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Surmortalité des abeilles: unanimité wallonne pour l’interdiction des néonicotinoïdes

Le parlement de Wallonie a engagé mercredi la Région sur le chemin d’une interdiction de l’utilisation des pesticides contenant des néonicotinoïdes – une famille d’insecticides particulièrement incriminés dans la surmortalité des abeilles et autres pollinisateurs –, tout en tenant compte des réalités agricoles.

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Une proposition de résolution en ce sens, déposée en 2015 par la députée Christie Morreale (PS) et amendée avec le soutien du MR, du cdH et d’Ecolo au terme de nombreuses auditions, a été votée à l’unanimité en commissions réunies de l’Environnement et de l’Agriculture. Elle demande au gouvernement régional de prendre des dispositions immédiates pour interdire l’utilisation de tous pesticides contenant des néonicotinoïdes, et de défendre cette interdiction sur les scènes belge et européenne.

L’Union européenne a déjà restreint l’utilisation de certaines substances de ce type. Au niveau wallon, le ministre de l’Environnement Carlo Di Antonio a fait passer en première lecture au gouvernement, en mai dernier, l’interdiction de l’usage de néonicotinoïdes pour les particuliers.

Mais le problème relève surtout de l’agriculture, en particulier les cultures de betterave, de chicorée et la production de plants de pommes de terre. Pour ne pas pénaliser ces secteurs vis-à-vis d’autres régions ou pays, l’interdiction ne sera mise en œuvre pour l’usage professionnel que « lorsqu’il existe des alternatives moins nocives pour la santé et l’environnement, efficaces sur le plan agronomique, et économiquement réalistes. »

Le ministre de l’Agriculture, René Collin, a salué le caractère « ambitieux mais réaliste » du texte, et rappelé que le Centre de recherches agronomiques de Gembloux (CRA-W) avait déjà fait sa priorité de la recherche de solutions de rechange. La résolution réclame en outre la mise en place d’une task force « néonicotinoïdes » pour l’expertise scientifique sur l’impact sur la santé humaine et la biodiversité de ces produits. Elle demande aussi de faciliter l’accès des agriculteurs aux semences non traitées aux néonicotinoïdes.

La Région bruxelloise, bien moins concernée par l’agriculture que la Flandre et la Wallonie, avait été la première région du pays à interdire, en février dernier, l’utilisation de pesticides contenant des néonicotinoïdes. Les substances actives de ces pesticides se retrouvent dans les feuilles, racines, fruits ou grains qui sont consommés mais aussi dans le pollen et le nectar que butinent les insectes pollinisateurs.

Plusieurs études scientifiques ont mis en évidence la toxicité indirecte de ces insecticides sur les abeilles et bourdons. Les pertes importantes constatées sur les colonies atteignent en Belgique des niveaux parmi les plus importants d’Europe. Des questions se posent aussi quant à l’effet de ces substances sur la santé humaine, justifiant la précaution à adopter à leur égard.

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