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Choisir des fruitiers adaptés tout en veillant à leur entretien régulier

Précédemment, nous avions entamé le raisonnement à tenir avant de planter cet automne un ou plusieurs arbres et arbustes fruitiers. Ainsi ont été pris en considération l’espace disponible, le sol et le microclimat ainsi que les mécanismes de fécondation des fleurs propre à chaque espèce. Nous continuons ici la réflexion en envisageant le mode de production choisi, l’utilisation prévue pour les fruits et les soins d’entretien nécessaires à la réussite de la culture.

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Après avoir mis ces conseils et recommandations en application, le jardinier amateur pourra, lors de la récolte, faire un bilan global du verger qui confirmera ou non que les choix initiaux et les soins apportés ont été les bons, et qui indiquera, le cas échéant, les améliorations à apporter.

Quel comportement face aux attaques ?

Comme tous les végétaux, les arbres et les arbustes fruitiers peuvent subir des attaques nombreuses de champignons, de bactéries, de viroses, d’insectes et d’acariens, mais aussi de mammifères et d’oiseaux. Et ainsi, la liste est loin d’être close !

Dans nos conditions climatiques, les maladies cryptogamiques posent les problèmes les plus fréquents et les plus graves. Elles compromettent la fructification et parfois la survie des plants. Rappelons à cet égard qu’un bon écoulement de l’air froid et humide et une bonne ventilation de la parcelle, ainsi qu’une ramure bien aérée peuvent contribuer à atténuer les infections.

Certaines maladies sont liées à une espèce fruitière. Sur pommiers, on peut redouter la tavelure, l’oïdium et le chancre, et sur poiriers, la tavelure et la rouille grillagée, tandis que les cognassiers sont sujets à l’entomosporiose. Sur les espèces à noyau, on craindra la moniliose des fleurs et des rameaux, tandis que chez la vigne, le mildiou, l’oïdium et la pourriture grise seront à combattre. Les petits fruits sont également sensibles à la pourriture grise. Tous les fruits à pépins et à noyau sont sensibles à la moniliose des fruits au cours de leur développement.

Si l’on rejette l’idée d’effectuer un nombre même limité de traitements, le choix de variétés tolérantes ou résistantes s’impose, avec pourtant des risques de dégâts les années où les conditions climatiques génèrent une forte pression d’infection.

Une autre option consiste à effectuer quelques traitements aux moments les plus critiques qui dépendront à la fois du stade de végétation et des conditions climatiques. Ce sera par exemple une série de quatre interventions anti-tavelure sur les pommiers : deux avant la floraison et deux par la suite, ou sur les poiriers une série de cinq à six interventions contre la tavelure et la rouille grillagée : deux avant la floraison et trois ou quatre par la suite. Dans cette option, un choix beaucoup plus large de variétés peut être retenu. Les pépiniéristes qui adhèrent à la charte « Certifruit » disposent d’informations à cet égard.

Dans un verger d’amateur qui est par nature plus diversifié en espèces et en variétés plantées qu’un verger professionnel, il se crée au fil des années un meilleur équilibre naturel entre les ravageurs et leurs parasites ou prédateurs. Une vigilance est toutefois nécessaire en ce qui concerne certains bio-agresseurs dont les pullulations très rapides sont insuffisamment contrôlées par les auxiliaires. Ainsi, le développement de colonies de pucerons est à surveiller sur toutes les espèces fruitières, mais une intervention avec un produit aussi sélectif que possible ne sera nécessaire que si leur pullulation est hors de contrôle. Les dégâts de chenilles défoliatrices sont surtout à craindre les premières années, pendant la phase juvénile. Les larves de carpocapse, qui infestent les pommes et les prunes, et occasionnellement les poires et les noix, ainsi que la mouche de la cerise peuvent être contrôlés par la pose de pièges à phéromones en nombre suffisant.

Fruits, jus, vins, conserves…

En général, un verger d’amateur est destiné à approvisionner le ménage en fruits. On choisira donc les espèces et variétés en fonction des goûts de chacun et de l’espace disponible afin d‘assurer un approvisionnement régulier pendant un laps de temps aussi long que possible. Pour cela, on associera des variétés dont la maturité s’échelonne, et pour les fruits à pépins, dont la durée de conservation naturelle après récolte permet de prolonger la période de consommation.

