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Sous l’œil expert de l’Irbab, les variétés betteravières dévoilent leurs forces et leurs points faibles

L’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave ausculte chaque année des dizaines de variétés, sous différents angles. Voici les principaux enseignements de l’expérimentation menée en 2017, avec un regard sur les résultats des années antérieures… et une attention particulière sur le comportement vis-à-vis des maladies et ravageurs.

Temps de lecture : 8 min

Les essais portant sur l’étude des variétés ont été mis en place cette année dans les sites de Acosse, Gingelom, Herquegies, Huldenberg, Kortemark, Luttre, Meux, Mévergnies, Nieuwenhove, Obaix, St Maria Lierde, St Amand, Sluizen, Roclenge, Tielt-Winge et Tongeren. Notons que l’examen des rendements des variétés a été réalisé à travers 8 sites d’expérimentation.

Les températures clémentes et l’absence de pluie depuis la mi-mars ont permis de mettre en place les premiers essais dès le 24 mars pratiquement de façon ininterrompue.

2017 sous la loupe

Les levées ont été bonnes et homogènes, pour autant que l’humidité du lit de germination ait été préservée.

Semis et levée facile !

Même si le lit de germination semblait optimal, on pouvait dans certaines terres observer quelques levées « tardives » dans les lignes. Des comptages réalisés dans les essais mais n’ont montré ni effet variétal ni effet de l’enrobage. Un comportement variétal précoce, répétitif entre les sites, peut être constaté. Les variétés LisannaKws, Eucalyptus et BTS8645N se démarquent par un développement juvénile rapide.

Moins de montées

Le nombre de montées est resté relativement faible malgré un nombre élevé de jours vernalisant (jours avec Tºmin < 5ºC) au printemps. Le réchauffement à partir de la mi-mai a permis d’accumuler un grand nombre de jours dévernalisant (Tºmax > 25ºC) en mai et en juin.

Maladies foliaires : attention à la cercosporiose mais aussi la rouille !

On attendait une pression forte et précoce de cercosporiose, mais les conditions se sont montrées plus favorables à la rouille. Ceci a permis de bien caractériser les variétés par rapport à cette maladie, mais surtout de se rendre compte de la faiblesse de beaucoup de nos variétés par rapport à cette maladie, autant que pour la cercosporiose. Un traitement fongicide a été nécessaire fin juillet, début août, mais le redémarrage de la rouille et principalement de la cercosporiose dès le 20 août, a nécessité un second traitement dans les arrachages après le 15 octobre, tout en tenant compte de la sensibilité variétale ! À partir de la mi-octobre, suivant quelques pluies et jours chauds, une explosion de cercosporiose a été observée dans certaines parcelles mal protégées (fongicide et variété !). Plusieurs maladies étant présentes en même temps, une appréciation globale de la « santé du feuillage » a été réalisée en octobre.

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Peu de terre

Les conditions d’arrachage ont été faciles et les betteraves propres pendant la période d’arrachage. La tare terre exportée était de moins de 1 t/ha en début de campagne et jusque 4 t/ha plus tard. La caractéristique variétale a pu être déterminée avec précision dans les essais.

Nématodes : tirer profit de la tolérance

Malgré la température générale basse du printemps, la présence de kystes de nématodes a pu être observée dès début juin. Les fortes chaleurs du 20 juin ont entraîné des flétrissements importants. Les variétés tolérantes ont confirmé leurs résultats tant sur le potentiel de rendement qu’en revenu en faible et forte infestation. Ces variétés ont été semées sur 49 % de la surface en 2017.

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Des rendements très élevés

Les arrachages des parcelles expérimentales ont démarré le 11 septembre dans de bonnes conditions, et se sont terminés le 4 novembre dans des conditions aussi bonnes. Les richesses ont rapidement grimpé lors des premières semaines pour arriver au-delà de 20ºS. Le tonnage était déjà élevé en septembre, mais a atteint des records de 130 tonnes nettes par ha. Le rendement en sucre évoluait de 17 tonnes pour les premiers arrachages à 25 tonnes de sucre dans les parcelles les plus productives.

Comportement à l’égard du rhizoctone brun…

Les essais mis en place pour vérifier la résistance au rhizoctone brun ont permis de confirmer la bonne résistance de la variété BTS180. Parmi les nouveautés, les variétés UrselinaKws et Voltaire ont montré un potentiel de production intéressant et une bonne résistance à la pourriture.

... et de la rh izomanie

Quelques parcelles sont touchées par une souche variante du virus de la rhizomanie. La variété Sympatica (possédant une résistance additionnelle rz2) testée en 2015 a montré une bonne résistance face à cette forme du virus. Elle est la seule variété recommandée dans cette situation.

