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Les conseils du Livre Blanc à l’approche des semis en escourgeon

À l’approche des semis d’escourgeon, voici les conseils des équipes de chercheurs du Livre Blanc pour l’implantation de votre culture.

Temps de lecture : 7 min

L a période la plus favorable pour le semis de l’escourgeon se situe de fin septembre à début octobre. Une date plus précoce ne se justifie pas car elle risque d’entraîner un tallage excessif en sortie d’hiver, des attaques fongiques dès l’automne, des risques plus élevés de transmissions de viroses par les pucerons, un développement plus important des adventices et une sensibilité accrue au gel.

En retardant le semis, la levée est plus lente et peut demander 15 à 20 jours. Il se peut alors que l’hiver survienne avant que la culture n’ait atteint le stade tallage. Une moins bonne résistance au froid est alors à craindre. À cet inconvénient s’ajoute une réduction de la période consacrée au développement végétatif et génératif avec comme conséquence éventuelle une culture trop claire.

Préparer le sol en fonction de la parcelle

Il n’existe aucune méthode, aucun outil, aucune combinaison d’outils, aucun réglage qui soit passe-partout. Chaque terre doit être traitée en fonction de ses caractéristiques structurales propres, compte tenu de son historique cultural, de la nature du précédent, de son état au moment de la réalisation de l’emblavement et des conditions climatiques prévues immédiatement après le semis.

Le froment et l’escourgeon étant des cultures peu sensibles à la compacité du sol, le labour ne se justifie généralement pas. Les TCS (Techniques Culturales Simplifiées) peuvent avantageusement remplacer le labour lorsque l’état du sol le permet (absence d’ornières ou de compaction sévère) et que le matériel de semis employé est compatible avec l’abondance des débris végétaux abandonnés en surface lors de la récolte du précédent.

Après les cultures de betteraves, chicorées et pomme de terre récoltées en bonnes conditions, la préparation du sol peut très bien se limiter à la couche superficielle.

C’est également le cas après les cultures de céréales et de maïs ensilage récoltées dans de bonnes conditions, les mêmes règles sont d’application en ce qui concerne le travail du sol. Ces précédents peuvent cependant constituer un risque pour la culture de céréale suivante. La transmission de la fusariose présente sur les résidus de culture de maïs, la présence de repousses de céréales dans la culture de céréale suivante et une plus forte pression de cécidomyies orange dont le taux d’émergence dépend de la profondeur d’enfouissement des larves font partie de ces risques. Le choix de variétés adaptées permettra de limiter ces risques.

Le labour : quand ?

Le labour reste de mise dans les situations suivantes :

– lorsque la compaction se situe en profondeur, en dessous de 15 cm. Dans ce cas, le labour permet en effet de ramener en surface les agglomérats compacts qui pourront alors subir l’action des outils de préparation superficielle, les effets éventuels du gel et surtout des alternances humectation/dessiccation ;

– lorsque des ornières importantes ont été créées lors de la récolte de la culture précédente ;

– lorsque des résidus d’herbicides rémanents appliqués à la culture précédente doivent être dispersés et dilués dans la couche arable ;

– lorsque les populations d’adventices telles que vulpin et gaillets sont devenues trop importantes, voire résistantes ;

– après une culture de maïs afin de réduire le risque de fusariose et par conséquent du dépassement de la teneur en DON du grain ;

– lors de la multiplication de semences.

Quelques règles pour la préparation superficielle du sol

Il est conseillé de ne pas travailler le sol dans des conditions trop humides : lissage, tassement, sol creux en profondeur, terre fine insuffisante sont inévitables en cas d’excès d’eau dans le sol.

D’autre part, la profondeur du lit de semences doit être régulière, pas trop importante, et le sol doit être suffisamment rappuyé pour éviter un lit de semences trop soufflé.

Il est également recommandé de ne pas travailler trop profondément avec les outils animés.

