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2018: prêts pour le grand huit?

Dix-huit ans ! Le vingt-et-unième siècle a désormais atteint l’âge de la majorité, à défaut sans doute d’avoir mérité celui de la maturité, car l’époque où nous vivons se complaît dans l’adolescence, boutonneuse et chahutée, mal dans sa peau et caractérielle. L’année 2017, comme les précédentes, a été marquée par mille et une violences à travers le monde : terrorisme, guerres, déplacements de population, racisme…

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Comme le dit la chanson : «  Pour faire un homme, mon dieu que c’est long…  ». Des catastrophes naturelles ont apporté leurs lots de souffrances et de misères : cyclones, tremblements de terre, famines, épidémies… Tous ces faits d’une triste banalité se répètent jour après jour, mois après mois, année après année, et sont compilés dans les livres d’Histoire, mémoire des peuples amnésiques et fatalistes.

Bien entendu, chacun d’entre nous se construit son propre ressenti. Qu’avons-nous retenu de l’année 2017 ? La sécheresse du printemps ? La reconduction du Roundup ? La dégradation des marchés de la viande et des céréales ? La volonté d’une Wallonie « zéro produits phyto » ? Les délires bureaucratiques des administrations agricoles ?

Voyons, voyons ! Loin de ces basses considérations paysannes, prenons un peu de la hauteur, voulez-vous, et penchons-nous sur nos frères humains ! Une féministe vous dira : 2017 a vu une avancée dans la lutte pour l’égalité des genres et contre les violences et injustices faites aux femmes. Nos mères, nos sœurs et nos filles ont balancé leurs porcs sur les réseaux sociaux, dénoncé les comportements machistes et autres agissements détestables, trop facilement pardonnés aux hommes. D’autres retiendront pour 2018 les errements de la politique internationale, la menace des dictateurs fous et des présidents agités du bocal, la faiblesse des réponses apportées au réchauffement climatique, la toute-puissance de la grande finance et des sociétés multinationales, les vraies maîtres du monde…

La mainmise de ces méga-trusts concerne notre agriculture au premier chef ! Ce sont eux qui mènent la danse, décident des prix, tracent les grandes lignes de notre avenir, pour tirer un profit sans cesse croissant de notre activité et de tout ce qui en découle. Conduite de manière optimale, l’agriculture mondiale pourrait produire sans problème de quoi nourrir douze milliards d’êtres humains. Elle alimente de façon correcte moins de la moitié de ce chiffre, à l’heure d’aujourd’hui ! Un milliard de miséreux ne mangent pas à leur faim, tandis qu’un autre milliard de nantis s’empiffrent à s’exploser la sous-ventrière. Ce scandale international n’émeut plus grand monde ; les gens d’ici préfèrent se donner bonne conscience en lançant des opérations médiatiques pour les enfants « vivant sous le seuil de pauvreté », bien de chez nous ceux-là…

Il suffirait d’un peu plus de bonne volonté, d’un peu moins d’égoïsme, de moins d’avidité et d’un peu de bon sens, pour obtenir un partage équitable, un moindre gaspillage des denrées alimentaires. Les grands défis de ce genre-ci ont été occultés lors de l’année défunte par des actions ponctuelles du style « tournée minérale », ou « quarante jours sans viande ». Ah ! La viande !! Que n’a-t-elle été honnie, vilipendée, vouée aux gémonies au cours de cette année 2017 ! L’élevage bovin viandeux est devenu le baudet de la fable, désigné coupable par les animaux malades de la peste : coupable des changements climatiques, gaspilleur de ressources, accapareur d’aides financières PAC… Son cercle vicieux tourne de plus en plus vite, qui l’entraîne vers un avenir des plus incertains et des plus noirs.

2018 va-t-il apporter quelques baumes au cœur des agriculteurs malmenés ? Les bons vœux de Nouvel An nous souhaitent le meilleur : « Joie, santé, bonheur, prospérité », à prendre dans l’ordre ou le désordre. Les belles formules déclamées avec foi au seuil de l’An Nouveau vont-elles cette fois se réaliser, ou resteront-elles de vains mots ? Chacun croit à leur force incantatoire et les répète à l’envi autour de lui, pour exorciser la peur du lendemain, pour un peu forcer le destin et se donner l’espoir fou en de jours meilleurs…

Qui vivra verra… L’année 2018, comme toutes celles qui l’ont précédée, promet d’être « décisive » – comme disent les médias – dans les grands choix de demain. Que va devenir la PAC ? Notre agriculture est embarquée sur le train d’un « grand huit », sur le toboggan de la mort avec ses montagnes russes et la traversée de la rivière sauvage… Accrochez-vous, ça va secouer !!

Permettez-moi de vous souhaiter des milliers de petites joies en 2018 ! Récoltez-les avec application. Mises bout à bout et entrelacées, elles tisseront pour vous la trame du bonheur…

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