Performances des variétés tolérantes au nématode en terre infestée

Le choix en faveur d’une variété tolérante au nématode à kyste Heterodera schachtii est impérative dans toute parcelle infestée par celui-ci. Au-delà de 150 œufs + larves par 100 g de sol, les pertes de rendement peuvent être de plusieurs pourcents, perte limitée par l’utilisation des variétés tolérantes au nématode. L’effet des variétés tolérantes est d’autant plus intéressant que l’infestation est forte, même si cette infestation se situe dans les couches plus profondes (en dessous de 30 cm). Plusieurs variétés tolérantes au nématode possèdent déjà un potentiel de rendement qui permet de les recommander en situation classique (figure 1).

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La détection de nématodes se fait par des analyses de sol, mais encore mieux par des observations réalisées lors de la culture de betterave précédente. Certains symptômes sont indicateurs de cette présence : jaunissement du feuillage avec une carence en magnésie, flétrissement par ronds, kystes blancs sur les radicelles de betteraves, rendements racines faibles.

Les variétés tolérantes au nématode à kyste peuvent toujours multiplier le nématode pendant la culture, et d’autant plus que l’infestation au semis est faible. Mais cette multiplication restera réduite par rapport à la multiplication mesurée avec des variétés de type rhizomanie !

Performances des variétés en situation classique

Toutes les variétés ont été testées dans des situations classiques sans problème particulier connu afin de comparer le potentiel de rendement et d’établir les caractéristiques variétales. Dans cette situation, le choix de la variété s’orientera préférentiellement vers les caractéristiques intrinsèques qui forment le rendement plutôt que vers le type de variété « rhizomanie », « tolérante au nématode » ou « résistante au rhizoctone brun ».

En plus du potentiel financier de la variété, la tolérance aux maladies, la levée au champ, la sensibilité à la montaison sont des facteurs pouvant guider dans le choix de l’une ou l’autre variété.

Le regroupement pluriannuel des essais classiques (figure 2) donne une meilleure idée du comportement global de la variété sous l’influence des années différentes par leur climat, pression des maladies et autre.

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Résistance au rhizoctone brun

Avant de faire le choix pour une variété résistante au rhizoctone brun, on s’assurera d’avoir étudié les facteurs de risque présents sur la parcelle, à savoir :

– une rotation (fréquente) avec du maïs, surtout maïs grain. L’incorporation de matière non digérée est un facteur aggravant ;

– défaut de structure du sol, suite aux récoltes effectuées dans des conditions humides, même au cours des 5 dernières années ;

– présence de rhizoctone brun identifié sur la parcelle.

L’utilisation d’une variété résistante n’exclut pas la présence de betteraves pourries mais l’atténue fortement. Notons que potentiel de rendement et résistance sont souvent inversement liés, il s’agira de choisir le bon niveau de résistance. « Les variétés résistantes n’offrent pas de solution si elles ne s’accompagnent pas de mesures agronomiques adéquates : rotation, respect de la structure du sol, pH optimal et fumure raisonnée ».

Tolérance aux maladies foliaires

Les dernières années nous ont servi de leçon : tenir compte de la sensibilité des variétés aux maladies tient du bon sens (figure 3). Cette « santé du feuillage » s’est avérée très utile tant en 2014 que 2016, et même en 2017, tout en combinant avec l’application fongicide.

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Associée à la protection fongicide, la résistance variétale est une composante essentielle de la lutte intégrée et doit assurer un feuillage sain tout en réduisant le risque d’apparition de résistance aux fongicides. Plus l’arrachage sera tardif, plus la résistance aux maladies doit être prise en compte pour garantir le maintien du potentiel de production de la parcelle.

Parmi les maladies foliaires, la cercosporiose est certainement la plus dommageable. Choisir une variété plus résistante, principalement à la cercosporiose est d’autant plus important que :

– la rotation en betterave est courte ;

– la parcelle semée est voisine d’une parcelle contaminée par la cercosporiose ;

– la récolte est tardive.

Mais en 2015 et 2017 la rouille a également montré qu’elle pouvait détruire le feuillage en fin de saison. Pour cette raison, une appréciation « globale de la santé du feuillage » est maintenant reprise dans la description variétale.

Stabilité des variétés

On entend par stabilité d’une variété, les différences de rendement en sucre (figure 4a) et de richesse en sucre (figure 4b) obtenus par la variété entre les années d’étude. Cette (in)stabilité peut être due à un changement de la composition variétale elle-même (stabilité génétique), mais aussi de l’influence de l’année (climat, levée, maladies…) sur le comportement de la variété (stabilité agronomique). Si le changement génétique n’est pas autorisé, la stabilité agronomique est un facteur qui a son importance.

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D’après André Wauters

, Irbab

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