Accueil Agribex

Un vent nouveau souffle sur Agribex!

À la veille de l’ouverture du salon Agribex, la rédaction du Sillon Belge a rencontré Stefaan Forret, président de ce grand rendez-vous international de l’agriculture, de l’élevage, du jardin et des espaces verts. L’occasion de faire le point sur l’actualité des secteurs concernés et sur les grandes évolutions et centres d’intérêt de cette édition 2017.

Temps de lecture : 7 min

Fils d’agriculteurs, Stefaan Forret travaille dans le domaine de la mécanisation agricole depuis la fin de ses études, il y a déjà 23 ans. Administrateur délégué de Manitou Benelux depuis 2014, il assure la direction générale et la distribution des engins de la marque dans les trois pays du Benelux. « Travailler au sein de ce grand groupe français m’a permis d’apprendre à connaître, au-delà de l’agriculture, également les secteurs de la construction et de l’industrie, car on y retrouve aussi nos machines. Le secteur agricole est un domaine d’activités remarquable : on y travaille avec passion, et il est riche d’innovations et d’initiatives, même si les retours sur investissements sont plus faibles que dans les autres secteurs. »

  Vous êtes président d’Agribex. En quoi consiste cette fonction ?

Stefaan Forret : Le groupe de travail Xebirga (Agribex à l’envers) a démarré en 2013. L’idée de base était de réfléchir ensemble pour donner un nouveau souffle à Agribex. En 2015, peu avant la 69e  édition, nous avons décidé qu’il fallait un président au Salon, car on sentait que Xebirga était fait pour durer.

Je dirige ce groupe de travail. Nous évaluons les éditions les unes après les autres pour les adapter. Nous nous réunissons cinq fois par an pour traiter des différents thèmes et imaginer un plan d’actions pour la prochaine foire. Celui-ci est soumis au conseil d’administration de Fedagrim. S’il approuve le plan d’actions, nous avons encore un an pour tout mettre sur pied.

« Agribex est la seule foire agricole nationale avec une approche professionnelle sur l’automatisation et la mécanisation. »

En 2015, nous avions l’ambition d’impliquer les jeunes ; cela n’a pas marché comme prévu. C’était le début… Cette année, le Xebirga jeune lance « Agribe-X-Tractor », un concours de « beauté » pour tracteurs. Le tracteur, c’est assez symbolique. Les jeunes ont rassemblé d’autres jeunes du secteur pour échanger et faire avancer des idées.

2015, année de changements

  Quelles ont été les premières réalisations de Xebirga en 2015 ?

S.F. : Ce fut d’abord la redistribution des emplacements dans le Salon et l’introduction des îlots thématiques. Ces modifications ont été approuvées par le secteur et elles seront poursuivies. Certes, les exposants ont réagi de deux façons différentes. Mais la grande majorité a réagi positivement. Les îlots thématiques ont été une réelle réussite. L’initiative est renouvelée en 2017. Le Workshop Live a connu un formidable succès et est reconduit, avec les mêmes partenaires.

Les îlots thématiques ont connu le succès en 2015. L’expérience est donc renouvelée cette année.
Les îlots thématiques ont connu le succès en 2015. L’expérience est donc renouvelée cette année.

  Le secteur Parc & Jardin, situé dans le palais 8, a vu passer moins de monde…

S.F. : C’est exact. Cette remarque est venue des exposants qui se trouvaient en 2013 le long de l’allée principale. Mais voir moins de visiteurs ne signifie pas avoir moins de ventes.

Attirer les visiteurs belges et étrangers

  Quel était le profil des visiteurs en 2015 ?

S.F. : D’après nos enquêtes, il y avait 74 % de Flamands et 23 % de Wallons. On sait que les agriculteurs wallons sont moins nombreux que les flamands. La proportion éleveurs/cultivateurs est aussi différente. C’est un fait que les Ardennais se déplacent moins facilement. Il n’empêche que nous essayons de les attirer aussi chez nous.

Nous nous intéressons aussi aux régions frontalières, c’est-à-dire le sud des Pays-Bas et le nord de la France. Aucune foire n’est organisée dans ces régions et on peut visiter Agribex en une journée. Ce n’est pas le cas d’Agritechnica, à Hanovre (Allemagne), qui est à la fois éloignée et coûteuse.

En 2015, nous avons mené un sondage, et les visiteurs nous ont donné une cote moyenne de 7,7/10. Les exposants ont donné une cote de 6,6/10. Le visiteur est plus facile à sonder parce qu’il évalue la foire sur l’instant. Ce n’est pas le cas des exposants qui font un jugement sur les retours directs. Mais les ventes peuvent parfois avoir encore lieu des mois après la clôture du salon.

70 éditions, autant d’évolutions

  Que peut-on attendre d’Agribex 2017 ?

S.F. : Les changements seront moins nombreux ou moins spectaculaires qu’en 2015. Une modification importante : les palais 1 et 3 seront inaccessibles au public durant le premier jour, la journée professionnelle pour les entrepreneurs et les concessionnaires. C’est là que le Brussels Livestock Show se déroulera.

