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Au verger, une nouvelle année commence!

L’allongement des journées nous indique qu’un nouveau cycle végétatif commence dans le verger. Après une année 2017 où les productions fruitières furent (très) déficitaires en fonction de l’endroit et selon les espèces, on doit espérer que 2018 sera plus favorable, et il convient de mettre tout en œuvre pour qu’il en soit ainsi.

Temps de lecture : 7 min

Avant le démarrage de la végétation, qui se situe généralement en mars, une série de travaux doivent mettre en condition les arbres et arbustes, ainsi que le sol. On portera également son attention à l’environnement immédiat du verger afin d’y générer un microclimat favorable. Ce sera également le moment d’effectuer les dernières plantations.

Les plantations nouvelles, qu’elles aient été réalisées avant ou après l’hiver, devront faire l’objet de soins particuliers au cours des deux ou trois premières années, qui correspondent à la phase juvénile. Nous les envisagerons dans un prochain article.

La taille : de l’air et de la lumière s.v.p. !

Quels que soient l’espèce cultivée et le mode de conduite choisi, il faudra toujours veiller à ce que l’intérieur de la couronne soit bien éclairé et bien ventilé.

Fréquemment, on constate que la taille hivernale pratiquée dans les jardins d’amateurs n’est pas suffisamment sévère : cela peut s’expliquer par le fait qu’en hiver, les plantes sont dépourvues de feuilles. La couronne paraît peu dense, mais une fois que le feuillage se sera développé, elle formera une masse dense qui intercepte la lumière et l’air. Il en résulte une mauvaise croissance à l’intérieur de celle-ci et un dégarnissement des branches.

De plus, sur des arbres conduits en buisson, un développement en largeur excessif de la partie supérieure de la couronne aboutit à la formation d’un véritable parasol, avec les mêmes conséquences défavorables.

Tailler régulièrement !

Chez les arbres basse-tige et les arbustes à petits fruits, une taille hivernale doit être réalisée chaque année, et elle sera complétée par des interventions d’été, tandis que sur des arbres haute-tige adultes, il est envisageable de n’intervenir qu’un an sur deux. Un intervalle plus long entre deux tailles aurait pour conséquence la formation de plaies plus grandes dont la cicatrisation demandera davantage de temps.

Sur des arbres conduits en buisson ou en fuseau, l’intervalle qui sépare deux branches fruitières qui se superposent doit être d’au mois 30 cm (soit deux fois la longueur d’un sécateur !). Elles seront débarrassées de toutes les brindilles dirigées vers le haut, et de toutes les petites pousses trop retombantes. La longueur totale des charpentières conservées sera plus grande dans le bas que dans le haut de la couronne. Ainsi après la taille, les fuseaux auront une cime conique, et les buissons une cime globuleuse ou ovoïde.

Afin de favoriser la cicatrisation des plaies de taille, les espèces à noyau seront taillées peu avant le démarrage de la végétation et les plaies devront être enduites d’un produit désinfectant. C’est aussi à ce moment-là que la distinction entre yeux et boutons est possible.

Chez les espèces à pépins, on peut observer dès février un gonflement des boutons alors que les yeux restent très petits ; la distinction devient très facile et la taille sera plus rapide. Comme la cicatrisation des plaies de taille est meilleure que chez les espèces à noyau, on pourra se contenter de ne traiter que les plaies importantes, à condition de ne pas être dans un endroit propice au développement de chancres.

Ne pas négliger les petits fruits

Sur des arbustes à petits fruits conduits en buissons (groseilliers et myrtilles), on constate souvent que le nombre de branches principales issues de la souche est beaucoup trop important, et que leur végétation est déficiente parce qu’elles se gênent mutuellement. Il faut conserver au maximum 10 à 12 rameaux principaux, et veiller à ce qu’ils ne portent que du bois fruitier court disposé en arêtes de poisson. Une longueur de 10 à 15 cm est idéale chez les groseilliers à grappes et 25 à 30 cm chez les groseilliers épineux et les cassissiers. Chez les myrtilles, le bois fruitier porté par les branches principales doit être maintenu intact puisque les boutons se situent vers l’extrémité : en raccourcissant le bois fruitier, on enlève la majorité des boutons !

Chaque année, on peut aussi rajeunir la charpente en supprimant une ou deux branches âgées, et en conservant des rameaux d’un an en remplacement. Le centre des buissons doit être bien dégagé.

