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Confronté au marché mondial, le sucre européen ne devrait pas souffrir

Soumis à de fortes pressions, le prix du sucre devrait, durant la campagne 2017/2018, se maintenir à un niveau relativement bas sur les marchés internationaux. Toutefois, cela serait – pour l’instant ! – sans conséquence pour les planteurs européens, déjà inquiets de la suppression des quotas betteraviers décidée par l’Union européenne.

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La culture de la betterave, vivant sa première saison depuis l’abolition des quotas sucriers, et le marché du sucre sont au centre de ce second volet consacré aux perspectives européennes à court terme pour les marchés agricoles. Publiées par la Direction générale de l’Agriculture et du Développement rural, celles-ci nous éclairent sur l’évolution future des marchés, tant mondiaux qu’européens.

Pour rappel, une année commerciale « grande culture » débute avec la récolte et couvre, pour la betterave, la période allant d’octobre à septembre de l’année suivante.

Retour sur 2016/2017

La production européenne de sucre, pour la période 2016/2017, a atteint 16,8 millions de tonnes (Mt), soit un bond de 13 % par rapport à la période précédente (2015/2016), confirment désormais les experts européens. Les exportations de sucre se sont maintenues à 1,3 Mt tandis que les importations ont diminué de 19 % par rapport à 2015/2016, pour s’établir à 2,3 Mt.

Cette chute des importations est, selon l’Europe, directement liée à une hausse des prix durant les premiers mois de l’année commerciale 2016/2017 ainsi qu’à une contraction de la consommation européenne de sucre. En outre, la croissance de la production betteravière, découlant de l’abolition des quotas, a été largement anticipée et contribue également à expliquer cette situation. Il en résulte un stock résiduel estimé à 1,3 Mt, identique à 2015/2016.

Le Brésil pèse sur les cours

Les prix européens de sucre blanc sont restés stables depuis janvier 2017, à 500 €/t relevé en juin dernier tandis que les prix mondiaux ont chuté à 347 €/t, en juillet. D’après les experts européens, cette chute a commencé début 2017 en raison d’une croissance inattendue de la production au Pakistan et a été amplifiée par la faiblesse du réal brésilien. En effet, comme le sucre se négocie en dollars, un réal faible rend sa production plus lucrative pour les producteurs brésiliens. Par conséquent, l’approvisionnement supplémentaire en sucre brésilien exerce à son tour une pression sur les prix mondiaux.

Cette baisse du prix du sucre, conséquente à la hausse de production, a toutefois entraîné des ajustements fiscaux au Brésil. Aussi, les taxes sur l’essence ont été augmentées fin juillet afin de favoriser la production d’éthanol plutôt que de sucre. En outre, une taxe d’importation, visant plus particulièrement les importations américaines d’éthanol produit à base de maïs, a été décrétée fin août.

Ainsi, les prix de l’éthanol sont remontés tandis que le prix du sucre, relativement bas, est à parité avec celui de l’éthanol. À ce niveau, produire du sucre est, au Brésil, moins rentable que produire de l’éthanol. « Ce passage du sucre à l’éthanol pourrait stimuler le prix du sucre sur le marché mondial », estiment les experts européens.

Hausse sur tous les fronts

En 2017/2018, la surface agricole européenne dédiée à la betterave est estimée à 1,7 million d’ha, soit un bon de 14 %. Les conditions météorologiques sèches du début de saison ne semblent pas avoir affecté les rendements. Évalués à 76,5 kg/ha, ceux-ci seraient en hausse de 3 % par rapport à la dernière saison et de 5 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Dès lors, la production européenne de betteraves est estimée à 131,1 Mt pour l’année commerciale en cours.

La production européenne de sucre blanc est quant à elle évaluée à 20,1 Mt, soit une croissance fulgurante de 20 % par rapport à 2016/2017. Cependant, au vu de l’avantage qu’a actuellement l’éthanol sur le sucre, il n’est pas improbable qu’une partie des betteraves soit transformée en éthanol plutôt qu’en sucre, entraînant une révision à la baisse de cette estimation.

La fin des quotas ainsi que le rehaussement de production qui en découle devraient conduire à une réduction des importations, estimées dès lors à 1,5 Mt, et à un doublement des exportations, évaluées à 2,8 Mt.

En parallèle, les bonnes conditions climatiques observées en Asie, en Australie et au Brésil ont contribué à augmenter les rendements en canne à sucre et à faciliter sa récolte. Cela se traduirait par la formation d’un excédent mondial de sucre estimé à 4,6 Mt en 2017/2018. « Si l’on considère une croissance modérée de la consommation, cet excédent pèserait sur les prix, tant au niveau mondial qu’au niveau européen », s’attendent les experts de la Commission. Toutefois, la volatilité des prix mondiaux ne devrait pas affecter considérablement les planteurs européens, ceux-ci étant principalement actifs sur le marché à terme pour la saison 2017/2018.

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