Accueil Céréales

Ferme de l’Espinette à Tourinnes-La-Grosse : du conventionnel au bio en deux ans

Une séance d’informations pour les agriculteurs qui souhaiteraient convertir – une partie de – leur production en mode biologique était organisée par Biowallonie à Tourinnes-La-Grosse. L’occasion de découvrir la ferme d’Oscar Ghaye aujourd’hui totalement bio.

Temps de lecture : 4 min

C’est dans une grange de leur exploitation qu’Oscar Ghaye et son épouse accueillent leurs invités du jour pour présenter leur parcours en bio. « Le passage à ce mode de production est le fruit de 30 ans de réflexion ! » entame Oscar. Si cela fait maintenant quatre ans qu’ils travaillent en agriculture biologique, la réelle transition a eu lieu en août 2016.

Les deux années de conversion ont été très compliquées à plusieurs niveaux. D’abord sur le plan financier, car la ferme a été en perte durant ces deux années, et ce malgré les primes. « Heureusement qu’elles sont là, sinon nous n’aurions pas pu tenter la conversion ». Mais aussi en termes de connaissance sur le sujet, ce qui manquait à Oscar. « C’est un peu comme se jeter à l’eau sans savoir nager, il faut rester accroché au bord, mais on finit par apprendre », explique-t-il avec humour.

Remettre en question ses automatismes

« Il faut revoir toute sa façon de penser, remettre tout d’un coup en question les automatismes acquis au fil des années et réapprendre des techniques agricoles ». La difficulté supplémentaire dans le cas d’Oscar, c’est que la totalité de la production a été convertie en une seule fois. « C’était trop compliqué de passer en bio au fur et à mesure, ou même de le faire en deux fois, car c’est trop coûteux. Notre choix était donc d’autant plus risqué ».

Les céréales constituant la majorité des plantes cultivées sur la ferme, la gestion des adventices et des engrais de ferme n’est pas facile. Il a d’ailleurs fallu détruire une parcelle de froment envahie par les mauvaises herbes cette année, mais heureusement, des pois et des haricots ont pu l’y remplacer à temps. Oscar souligne vraiment l’importance des intercultures : « Presque chaque culture est suivie d’un couvert. Nous utilisons beaucoup de trèfle pour l’azote, mais après le chanvre, on a choisi du triticale. »

Certaines adventices problématiques

Au sujet de la fertilisation, outre le bon choix des rotations, de nombreux produits animaux et végétaux sont utilisés. La ferme ne possède pas de bétail car elle est étendue géographiquement et que les grands trajets ne se prêtent pas à l’élevage. Des contrats sont donc signés avec des éleveurs pour disposer du fumier de bovin et des fientes de volaille nécessaires. La période d’épandage doit être choisie avec minutie, sans quoi les adventices risquent de proliférer alors qu’il est difficile de s’en débarrasser puisque le désherbage ne se fait que mécaniquement.

Concernant les techniques de désherbage, Oscar pratique le déchaumage, le labour, le passage d’une herse étrille qui stimule la croissance des céréales, le binage, et le désherbage manuel. Le rumex et le chardon notamment sont problématiques à gérer et nécessitent un désherbage manuel assez contraignant.

En plus des erreurs précitées, d’autres sont à éviter. « Le travail de la terre doit être réalisé sans laisser de creux, sinon des adventices y poussent sans qu’on puisse les éliminer. La camomille dans les céréales et le chénopode dans les haricots posent également problème. Nous avons surtout appris qu’il faut éviter les cultures qui rapportent trop peu, car le travail engendré est alors trop important pour le retour qu’on en a ».

La précision grâce au GPS

Pour faciliter son travail et obtenir une précision maximale, Oscar a investi dans un GPS. « Cet outil me permet d’être certain de ne pas rater la moindre zone, car il suffit d’un écart de seulement quelques centimètres sur une longueur de champ pour être envahi par les adventices. »

La diversification s’est également imposée à la famille Ghaye pour assurer plus de revenus. « Nous avons planté du chanvre, qui est considéré comme une « culture nettoyante », et ne nécessite presque pas de désherbage. Nous attendons de voir ce que ça donne. Nous avons également 1,5ha dédié au maraîchage. »

Enfin, les agriculteurs ont mis en place sur leurs terres un « espace-test maraîcher » en collaboration avec le GAL Culturalité (voir aplat ci-joint) : 1,5ha de terre est ainsi disponible pour permettre à trois porteurs de projet de débuter et tester leur perspective de métier.

La gestion du temps est primordiale

Oscar et son épouse concluent de cette conversion qu’elle a complètement modifié leur mode de vie. « Malgré deux années très « difficiles » techniquement et financièrement, nous avons maintenant une perspective d’amélioration de notre situation financière, avec notre toute première récolte entièrement bio cette année.

La gestion du temps est primordiale, car les périodes d’intervention aux champs sont courtes, mais celles-ci se font plus rapidement, notamment car ils ne sont plus tributaires du vent. Oscar tient également à souligner le changement dans sa vie sociale : « Avant, j’étais dans mon tracteur toute la journée, je ne voyais personne. Maintenant, les gens viennent me parler au bord du champ, s’intéressent à ce que je fais, et je prends le temps de leur expliquer. C’est réellement agréable de travailler dans ces conditions. »

J.D.

A lire aussi en Céréales

Qu’en est-il de la révision des substances actives en céréales?

Céréales Les produits de protection des plantes (PPP) sont composés d’une ou de plusieurs substances actives qui définissent le spectre d’efficacité de chaque produit. Avant de pouvoir être incluse au sein de produits formulés, chaque substance active doit être homologuée au niveau des autorités européennes.
Voir plus d'articles