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Au potager, semons des engrais verts!

Planter des engrais verts au potager présente de multiples avantages : lutte contre l’érosion, entretien de la vie du sol, amélioration de la structure du sol… Certes, cela représente du travail supplémentaire, mais le jardinier amateur en sera largement récompensé lors des récoltes ultérieures de légumes.

Temps de lecture : 6 min

Dès qu’un espace est libre en cette fin d’été et qu’il ne sera pas occupé par des légumes avant le printemps, n’hésitons pas : semons des engrais verts. Mais, pourquoi semer des engrais verts ? Pour au moins 7 raisons !

Ne pas laisser le terrain s’envahir de plantes indésirées

Les espèces destinées à produire l’engrais vert sont choisies pour leur fort pouvoir de concurrence. La masse végétale ne laisse plus assez de lumière aux plantes sauvages. Celles-ci peuvent peut-être germer, mais ne produiront pas de semences.

La lutte contre l’érosion

Pour les terrains en pente, les racines des engrais verts retiennent la terre. L’érosion est maîtrisée. Pour les terres sans pente, la couverture végétale hivernale protège le sol de la battance, de l’effet de martellement des pluies.

La mise en réserve des éléments fertilisants

Les éléments minéraux solubles dans l’eau encore présents dans le sol à la fin de l’été seront captés par les racines des engrais verts. Ils serviront à bâtir leur charpente végétale. Après le retournement de ceux-ci dans le sol, les éléments se libéreront au fur et à mesure de leur décomposition, au printemps. Sans cela, les pluies hivernales risqueraient d’emmener ces éléments en profondeur et ceux-ci ne seraient plus accessibles aux racines des légumes l’an prochain.

La remontée des éléments minéraux jusqu’en surface du sol concerne les éléments majeurs (azote, magnésium…) et les éléments mineurs (oligoéléments).

La diversité des insectes et autres animaux

Surtout sur les fleurs, mais aussi sur les tiges et feuilles, se développent des espèces auxiliaires. Elles s’y développent, se nourrissent de pucerons ou d’autres ravageurs. C’est tout bénéfice pour l’environnement et pour notre potager dès le printemps prochain.

Un bémol toutefois, les limaces peuvent aussi se développer, protégées de leurs ennemis par la masse végétale des engrais verts. Tout est une question d’équilibre.

La vie dans le sol

Les engrais verts sont des végétaux destinés à être incorporés au sol alors qu’ils sont encore relativement jeunes. Pas encore très lignifiés, ils fourniront une masse organique facilement décomposable par les organismes présents dans le sol. La vie du sol est stimulée et il en résultera une augmentation de la fertilité. La décomposition de la masse végétale des engrais verts entraînera, d’une part, la libération des éléments minéraux et, d’autre part, la formation d’humus dans le sol.

Une meilleure structure du sol

Les engrais verts peuvent difficilement décompacter un sol. Par contre, ils maintiennent parfaitement une bonne structure et une bonne perméabilité à un sol décompacté avant leur implantation. Les engrais verts protègent le sol de la compaction par les pluies d’automne.

Des économies d’azote

Les légumineuses peuvent être utilisées dans les mélanges d’engrais verts. Elles peuvent permettre la capture d’azote de l’air par les nodosités. C’est un complément à la fertilisation qui servira aussi dès l’année prochaine.

Choisir les espèces…

L’engrais vert est une culture à part entière. Nous raisonnerons le choix des espèces de la même manière que pour les autres légumes.

La rotation permet d’éviter que des espèces végétales ne favorisent la transmission de maladies ou ravageurs d’une année à l’autre. Pour les engrais verts, nous choisirons des espèces qui ne sont pas concernées par les maladies des légumes habituels, comme la phacélie et les graminées. Bien que les risques soient mineurs lorsque la température du sol est inférieure à 20ºC, nous éviterons les crucifères juste avant ou juste après une culture de choux. Le même raisonnement sera appliqué pour les légumineuses (Papilionacées) mais en étant plus strict et considérant au moins les deux années avant et après ces cultures.

Les mélanges sensibles au gel sont facilement incorporés  au sol  au printemps.
Les mélanges sensibles au gel sont facilement incorporés au sol au printemps.

A cette époque-ci de l’année, le mélange de seigle et de vesces ou de trèfle incarnat convient bien. Le chou de Chine est facile à implanter aussi.

Notons que pour les semis de printemps ou d’été, d’autres mélanges sont préférables, nous y reviendrons en temps utile.

… et les semer

Nous affinons le sol en surface comme nous le faisons pour les semis de légumes. Pour un bon développement de la masse végétale de l’engrais vert, respectons les doses recommandées par les semenciers.

Nous pouvons semer l’engrais vert à la volée et recouvrir les graines par un simple hersage au râteau. Mais les semis en ligne permettent de meilleures levées en conditions sèches comme ce fut encore le cas début septembre cette année.

L’engrais vert peut être semé au printemps, en été ou en début d’automne dès que le sol peut être libéré une dizaine de semaines. En automne, nous essayons de terminer les semis avant fin septembre pour que le développement des plantes soit important avant l’arrivée des froids hivernaux.

Apporter une fumure ou un amendement ?

Un engrais vert pourra pousser grâce aux éléments minéraux présents dans le sol en fin d’été. Mais si les apports d’engrais, de compost et de fumiers étaient peu élevés lors de l’année précédente, nous pouvons les apporter avant le semis de l’engrais vert. C’est aussi le bon moment pour apporter de la chaux si l’analyse de sol le recommandait. Notons qu’on n’apporte pas la chaux et le fumier ou le compost en même temps, au risque de favoriser des pertes d’ammoniac dans l’air.

Et la protection ?

Généralement, il n’y a rien à prévoir pour protéger les engrais verts des maladies et ravageurs. Mais dans certains cas, de nombreuses adventices lèvent et se développent plus vite que l’engrais vert. Alors, une tonte peut être nécessaire pour écimer les adventices. Un examen de la présence de limaces permet de préciser les éventuels risques pour la culture suivante (lire aussi les Sillon Belge du 3/04 2015 et du 19/05 2017).

D étruire l’engrais vert

C’est une des difficultés pour les jardiniers qui ne disposent pas des outils puissants des agriculteurs. Mais cette difficulté peut devenir un atout. Une culture d’engrais réussie représente une grande masse végétale. Une partie est souterraine et comprend tout le chevelu racinaire. Après la destruction de l’engrais vert par le gel ou par intervention mécanique du jardinier, cette masse va pouvoir être décomposée par les organismes vivant dans le sol.

Les mélanges qui supportent le gel apportent une grande masse foliaire.  La fauche voire le broyage  seront nécessaires avant  le printemps.
Les mélanges qui supportent le gel apportent une grande masse foliaire. La fauche voire le broyage seront nécessaires avant le printemps.

La partie aérienne est aussi importante en masse. Si le gel l’a détruite, elle sera facilement incorporée en surface du sol par léger enfouissement ou par mulchage. Si la masse est importante, elle peut être fauchée. Elle peut être laissée sur place pour être enfouie en surface ou « mulchée ». Elle peut être transportée pour enrichir le tas de compostage. Elle peut être transportée sur une parcelle voisine où elle enrichira le sol. Dans ces deux derniers cas, la parcelle cultivée d’engrais vert est enrichie de la masse racinaire, d’autres endroits du jardin profitent de la masse foliaire.

F.

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