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Pour s’assurer une correcte rémunération, les producteurs créent leur propre label (vidéo)

Dernier-né dans le paysage agricole wallon, le label « Prix Juste Producteur » est destiné à guider les consommateurs tout au long de leurs achats. En effet, nombre d’entre eux se disent sensibles à œuvrer pour une correcte rémunération des agriculteurs mais ne savent pas toujours comment y parvenir. Grâce à ce label, fruit d’un travail de longue haleine du Collège des producteurs, ils pourront facilement joindre l’acte à la parole.

Temps de lecture : 4 min

Voici un an, le Collège des producteurs a interrogé 1.000 consommateurs en vue de connaître le niveau d’importance qu’ils accordaient à la rémunération des producteurs wallons. Et de constater que 60 % des sondés se disaient prêts à privilégier les produits assurant une juste rémunération aux agriculteurs et agricultrices de la Région. « Face à un tel constat, nous ne pouvions rester bras croisés. Un tel soutien ne peut s’ignorer », insiste Emmanuel Grosjean, coordinateur dudit Collège.

Décision a donc été prise de réunir les producteurs, les transformateurs, la grande distribution, les consommateurs et des acteurs du commerce équitables en vue de définir un cahier des charges s’articulant autour du « prix juste ». De ce cahier a découlé un label « Prix Juste Producteur ». « Apposé sur des produits commercialisés à la ferme ou en grandes surfaces, il atteste que l’agriculteur a été correctement rémunéré tout au long du processus de production », explique-t-il.

Guider les relations commerciales

Le cahier des charges sur lequel repose le label est composé de 14 critères. Ceux-ci se regroupent en quatre axes.

Emmanuel Grosjean : « Le label « Prix Juste Producteur » permet de favoriser les relations équitables entre l’agriculteur et son premier acheteur ».
Emmanuel Grosjean : « Le label « Prix Juste Producteur » permet de favoriser les relations équitables entre l’agriculteur et son premier acheteur ». - J.V.

Tout d’abord, les producteurs doivent se rassembler en un groupe au sein duquel seront, notamment, discutées la politique tarifaire et la planification de la production. « Et ce, en toute démocratie ! ». Ces critères ne s’appliquent pas en cas de vente directe aux consommateurs, à la ferme par exemple.

Deuxièmement, les coûts de production – y compris le salaire du producteur ! – doivent être respectés par le premier acheteur lors de toute transaction. En outre, ce dernier s’engage à respecter un délai de paiement court. Emmanuel Grosjean : « La qualité de la production doit également être prise en compte dans le calcul du prix d’achat ».

« Le prix de vente doit être basé sur les coûts de production, y compris le salaire de l’agriculteur ! »

En troisième lieu, un contrat formalise les relations entre le groupe d’agriculteur et leur premier acheteur. Il assure la transparence des relations et porte sur la durée de l’engagement (trois périodes de 1 an suivies de périodes de 3 ans minimum).

Le quatrième et dernier axe assure quant à lui l’indépendance des producteurs vis-à-vis des autres acteurs de la chaîne alimentaire. D’une part, ils restent libres de travailler selon le mode de production qui leur convient. D’autre part, toute forme d’exclusivité commerciale est proscrite. « Cet axe intègre encore des notions de traçabilité et d’origine des produits labellisé. »

Obtenir le label

Tout producteur (vente à la ferme) ou groupe de producteurs (vente en grande distribution) désireux de bénéficier du label « Prix Juste Producteur » peut en faire la demande auprès de l’asbl Socopro (Services opérationnels du Collège des Producteurs). L’asbl établira alors une proposition pour l’agriculteur qui, de son côté, s’engagera, entre autres, à respecter le cahier des charges et accepter les audits prévus.

Un logo facilement reconnaissable permettra d’identifier en un coup d’œil les produits labellisés «
Prix Juste Producteur
».
Un logo facilement reconnaissable permettra d’identifier en un coup d’œil les produits labellisés « Prix Juste Producteur ».

En vue de rendre le service peu coûteux, les audits seront effectués par la Socopro. Elle-même sera contrôlée par un organe de certification indépendant garantissant son impartialité et son professionnalisme. « D’autres cahiers des charges pourront intégrer la labellisation « Prix Juste Producteur » au travers d’accords avec la Socopro afin de limiter le nombre d’audit en ferme », ajoute M Grosjean. L’accès au label sera gratuit jusqu’en septembre 2018. Ensuite, une participation au frais sera sollicitée.

Plus de 400 producteurs ont manifesté leur intérêt pour la labellisation de leurs produits dans une quinzaine de filières (volaille, viande de porc, fruits et légumes, lait…). Le Collège des producteurs s’est fixé pour objectif de rendre ceux-ci disponibles en magasins dès la seconde moitié de l’année 2018.

J.V.

Infos : www.prixjuste.be

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