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L’agriculture sociale à la ferme du Gard : du plaisir pour les personnes fragilisées et une image positive de l’agriculture

Le Réseau wallon de développement rural (Rwdr) organisait récemment, en partenariat avec Accueil champêtre en Wallonie, un atelier d’information sur l’agriculture sociale. Celui-ci a permis de faire un état des lieux du sujet, mettre en contact différents acteurs de l’agriculture sociale, et surtout de réfléchir aux actions à initier pour soutenir son développement.

Temps de lecture : 4 min

L’agriculture sociale est une notion qui ne parle pas à tout le monde. « Celle-ci consiste en l’accueil de personnes fragilisées par des acteurs de la ruralité, dans un but d’échanges, de bénéfices sociaux mutuels et de mieux-être physique, social et mental des personnes fragilisées », explique Lorraine Guilleaume, du Rwdr. « L’agriculture sociale est en plein essor, c’est un domaine qui évolue lentement, mais auquel on essaie d’apporter des améliorations et de diffuser plus largement au fur et à mesure ».

Camille Lobet et son épouse Marie sont des convaincus de cette forme d’accueil. Dans leur gîte et leur exploitation, la ferme du Gard à Sivry, où se tenait cet atelier, cela fait de nombreuses années qu’ils organisent ce genre d’activités.

Accueillir et faire découvrir

« Tout a commencé car des professeurs de nos enfants souhaitaient faire visiter la ferme à leur classe » raconte Camille. « L’accueil est ensuite devenu de plus en plus régulier pour des classes de primaire, de secondaire, et même de degré universitaire, avant de le faire également pour des personnes fragilisées ». Le terme « personne fragilisée » englobe beaucoup de groupes de gens puisqu’il peut s’agir de handicapés physiques ou mentaux, d’autistes, de réfugiés, d’enfants en décrochage scolaire, d’occupants d’un hôpital psychiatrique, de personnes en burn-out, etc.

Le programme débute toujours par une présentation de la ferme, suivie d’une visite guidée. Les personnes accueillies ont ainsi l’occasion d’assister à la traite automatisée des vaches, à l’écrémage, à la production du beurre. « J’ai aussi une ou deux vaches disponibles pour permettre une initiation à la traite. C’est toujours un bonheur immense qui se lit sur leur visage et qu’ils expriment. »

Une visite des petits animaux de la ferme et des chevaux de trait est aussi possible. « Les chevaux de trait sont très calmes, ce qui permet de faire monter tout le monde. Mon plus grand plaisir dans ce projet, c’est de voir le plaisir des autres. »

Camille est très impliqué dans ce projet, et d’autres activités sont prévues à l’avenir, comme un golf champêtre pour les enfants et les adultes. L’objectif est bien évidemment que celui qui reprendra la ferme continue l’aventure de l’agriculture sociale.

Comme le gîte peut accueillir 35 personnes, il est également possible d’héberger les groupes, et donc de rester plusieurs jours, ce qui permet de les faire travailler à la ferme, par exemple en nourrissant les animaux, en produisant du beurre ou en nettoyant les niches.

« Il faut proposer la même chose à tout le monde, mais certains ne veulent pas travailler » précise Camille. « Il faut être très large, ne pas forcer les gens, mais toujours donner l’occasion à la personne fragilisée de participer comme n’importe qui d’autre. »

La ferme accueille environ 3.000 enfants par an. Les prix demandés sont assez bas car aucun investissement inconsidéré n’a été réalisé, et tous les travaux sont effectués par Camille, Marie et leurs enfants.

Véronique Monnart (GAL des plaines de l’Escaut) et Samuel Hubaux (Nos oignons asbl), du groupe de travail sur l’agriculture sociale, présentaient l’état des lieux des questions sur le sujet. Ils estiment que l’éventail de bénéficiaires de ce genre de projet pourrait être agrandi. Par exemple, une personne lambda souffrant d’un burn-out diagnostiqué par son médecin ne souhaite pas nécessairement s’intégrer à un centre de santé mentale, et ne peut donc profiter d’un projet d’agriculture sociale dans l’état actuel des choses.

L’évaluation doit être un bienfait

Les modalités d’accueil ne peuvent pas suivre une formule type mais doivent être adaptées au cas par cas, en fonction des besoins des personnes accueillies, et des dispositions de l’accueillant qui doit être à l’aise dans son projet. Plusieurs travers sont à éviter. « L’objectif premier n’est pas l’efficacité du travail agricole, et surtout pas la recherche de main-d’œuvre gratuite. Il est nécessaire d’adapter le rythme de travail au bénéficiaire, car c’est son mieux-être qui est la finalité escomptée » prévient Véronique.

Il est tentant de vouloir évaluer les bénéfices pour les différents acteurs, mais cela ne doit pas être une obsession. « Comment mesurer le bonheur de l’agriculteur et du bénéficiaire ? L’évaluation doit être un bienfait, et non pas un tableau de notes. »

Willem Rombaut, de Steunpunt Groene Zorg, était présent pour faire le lien avec l’agriculture sociale en Flandre, où ce type d’activité a plus de succès que chez nous. Au nord du pays, le nombre de projets est passé de 147 en 2006 à 537 en 2011, pour atteindre actuellement 621.

L’après-midi était constituée de trois ateliers thématiques avec mise en commun et débat, suivi d’une visite de la ferme du Gard.

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