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Le marché européen des produits laitiers dans l’expectative!

Le recul des fabrications, alors que la demande est dynamique sur le marché domestique et plus encore à l’exportation, a permis un redressement sensible des cours des matières grasses qui semble se tasser cet hiver. Parallèlement, une demande toujours convalescente et les stocks abondants empêchent une franche remontée des cours des protéines laitières.

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A près avoir privilégié les fabrications de beurre et poudre maigre pour stocker les surplus de lait, l’UE se recentre sur les fabrications de fromages et poudres grasses.

Très dynamiques en début d’année, les fabrications européennes de beurre et surtout de poudre maigre ont fléchi depuis juin et ont même décroché depuis septembre : -7 % par rapport à 2015 pour le beurre en septembre et octobre et -14 % pour la poudre maigre. Elles étaient très en retrait en Allemagne et en France, principaux producteurs européens, ainsi qu’en Pologne, au Royaume-Uni et en Belgique.

L’Union européenne a en revanche produit davantage de poudres grasses en septembre et octobre : +2,5 % vis-à-vis de 2015. Ces fabrications supplémentaires sont essentiellement le fait des Pays-Bas (+16 %) et du Danemark (+26 %).

Les fabrications de fromages se sont globalement maintenues sur septembre-octobre. Elles ont sensiblement reculé chez les deux leaders : -6 % en France et -4 % en Allemagne, où la collecte laitière a chuté, mais a progressé de près de 2 % en Italie, aux Pays-Bas et en Pologne et de 7 % au Danemark.

Enfin, les fabrications européennes de lait et crème de consommation ont reculé de 2 % sur septembre-octobre alors que celles de laits fermentés ont progressé de 2 %.

Si l’UE a tiré son épingle du jeu sur le marché international des matières grasses, la production peine à se maintenir compte tenu du repli marqué de la collecte européenne.

Hausse pour les fromages ingrédients

Avec des fabrications en légère hausse sur 10 mois, les expéditions vers pays tiers ont augmenté de 13 % grâce à une demande en hausse chez l’ensemble des principaux importateurs (Japon, Russie, USA, Mexique, Australie, Chine, Suisse) à l’exception de la Corée du Sud. Le commerce intra-communautaire de fromages a quant à lui progressé de 5 % par rapport à 2015, tiré à la fois par cette augmentation des envois sur le marché mondial et par une agressivité commerciale renforcée alors que la demande européenne est plutôt dynamique.

Tous les grands producteurs européens ont accru leurs ventes sur le marché mondial, mais pour certains au détriment de leurs échanges au sein de l’UE. La France a ainsi expédié 5 % de volumes supplémentaires vers les pays tiers (+4.000 t) mais ses exportations nettes (exportations-importations) au sein de l’UE ont chuté de 22 % (-40.000 t). Même constat pour l’Allemagne : +24 % exportés sur pays tiers (+19.000 t) mais balance commerciale intra-communautaire en baisse de 6 % (-17.000 t). En revanche, les Pays-Bas et le Danemark ont progressé sur les deux tableaux : respectivement +4 et +22 % sur pays tiers et +19 et +23 % d’exportations nettes au sein de l’UE. L’Italie a également accru ses ventes sur pays tiers (+9 %) tout en réduisant son déficit commercial avec l’UE (-3 %).

La demande plutôt vive, aussi bien dans les pays producteurs que chez les importateurs alors que les disponibilités se tassent, a permis aux cours européens des fromages de se redresser depuis l’été. Mais cette hausse a quelque peu marqué le pas en décembre pour le gouda, l’edam et le cheddar. Elle s’est en revanche poursuivie pour l’emmental et les grandes AOP italiennes .

Le cours du beurre se tasse en Europe

Les échanges intra-européens ont été vifs sur les 9 premiers mois de l’année (+7 % par rapport à 2015 à 559.000 t). Par ailleurs, la demande internationale et la dépréciation de l’euro ont boosté les exportations vers les pays tiers (+36 % à 133.000 t sur 9 mois) en particulier vers la Méditerranée et le Moyen-Orient mais aussi vers la Chine et les États-Unis. Les envois ont toutefois ralenti en octobre (-9 % à 10.000 t) par manque de disponibilités.

Les stocks aidés européens ont ainsi fondu depuis l’été de 102.000 t fin juillet à 39.000 t fin novembre.

Le dynamisme du marché du beurre a surtout profité aux Pays-Bas : +24 % exportés au sein de l’UE (130.000 t) et +52 % exportés vers pays tiers (27.000 t) alors que les importations n’ont progressé que de 3 % (3.000 t). L’Irlande a plutôt moins exporté au sein de l’UE, mais elle a expédié 70 % des volumes supplémentaires sur pays tiers (30.000 t sur 10 mois) talonnant la France (33.500 t, +12 %). Cette dernière manque de disponibilité et son déficit commercial s’est nettement creusé avec les pays européens (+11 % à -84.000 t).

La baisse des disponibilités et la demande internationale dynamique, couplée à la baisse de l’euro, ont permis une nouvelle hausse du pri x du beurre européen exporté sur le marché mondial (+5 % en un mois à 4.315 €/t en décembre). Toutefois, les cotations n’ont que peu progressé voire stagné au sein de l’UE. Après l’envolée des mois précédents, elles se situent tout de même entre 30 et 55 % au-dessus de leur niveau de fin 2015 d ans les principaux États membres producteurs.

Les protéines sous pression

Malgré le net recul des fabrications, l’équilibre offre/demande semble tout juste retrouvé car la demande n’est pas au rendez-vous. L’ensemble des principaux acheteurs internationaux ont réduit leurs achats par rapport à 2015 à l’exception du Mexique, au 1er rang des acheteurs mondiaux, ainsi que des Philippines et de la Russie qui accèdent au 3e et 4e rang juste derrière la Chine.

Ce sont surtout les exportations européennes qui ont reculé : -17 % sur 10 mois. Ceci notamment en raison de la mise à l’intervention de près de 325.000 t de poudre maigre entre janvier et août, mais les envois restent ralentis depuis lors. La France, 1er exportateur européen sur pays tiers, n’a réduit ses envois que de 5 % quand les envois allemands, belges, néerlandais et polonais ont reculé de 17 à 30 %. C’est notamment parce qu’elle a à la fois moins exporté (-26 %) et davantage importé (+16 %) au sein de l’UE.

Le redressement des cours reste très lent. Le prix de la poudre maigre exportée depuis l’Europe progresse régulièrement depuis avril et a encore gagné 7 % en décembre à 3.160 €/t mais il n’est que 22 % au-dessus du prix bas de fin 2015. Par ailleurs, les cours de la poudre maigre au sein de l’UE flottent quelque peu. Après avoir fléchi en novembre, les cotations française et allemande n’ont fait que retrouver en décembre leur niveau d’octobre (respectivement 2 135 et 2.090 €/t).

Ainsi, si la Commission avait affiché la volonté de remettre en marché une partie des stocks d’intervention, seules 3.500 t ont effectivement été vendues sur octobre et novembre et l’ensemble des stocks (privés aidés et intervention) comptaient encore 425.000 tonnes fin novembre.

D’après Tendances Lait et viande (Idèle)

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