On pourra éviter les sols trop creux ou mal fissurés dans la couche de sol sous le lit de semences grâce à un retassement éventuel effectué entre le travail profond (labour) et la préparation superficielle. Ce retassement peut être obtenu par un roulage, l’utilisation de roues jumelées et d’un tasse-avant ou le passage d’un outil à dents vibrantes travaillant sur 10 cm de profondeur. Une telle opération contrarie les déplacements des larves de mouche grise et limite leurs attaques. Il en est de même en ce qui concerne les limaces qui sont plus actives lorsque le sol présente des creux dans et sous le lit de semences.

On vérifiera aussi la qualité du travail effectué lors de la mise en route dans chaque parcelle, pour pouvoir adapter la méthode ou les outils utilisés.

Enfin, si possible, la terre doit « reblanchir » après le semis.

Attention que les orges demandent une préparation du sol plus soignée que les froments. Il faut veiller à ce que la terre ait suffisamment de pied pour éviter au maximum les risques de déchaussement pendant l’hiver. Comme, à l’époque du semis, le sol est souvent assez sec, il n’est pas rare de voir des sols trop soufflés, surtout lors d’une mauvaise utilisation d’outils animés.

Une profondeur de semis régulière

Le semis se fera à un ou deux cm de profondeur en veillant à une bonne régularité du placement et à un bon recouvrement des graines. En effet, de nombreux herbicides utilisables à l’automne nécessitent un semis fait à profondeur régulière (2 – 3 cm maximum) et des semences bien recouvertes afin de garantir la sélectivité des traitements. Le développement homogène de la jeune culture, en grande partie régi par la régularité du semis, est aussi nécessaire pour que les stades limites de chaque plantule soient atteints simultanément lors d’éventuels traitements de postémergence automnale.

Dans le cas de semis direct sur des terres où la paille a été hachée, la profondeur de semis doit être légèrement augmentée (+ 1 cm) pour que les graines soient bien mises en contact avec la terre, sous les résidus de culture.

Densité de semis recommandée

En conditions normales, la densité de semis de l’escourgeon doit être d’environ 170 à 200 grains/m² soit 70 à 110 kg/ha. Pour les variétés hybrides, la densité de semis recommandée est de 125 à 170 grains/m².

La densité de semis doit être augmentée lorsque le semis est réalisé :

– dans de mauvaises conditions climatiques ;

– dans des terres mal préparées ;

– dans des terres froides (Condroz, Famenne, Polders, Ardennes) ;

– tardivement.

Cet accroissement doit être modéré et, en aucun cas, la densité de semis ne dépassera un maximum de 250 grains/m² (soit 100 à 140 kg de semences selon le poids de 1.000 grains).

Si les conditions climatiques sont trop défavorables ou si le semis est trop tardif, il est préférable de s’abstenir de semer de l’escourgeon ou de l’orge d’hiver, même à plus forte densité (250 grains/m²). Il sera plus sage de remplacer l’orge d’hiver par du froment, de l’orge de printemps, ou le cas échéant par des pois protéagineux.

Pour les lignées et les hybrides

Les résultats des essais réalisés de 2012 à 2015 ont montré très clairement qu’il était possible de diminuer les densités de semis jusqu’à 50 % de la dose couramment recommandée de 225 grains/m² sans qu’il n’y ait de diminution significative du rendement, que ce soit avec les variétés lignées ou hybrides.

De telles observations avaient déjà été obtenues sur les variétés de froment hybride et sont valables en conditions de semis idéales et avec un semoir précis et parfaitement réglé. De plus, les effets peuvent être variables selon les conditions climatiques de l’année et il convient donc de rester prudent et de ne pas diminuer exagérément les densités de semis. Réduire de 25 % la dose conseil (225 grains/m²) est dans la plupart des cas envisageable sans prendre trop de risques.

D’après le Livre Blanc

, septembre 2017

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