculteur d’aujourd’hui, qui a créé une chaîne you tube, et explique au grand public les réalités du métier. À voir sur https ://www.agriculteurdaujourdhui.com.

Au final, retenons que c’est vous, agricultrices, agriculteurs qui êtes les mieux placés pour remplir ce rôle d’ambassadeur de votre passion, de votre métier. « Saisissez toutes les occasions possibles pour maximiser les échanges avec le monde extérieur à l’agriculture et à l’élevage, les relais, parlez autour de vous, expliquez tout le temps à votre entourage, familles, amis proches, communes. Tout cela permet de créer des liens entre la communauté agricole et le grand public. »

M. de N.

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