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Au Space: l’infrarouge pour augmenter le taux de natalité en élevage porcin

Comme chaque année, l’innovation prend une place importante au sein du Space. Véritable vitrine de ce que peut proposer l’élevage de pointe, la rubrique Innov’space a donc remis ses distinctions dont un coup de cœur pour le secteur porcin et deux pour celui de la volaille. Retour dans les travées du salon.

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Nous l’écrivions au retour du salon, trois produits innovants ont particulièrement été plébiscités par le jury d’experts à Rennes. Le petit élevage y était bien représenté puisque sur les quatre distinctions (dont une était absente de l’événement), deux avaient trait au secteur de la volaille (voir encadré). En ce qui concerne le secteur porcin, c’est le Maxipig, de la société barcelonaise IUL, qui rafla la mise.

Le Maxipig de IUL

Michel Loicq, vétérinaire de la société flamande NoHow – qui prodigue des conseils en élevage porcin –, est surpris : « C’est la première fois que nous venons en tant qu’exposant au Space, et nous décrochons les trois étoiles ! »

Et de poursuivre : « Il s’agit d’un traitement de semence, qui par le biais d’une thérapie lumineuse (spectre et protocole d’éclairage bien précis), vise à améliorer les résultats d’insémination artificielle. Une fois la semence passée dans son bain d’infrarouges durant une demi-heure, l’éleveur a deux heures pour inséminer ses truies. »

Initialement conçu pour assainir la semence (éviter l’entrée des pathogènes dans l’élevage par le biais du sperme), l’innovation s’est avérée inefficace dans la poursuite de cet objectif. Toutefois, les concepteurs ont constaté que le traitement infrarouge augmentait l’énergie des spermatozoïdes, en transformant l’adénosine monophosphate en adénosine triphosphate. Résultat ? Une plus longue viabilité, un mouvement plus intense et unidirectionnel et une amélioration de leur capacité de pénétration de l’ovule.

« À partir de là, les tests in vitro et in vivo se sont enchaînés ! En Espagne, un essai comparatif sur 1.320 truies a mis en évidence une amélioration de la fertilité jusqu’à 5 % de la semence, et une augmentation de 1,4 porcelet né vivant par mère. » En Belgique, 3 appareils confirment ce progrès mais avec une évolution moins marquée. « La fertilité de la dose augmente de 4 %, et le nombre de né vivant supplémentaires se situe entre 0,5 et 1. »

Une fois le traitement infrarouge terminé, l’éleveur à deux heures pour inséminer sa truie.
Une fois le traitement infrarouge terminé, l’éleveur à deux heures pour inséminer sa truie. - P-Y L.

Le vétérinaire l’explique par le fait que la production moyenne par truie en Espagne est un peu plus basse qu’en Belgique. « Au plus la production par truie est haute, au moins on verra son action ! L’élevage suivi en Belgique (en Flandre) perçoit les effets positifs de la technologie ! Depuis un an, toutes les truies inséminées sont pleines. »

Pour Michel Loicq, la technologie pourrait être associée à une autre innovation toujours basée sur la technologie infrarouge : le PigWatch, développé par la société québécoise Ro-Main. Celle-ci pourrait bientôt entrer sur le marché belge.

PigWatch par Ro-Main

Si le PigWatch ne fait pas partie des lauréats au Space, il ne nous a pas semblé moins innovant pour autant. Le système consiste à analyser le mouvement des truies sevrées dans des cellules de gestation équipées de capteurs infrarouges. L’activité de chaque truie est ainsi évaluée en temps réel 24 h/24.

Les capteurs infrarouges analysent le comportement de la truie pour déterminer le moment optimal d’insémination.
Les capteurs infrarouges analysent le comportement de la truie pour déterminer le moment optimal d’insémination.

« Et les éleveurs de porcs le savent, une fois qu’une femelle entre en chaleur, elle devient plus active ! Si avec ce changement de comportement, l’éleveur peut déduire approximativement le moment de l’ovulation, le nouvel outil est quant à lui très précis », affirme la firme. Le système est capable, par le biais d’un algorithme qui se base sur l’analyse de dizaines de milliers de cycles œstriens, de déterminer précisément le moment optimal d’insémination et d’envoyer à l’éleveur une requête d’insémination 8h avant l’ovulation.

Pour avoir autant de précision, Agriculture Canada et le Centre de développement du porc du Québec ont dû établir un test avec 121 truies. A ainsi été réalisée une analyse temporelle de la variation de progestérone chez l’animal pour déterminer le moment précis de l’ovulation. À la lumière de ces données, le PigWatch peut analyser le moment où les probabilités d’ovulation sont les plus élevées.

L’étude a ainsi montré que 95 % des requêtes d’insémination envoyées à l’éleveur se situaient dans la période optimale d’ovulation. Au total, 1,16 insémination par truie a été nécessaire pour obtenir 15,3 porcelets par portée.

Actuellement, de par le monde, quelque 50.000 truies sont quotidiennement sous ces capteurs infrarouges. Et la firme annonce que la moyenne des résultats obtenus est d’1,3 inséminations par chaleur, un taux de conception de 92 % et de 15,1 nés totaux par portée. En moyenne, il faut 1,3 insémination par truie.

L’éleveur peut donc s’attendre à épargner 1 à 1,5 dose par chaleur et par animal. Outre cette économie, la firme voit un autre avantage pour les gros élevages, disposant de leur propre verraterie. « Ces derniers peuvent réduire le nombre de mâles et le restreindre aux verrats aux indices de potentiel génétique supérieur. L’élevage investit ainsi dans la génétique, ce qui va amener des meilleures performances sur toute la chaîne.

Notons que des élevages aux résultats de reproduction somme toute corrects, ont vu une amélioration des taux de gestation jusqu’à 5 %, avec 0,5 porcelet de plus par mère.

P-Y L.

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