À l’inverse, pour les fruits destinés à la transformation en jus, vins, conserves etc., il est souhaitable de pouvoir récolter au même moment une quantité plus importante de fruits dont la qualité technologique est recherchée : rendement en jus, teneur en sucres, en acides, en arôme et en tanins.

Dans tous les cas, la récolte de fruits sains au stade optimal de maturité est garante de la meilleure qualité et d’une bonne conservabilité.

Assurer les soins d’entretien

L’ensemble des soins accordés aux plants fruitiers tout au long de l’année concourent à leur assurer une bonne vitalité, gage d’une bonne fructification. Après la phase juvénile pendant laquelle la taille de formation contrôle la formation de la ramure, la taille fruitière doit maintenir une phase adulte aussi longue que possible par un bon équilibre entre la croissance et la fructification. On effectuera pour cela un renouvellement régulier des rameaux fruitiers portés par la charpente, et on éliminera les pousses superflues et mal orientées. La taille fruitière dépend aussi du mode de fructification de chaque espèce : sur pousses de l’année même chez les vignes et les framboisiers d’automne ; sur bois de l’année précédente chez les fruits à noyau, les myrtilles, les framboisiers d’été et les cassissiers ; sur bois de deux ans et plus chez les fruits à pépins et les groseilliers.

Si les principales actions de taille se pratiquent pendant la période hivernale, certaines interventions réalisées en été à des moments précis et dans un but précis ne sont pas à négliger.

Le désherbage du pied est particulièrement important les premières années afin de réduire la concurrence des adventices pour l’eau et les éléments minéraux, et en complément, un mulch de matière organique compostée ou brute épandu sur la zone désherbée maintiendra une meilleure fraîcheur au niveau des racines et enrichira le sol en humus. Annuellement, une fumure minérale d’engrais composé pour jardins contenant environ 10 % d’azote, 10 % d’acide phosphorique, 15 % de potasse et 3 à 4 % de magnésie sera apportée en mars.

Les années où la floraison est abondante et où elle se déroule sous des conditions climatiques très favorables, on pourra craindre un taux de nouaison excessif de fleurs qui se traduira, l’année même, par une fructification de piètre qualité, et surtout par une formation déficiente de boutons pour l’année suivante. On évite d’entrer dans un cycle d’alternance en pratiquant un éclaircissage des fruits. Celui-ci consiste, sur fruits à pépins, pruniers et pêchers, à éliminer une partie des jeunes fruits dès que la chute naturelle de juin est terminée.

Quand vient la récolte

C’est, avec la taille, le moment où l’arboriculteur est le plus proche de ses arbres et arbustes, et où il peut le mieux évaluer leur comportement : croissance, état sanitaire, productivité… On appréciera alors la justesse des choix opérés au départ et l’opportunité des travaux de conduite et d’entretien.

Pour les fruits dits « non climactériques » dont la qualité ne s’améliore pas après la récolte, et qui ne se conservent que quelques jours, la cueillette doit se faire au stade optimal de maturité, pour une utilisation rapide. On se basera sur l’aspect extérieur, la coloration, la fermeté et un test gustatif. Ceci concerne l’ensemble des petits fruits, les cerises et le raisin. Après récolte, la mise au frais ou au froid (+3 ºC à +5 ºC) permet de prolonger quelque peu leur consommation avec le risque de perte d’arôme.

La maturation des fruits dits « climactériques » se poursuivra après la récolte pendant leur entreposage dans une ambiance aussi fraîche que possible ; leur taux de sucres et leur arôme s’améliorent tandis que leur acidité diminue. En d’autres mots, leur qualité gustative s’améliore pendant un certain temps, avant de se dégrader définitivement. La durée de conservation dépend de la variété, du stade de maturité (pas trop avancée) lors de la récolte et des conditions de conservation : température, humidité de l’air… Appartiennent à ce groupe : les fruits à pépins, les fruits à noyau à l’exception des cerises, les kiwis et les figues.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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