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Le Carnaval, et puis… le carême!

Dans nos pays de vieille culture judéo-chrétienne, les anciens savent que le Carnaval, ce n’est pas ducasse toute l’année, c’est le pain blanc avant le pain gris. C’est l’abondance avant l’abstinence. Et ce qui plane aujourd’hui sur les éleveurs, aussi bien pour la viande que le lait, ce n’est pas quarante jours de jeûne, c’est une crise socio-économique dont on ignore la durée.

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Elle ne résulte pas des saintes écritures, qui n’ont d’ailleurs plus guère d’impact. Aujourd’hui, on est chrétien comme on est européen, par naissance, en n’ayant plus besoin d’aller à la messe et à confesse, de se marier à l’église, même plus à la commune, de pécher des noms d’enfant dans le calendrier des saints ni de manger du poisson le vendredi. Autres temps, autres mœurs.

Aujourd’hui, de nouveaux croyants refusent la viande et tout ce qui tourne autour est perçu comme péché. Cela n’aide pas le BBB. C’est psychologique ou sociologique ?

Après la guerre, quand on s’est rué sur la viande, ce sont les margariniers qui se sont fait les apôtres des matières grasses végétales. Au nom de Saint-Choléstérol, il fallait se méfier d’un excès de graisses animales, alors dans l’air du temps. Résultat : ils ont cassé le marché du beurre, et donc des laitiers, d’au moins 50 %. Aujourd’hui, l’huile de palme qu’ils ont porté aux nues est vouée aux flammes de l’enfer.

Allez comprendre ! Heureusement que nous sommes un pays civilisé, qui ne croit plus aux sorciers, et pour qui la Science est la mère de toutes les sagesses… En attendant, pour celui qui cherche à gagner son pain avec l’élevage, c’est galère. À quel saint se vouer ?

Les économistes sont très forts pour expliquer après ce qu’ils n’ont jamais pu prévoir avant. Mais trouver des solutions pour qu’un petit excédent ne cause pas une déflation disproportionnée par rapport à la pénurie, bernique. Et inversement, quand il y a psychose dans l’autre sens. Et ce ne sont les algorithmes informatiques qui vont calmer le jeu.

Les nouvelles technologies ? OK, va pour le robot de traite mais si toutes les fermes où l’on traie 30 ou 40 vaches doivent doubler leur cheptel pour l’amortir, on n’a pas réglé les problèmes de surproduction. Et le choix du sexe avant l’insémination ? Un rêve pour lequel les magazines féminins ont vendu des tonnes de recettes « miracle ». C’est opérationnel pour les bovins, mais cela ne résoudra pas le prix de la viande.

Et du côté des politiques ? Ils ne sont sans doute pas contraires pour s’être déplacés à quatre à la dernière AG syndicale. Mais que peut faire un ministre de l’environnement + un ministre de l’agriculture + un ancien ministre de l’agriculture + un autre ministre de l’agriculture ? Ils forment un beau quartet. Ils sont un peu comme les quatre évangélistes, mais sans la Bonne Nouvelle.

Ce ne sont pas les Daltons, quand même. Quoique, il y a un petit coriace qui semble commander les autres, et un grand dernier qui semble se contenter de les suivre. Ceci dit, ils ne vont pas faire exploser la banque pour aider les éleveurs.

En vérité je vous le dis, même en les additionnant tous les quatre, ils ne peuvent pas faire grand-chose. Il reste à espérer un miracle. Or donc, en ce temps-là, il y avait des miracles quand les foules y croyaient. Mais aujourd’hui, entre « fake news » et statistiques d’experts, on y perd même son latin.

Que faire ? Tenir, en espérant que le marché se redresse, c’est-à-dire que d’autres, au niveau mondial, se retirent… Bref, faire carême en espérant que la Rédemption ne viendra pas après la Saint Glin-Glin.

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