Sur des groseilliers à grappes ou épineux à une, deux ou trois branches conduits en haie, on traite celles-ci comme il vient d’être dit, et on élimine toutes les pousses issues de la souche.

Sur les framboisiers d’été, si la taille n’a pas été effectuée juste après la fin de la récolte, toutes les cannes qui ont porté des fruits l’année dernière sont desséchées et à éliminer. Les nouvelles cannes sont maintenues intactes et palissées.

Sur les framboisiers d’automne, tous les rameaux sont rabattus à une dizaine de centimètres du sol. Les souches émettront de nouveaux rameaux vigoureux qui fructifieront à leur extrémité dès la fin de l’été.

Pour la taille des vignes, on attendra la fin de février ou le début de mars, lorsque les risques de gel sévère seront écartés.

Un peu de prophylaxie

Lors de la taille, il est indispensable d’éliminer tout le gui. À cette période, la teinte verte des pousses permet de les repérer facilement. On éliminera aussi les petits fruits momifiés accrochés aux branches qui sont porteurs de moniliose ; ils peuvent rester infectieux pendant toute la saison qui commence.

À ce moment, les chancres développés sur les branches se remarquent aisément, de même que les pousses blanchâtres et les bourgeons infectés par l’oïdium la saison dernière. Les brindilles chancreuses, tavelées ou oïdiées doivent être enlevées et détruites. De même pour les bourgeons terminaux oïdiés. Si possible, les branches importantes portant des lésions chancreuses seront éliminées ; dans le cas contraire, les chancres seront curetés jusqu’au bois sain, puis les plaies seront enduites d’un produit anti-chancre.

Entretenir le sol au pied des fruitiers

S’il reste des feuilles mortes non décomposées au pied des arbres et arbustes, elles devront être ramassées et mises au compost. Chez les pommiers et les poiriers, elles sont porteuses de la forme hivernante de la tavelure et le point de départ des infections primaires de ce printemps.

Tous les arbres greffés sur un sujet porte-greffe nanifiant en vue d’être conduits en basse-tige supportent (très) mal la concurrence de la flore adventice qui se développe à leur pied et qui consomme l’eau présente et les éléments minéraux. Depuis le milieu du 20e  siècle, le désherbage chimique du sol sur une surface qui correspond à la couronne des arbres a été la technique la plus utilisée pour résoudre ce problème. Le retrait d’agréation de quasiment tous les herbicides de sol (par exemple, la simazine), de contact (par exemple, le paraquat) ou systémiques (par exemple, l’amitrole) et les restrictions d’utilisation d’autres produits par les amateurs ont incité à rechercher d’autres solutions : par exemple la pose d’un paillage plastique noir de longue durée (si le terrain est exempt de campagnols !), l’ensemencement par des plantes non concurrentes (comme le trèfle blanc), le désherbage thermique sec ou humide, le travail du sol à faible profondeur (sarclage ou fraisage), ou encore l’épandage d’un mulch de matière organique sèche ou fraîche.

Nourrir les fruitiers

De manière générale, les besoins en éléments minéraux des arbres et arbustes fruitiers sont faibles, ce qui ne signifie pas qu’il faille éluder la question. Dans les sols limoneux ou argilo-limoneux bien structurés et dont le pH est proche de la neutralité, on appliquera en fin d’hiver une fumure organique et minérale qui entretient la fertilité naturelle : de la matière organique compostée (5 à 10 kg/m²) sur toute la surface qui correspond à la couronne des fruitiers, et un engrais composé pour jardins N+P+K+Mg+S pauvre en chlore à la dose conseillée (de 6 à 10 kg par are) qui dépend de sa concentration en éléments fertilisants.

Gérer l’environnement proche

On peut fréquemment constater dans des jardins un éclairement naturel insuffisant. Il est parfois dû à une densité de plantation trop élevée, mais plus souvent à l’ombre portée de haies trop hautes. Ces haies ont des effets favorables (réservoirs d’organismes auxiliaires à qui elles offrent « le gîte et le couvert », atténuation des effets mécaniques du vent, protection des vents froids du Nord et de l’Est, diminution de l’évapotranspiration…), mais aussi des effets défavorables. En effet, en freinant l’écoulement de l’air humide et l’élimination de la rosée, elles accroissent les infections par des maladies cryptogamiques ; en empêchant les mouvements de l’air, elles augmentent l’incidence des gelées tardives.

Le jardinier se trouve donc devant de multiples dilemmes où interviennent aussi la topographie et des soucis esthétiques.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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