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Le chou de Bruxelles trouve sa place entre le circuit court… et l’industrie

La culture du chou de Bruxelles partage de nombreux points communs avec celle des choux pommés (voir le Sillon Belge du 12 mai dernier). On notera toutefois une plantation à plus forte densité pour éviter l’obtention de pommes trop grosses mais aussi pour homogénéiser leur taille sur l’axe et faciliter la récolte unique.

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Le chou de Bruxelles a sa place dans les fermes diversifiées pour la vente en circuits courts. A côté de cela, la mécanisation poussée de la récolte a permis la culture à destination industrielle sur de grandes étendues. Ce légume d’automne-hiver traditionnel est consommé de nos jours durant de nombreux mois par an. La tendance s’oriente vers des choux de petits calibres.

Les variétés anciennes ne sont presque plus cultivées, elles sont remplacées par des hybrides. La couleur habituelle est verte, mais certaines variétés sont de couleur « rouge » et apportent une note originale.

Résistance au vent

Le chou de Bruxelles développe un fort enracinement ramifié après la plantation, surtout quand la structure du sol est ameublie. La haute tige de ce légume présentant une forte prise au vent, un buttage s’avère utile pour améliorer la résistance au vent et éviter que les axes des choux ne penchent. Cette façon culturale répond aussi à un besoin de bonne aération des feuilles et des pommes et contribue à faciliter la récolte.

Les cultures qui restent en place plus tardivement exigent des sols bien drainants.

Température

La germination des choux demande une température idéale de 15ºC et dure alors une semaine(voir l’édition du Sillon Belge du 12 mai dernier).

Les choux de Bruxelles présentent généralement une bonne résistance au froid.

Rotation sur 4 à 6 ans…

Nous visons une rotation d’au moins 4 ans ou mieux, de 6 ans. Ces légumes valorisent très bien les fumures organiques d’automne ou de printemps mais les excès d’azote ont des effets néfastes sur la fermeté et le calibre des pommes.

Le broyage des tiges après récolte facilite la décomposition dans le sol.

L’irrigation est pratiquement généralisée, même en sols ayant une bonne rétention en eau.

… des apports azotés maîtrisés

Les corrections de pH du sol permettent de limiter l’extension de la hernie du chou.

Le chou de Bruxelles a besoin d’une fertilisation azotée soutenue régulièrement tout au long de sa croissance, sans excès. Les analyses de profil azoté avant et même en cours de culture sont nécessaires pour piloter au mieux les apports azotés. Les besoins totaux de la culture varient, bien sûr, avec la production espérée et donc le débouché, avec une moyenne de 240 kg d’azote par ha dont seulement 80 unités sont exportées par la récolte.

Les besoins en potasse sont de l’ordre de 240 kg de K2O dont 60 unités seront exportées, en préférant les formes apportant le soufre et le magnésium dont les besoins sont de l’ordre de respectivement 120 de soufre (SO4-) et 40 kg de magnésie (MgO).

SB 3788 choux de Bxl tige

Itinéraire cultural depuis la pépinière de plants

Les plants mottes sont très souvent utilisés, y compris en paperpots ou minimottes. Les plants en mottes sont plantés dès que les racines sortent de la motte. Les plants en arrachis concernent les fermes diversifiées, ils sont plantés au stade 4 ou 5 feuilles. La pépinière doit être saine (respecter une rotation d’au moins 4 ans pour les crucifères), bien fumée et drainée. Elle sera protégée contre les attaques de mouches, de papillons et de pigeons. La bâche ou le filet à mailles fines conviennent. Nous respectons une densité de l’ordre de 350 plants par m² au maximum et ombrons pour limiter la température sous les 25ºC. Le semis est réalisé début ou mi-mars.

Plantation et planification

Nous plantons en mai et planifions l’étalement des récoltes par la diversité variétale. À la plantation, nous essayons d’écarter les plants borgnes dont le bourgeon central est déformé ou disparu. Les plants sont enfoncés dans le sol en enterrant complètement la motte, jusqu’à l’aisselle des premières feuilles.

La densité de plantation dépend de la variété et du débouché. Les semenciers recommandent entre 250 plantes/are pour la récolte progressive (petites surfaces) à 400 plantes/are en récolte unique.

Et les soins ?

Pour le désherbage, plusieurs matières actives sont homologuées (voir http://fytoweb.be/fr). En bio, les binages, hersage et même le buttage avant le stade de la couverture du sol permettent de bien maîtriser l’enherbement.

L’irrigation est souhaitée pour la régularité de la production, le respect des dates de récolte en fonction du calibre et pour diminuer l’impact des altises. Elle est pilotée en visant une humidité du sol de 70 à 80 % de la capacité au champ et une profondeur d’enracinement de 60 cm. Les irrigations sont espacées et volumineuses.

L’étêtage, 5 semaines avant la date présumée de récolte, n’est pas systématiquement appliqué. Les variétés modernes et la densité élevée de plantation permettent de s’en passer sans grande perte de régularité calibraire.

Coup d’oeil sur les ravageurs

Les pigeons, les larves de la mouche du chou, les chenilles de papillons et les altises causent d’importants dégâts en choux de Bruxelles, avec des incidences économiques.

Contre les pigeons, nous pouvons recourir à des combinaisons de moyens de lutte. Les leurres (imitations de rapaces), les rapaces eux-mêmes et les filets apportent des solutions partielles. Les dégâts de pigeons en choux de Bruxelles peuvent être considérables, une parcelle peut être détruite en moins d’une journée de printemps !

Plusieurs espèces de papillons peuvent provoquer d’importants dégâts aux feuilles et aux pommes des choux de Bruxelles. Les oiseaux insectivores, les prédateurs naturels contribuent en partie à la lutte contre les chenilles. Des insecticides à base de Bacillus thuringensis sont assez efficaces sur jeunes chenilles, avec une efficacité moins complète sur la noctuelle du chou. En culture conventionnelle, plusieurs insecticides sont utilisables.

La mouche du chou (Delia radicum) peut provoquer d’importants dégâts en première génération de l’année avec les pontes de mi-avril à début mai : les radicelles sont rongées. L’emploi d’insecticides, de filets de maille inférieure à 1,35 mm, jusque un mois après la plantation permet de limiter les dégâts. Le buttage permet de sauver partiellement des parcelles atteintes grâce à la formation de nouvelles racines.

Les récoltes

Les récoltes échelonnées ne concernent que les petites parcelles.

Les égreneuses mécaniques permettent de récolter les tiges encore feuillées et de parer approximativement les pommes. Les calibreuses permettent les classements sur les calibres 15/22, 22/30 et 30/36 mm de diamètre.

La conservation en frigo est possible pendant 1 mois, à -1 à 0ºC, 95 % d’humidité relative.

F.

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