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Premières estimations économiques: après les affres de l’an dernier, du mieux en 2017, mais pas pour tous

Sur la base des premières estimations des comptes économiques de l’agriculture belge réalisées par la Direction générale Statistique pour l’année en cours, le secteur agricole voit sa valeur ajoutée nette se rétablir, après une année 2016 particulièrement difficile.

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Si les betteraves, le lait et les œufs tirent la valeur de la production nettement vers le haut, par contre, malgré une bonne production, les pommes de terre plongent à cause d’un effondrement des prix. Les légumes s’affichent aussi en recul à la suite de baisses importantes de prix pour quelques productions importantes, telles que la tomate. On pointera encore la hausse du coût global des consommations intermédiaires principalement due à l’augmentation du prix de l’énergie.

Reprenons tout cela en détail. Après deux années très mauvaises (2014 et 2016) et une année moyenne (2015), cette année 2017 est marquée par une remontée de la valeur ajoutée nette du secteur agricole (+21,3 %). Cette valeur ajoutée, telle qu’elle est prévue, est supérieure de 6,8 % par rapport à la moyenne 2012-2016. Si on ne tient pas compte des amortissements, la valeur ajoutée brute augmente de 13,8 % par rapport à l’année précédente.

Les consommations intermédiaires (frais spécifiques – y compris les intrants produits sur l’exploitation – et frais généraux, découlant de la production de l’année comptable) devraient augmenter (+3,3 %), surtout suite à une hausse significative du coût de l’énergie (+13 %). Mais la valeur de la production totale devrait connaître une croissance plus importante (+6,2 %), surtout due à la progression de la valeur des productions animales (+12,7 %).

La figure 1 illustre l’évolution de la valeur totale de production, des consommations intermédiaires et de la valeur ajoutée nette exprimée en millions d’euros.

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La pomme de terre en souffrance

Parmi les cultures, ce sont les pommes de terre qui connaissent l’évolution la plus marquée, avec une baisse de la valeur de -32 %. Pourtant, la production a été très bonne, grâce à une augmentation très nette des superficies emblavées et des rendements corrects. Mais c’est toute la production européenne qui est en hausse et les prix ont été en chute libre après les premières récoltes. Même en tenant compte des contrats pour lesquels les prix sont plus stables et amortissent la chute des prix sur le marché libre, on s’attend à une baisse des prix de près de -50 %. Au final, la valeur de la production devrait diminuer d’environ un tiers par rapport à l’année précédente.

Les céréales

dans l’expectative

À l’opposé, les céréales, et particulièrement le blé, voient la production augmenter. La période de sécheresse du printemps et du début de l’été a été très propice aux rendements, et donc malgré une baisse des superficies, la production est de 27 % supérieure à la campagne précédente. Les prix ont progressé légèrement vers le haut, mais sont actuellement orientés vers le bas. Au vu de cette évolution récente, si elle se confirme au cours de cette campagne, la valeur de la production en céréales devra peut-être être revue à la baisse.

Les betteraves « surperforment »

Toujours parmi les productions végétales, il faut encore noter la progression des betteraves. Après une longue période de baisse, les emblavements ont été plus importants en 2017 qu’en 2016 (+ 12,4 %). Les rendements ont également été excellents (autour de 96 t/ha), avec une bonne richesse en sucre. La production a donc bondi de près de 45 %. Concernant les marchés, 2017 est une année charnière, avec l’abandon des quotas et l’alignement du prix aux planteurs sur le marché mondial de sucre. Il y a encore beaucoup d’incertitudes, mais on s’attend à une diminution du prix, notamment parce que la production est également en nette hausse dans les autres pays européens. Globalement, la valeur de la production devrait quand même augmenter d’environ 30 %.

Pommes et poires… en compote

Évolution inverse pour les fruits (pommes et poires) où l’on observe une baisse très nette de la production (surtout pour les pommes qui ont particulièrement souffert de la courte période de gel en avril), partiellement compensée par une progression des prix. Au final, la valeur de la production devrait diminuer de -20 %.

Des productions animales soutenues par le lait et les œuf

Du côté des productions animales, il faut mentionner deux spéculations qui montrent des résultats beaucoup plus encourageants que ceux de l’année passée (qui, il est vrai, avait été très mauvaise pour l’une comme pour l’autre) : il s’agit du lait et des œufs. Du côté du lait, tant la production que les prix connaissent une évolution très nettement à la hausse. En ce qui concerne les prix, la reprise amorcée au cours de la deuxième moitié de l’année passée s’est confirmée, et une nouvelle tendance à la hausse s’observe depuis la moitié de l’année. La production connaît une légère hausse, comme en 2016.

La figure 2 présente l’évolution des volumes, prix et valeurs des productions.

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Du côté des œufs, la production a chuté (on estime la baisse à -5 %), ce qui est certainement lié à la crise du Fipronil. Par contre, les prix ont augmenté, particulièrement à partir du mois de septembre. Au mois d’octobre, le prix moyen a atteint un niveau quasiment double de celui observé en juillet. La prévision pour 2017 est estimée à près de 47 % de hausse sur l’ensemble de l’année par rapport à 2016. La valeur totale de la production augmenterait dans ce cas de 40 %. Mais il faut rappeler que l’année précédente avait été extrêmement médiocre. Si on compare 2017 avec la moyenne de la période 2012-2016, la valeur de la production reste inférieure à la moyenne.

Notons encore pour les productions animales l’évolution positive des prix pour la viande porcine (+16 % sur l’ensemble de l’année par rapport à 2016). Cela permet à la production de croître de 12,3 % en valeur.

Une année de rattrapage

L’année 2017 peut être considérée comme une année de rattrapage par rapport à l’important creux de l’année précédente sur le plan des revenus. On assiste à des hausses nettes de la valeur totale de la production pour les plantes industrielles (surtout les betteraves), le lait, les œufs, et dans une moindre mesure pour la viande porcine. Il faut noter que pour les céréales et les œufs, la valeur de la production reste malgré tout inférieure à la moyenne des 5 années précédentes. Inversement, pour les pommes de terre, l’année 2017 est celle d’un nouveau plongeon après une très bonne année? conclut la Direction générale Statistique

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