« En dispersant les marques de tracteurs, on évite l’impression d’écrasement pour le visiteur. »

Certains exposants voudraient qu’on supprime le dimanche. Ce n’est pas encore à l’ordre du jour. D’ailleurs, la grande majorité n’est pas pour, et certainement pas le secteur Parc & Jardin. Agribex n’est pas seulement informatif. C’est un événement et une grande fête du secteur. Et je trouve cela très important.

  Nous sommes à présent à la 70e  édition du Salon ; quelles évolutions avez-vous observé ?

S.F. : L’évolution a été invraisemblable. Agribex est le nom récent de ce qui était avant la Semaine Internationale de l’Agriculture, dite encore Salon International de l’Agriculture. Autrefois, il y avait des jumpings et des concours de chevaux. Aujourd’hui, l’élevage et les concours bovins sont devenus plus importants. Le Salon s’est profondément professionnalisé et a évolué vers une foire de la technique et de la mécanisation. C’est évidemment le cas pour les tracteurs et les machines, mais aussi en construction d’étables, mécanisation de l’élevage, ainsi que dans le secteur Parc & Jardin.

Autre fait, la foire durait plus longtemps et comptait même deux week-ends. En 2005, on est passé de février à décembre, la durée de la foire a été raccourci et le premier jour a été transformé en journée professionnelle.

«Ce qui est remarquable dans le secteur agricole, c’est que le métier est exercé avec passion.»

Une chose qui me frappe, c’est l’évolution dans les stands. Ils sont de mieux en mieux réalisés. Fedagrim a lancé un concours pour qu’on y fasse attention. Les stands sont plus beaux et c’est tout bénéfice pour l’image de marque. Avant, on reconnaissait l’importateur, aujourd’hui, on reconnaît la marque.

À l’occasion de la 70e  édition, nous lançons une bière, l’Agribex Triple. Le brassin est réalisé, évidemment, uniquement à base d’ingrédients d’origine belge.

  Comment voyez-vous Agribex au milieu des autres foires, d’autant qu’elles se succèdent à un rythme assez rapide ?

S.F. : Agribex est la seule foire agricole nationale avec une approche professionnelle sur l’automatisation et la mécanisation. Nous y tenons absolument. On pourrait parler d’une saturation dans l’offre de foires, mais nous constatons que le Belge y va volontiers et y achète. Les firmes y tiennent beaucoup, car il y va de leur résultat commercial. Les pics de vente restent concentrés autour des foires, peut-être moins qu’avant, mais la participation aux foires reste importante. À Agribex, nous avons déjà remarqué que des firmes qui avaient fait l’impasse étaient revenues deux ans plus tard.

Rapprocher consommateurs set agriculteurs

  Quels sont les sujets spécifiques à votre domaine, et qui peuvent tracasser aussi Fedagrim ?

S.F. : On a un problème commun dans le secteur de la mécanisation : les concessionnaires éprouvent des difficultés à trouver suffisamment de main-d’œuvre qualifiée, et en plus, de maintenir sa formation à un niveau élevé. En outre, la motorisation des machines va très vraisemblablement changer dans l’avenir. Nous sentons que la politique internationale n’apprécie pas vraiment le moteur diesel. Le secteur agricole cherche d’autres moyens d’animation des tracteurs et des machines. Il y a une évolution vers le moteur électrique. Cela bouleversera notre secteur. S’il en est ainsi, la connaissance des moteurs diesel va s’orienter vers le moteur électrique.

  Comment voyez-vous le climat économique dans le secteur ?

S.F. : J’ose dire qu’il est heureux qu’il y ait eu un rebond des prix pour l’élevage laitier cette année. Le secteur porcin n’a quant à lui pas vécu une année dramatique. En grandes cultures, les rendements sont bons cette année, mais le prix n’y est pas, et pas seulement en pommes de terre. Le secteur qui souffre beaucoup, c’est l’élevage bovin viandeux.

Fedagrim a donc pris l’initiative de rapprocher le consommateur et l’agriculteur. Notre message est clair : nous ne devons pas cesser de manger de la viande et des produits animaux. Les humains sont des omnivores. Quel sens y a-t-il à ne manger que des plantes et ensuite prendre des compléments pour rester en bonne santé ? Je suis partisan de manger un peu de tout, et surtout de savoir d’où vient le produit que je consomme.

« Nous devons vivre avec l’agriculteur, pas en l’exploitant ! »

L’agriculteur fait un magnifique métier, de magnifiques produits. On ne peut pas le laisser tomber. L’agriculteur est finalement la victime du changement d’habitudes alimentaires des consommateurs. Nous devons être conscients que beaucoup de choses vivent autour de l’agriculture et avec l’agriculteur, mais cela ne doit pas être au détriment de ce dernier.

D’après T.D

A lire aussi en Agribex

Agribex se termine par un appel à plus de coopération

Agribex La 70e  édition d’Agribex a refermé ses portes ce 10 décembre après avoir accueilli plus de 100.000 visiteurs, un chiffre en légère baisse par rapport à 2015 qui satisfait néanmoins les organisateurs. Ces derniers ont d’ailleurs profité de l’événement pour appeler à davantage de collaboration entre l’État fédéral et les Régions en vue de rendre à nouveau l’agriculture belge durable.
Voir plus d'articles