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Au verger, les jeunes plantations demandent un soin tout particulier

Les arbres et arbustes fruitiers nouvellement plantés doivent bénéficier de soins particuliers au cours de leurs premières années de vie dans le verger. Ces années correspondent à la phase juvénile pendant laquelle les plants développent leur système radiculaire et leur ramure. Ils passent ensuite au stade adulte, qui se caractérise par un bon équilibre entre la croissance et la fructification.

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Raccourcir la phase juvénile afin d’entrer rapidement en production et prolonger la phase adulte par un ensemble de soins culturaux appropriés, telles sont les missions de tout arboriculteur, qu’il soit amateur ou professionnel.

Nous évoquerons ici une série de mesures à prendre au départ afin que la transition de nos plants fruitiers du stade « plant de pépinière » au stade « plante adulte » se déroule au mieux.

Pendant combien d’années ?

La durée de la phase juvénile dépend du type de plante et du mode de conduite. Elle est de deux à quatre ans pour les espèces à pépins ou à noyau en fuseau basse-tige, et deux ans de plus pour les buissons basse-tige, demi-tige ou haute-tige. Elle est de deux ans pour les différentes catégories de groseilliers, de deux à trois ans pour les vignes et de cinq à six ans pour les cognassiers et les noisetiers.

Quant aux châtaigniers et aux noyers, leur formation demande près de huit à dix années.

En résumé, on dira que plus un plant fruitier adulte aura une couronne volumineuse, plus longue sera sa phase juvénile.

Assurer la reprise

Si toutes les « règles de l’art » ont été respectées lors de l’achat et de la plantation de vos fruitiers, le taux d’échec ne doit pas dépasser 2 à 3 %. Parmi les principales causes, on peut citer, pour les plantes à racines nues, le gel ou le dessèchement du système radiculaire entre l’arrachage en pépinière et la plantation au verger ; il se produit le plus souvent pendant le transport dans une remorque non bâchée, ou pire encore sur le toit de la voiture. Qu’il s’agisse de plantes à racines nues ou en motte, la pourriture des racines peut se produire si le sol est gorgé d’eau, même temporairement ; les espèces à noyau, les vignes, les framboisiers et les myrtilles y sont particulièrement sensibles.

Une autre cause de dépérissement de jeunes plantes est la présence dans le sol de cryptogames désignés sous la dénomination « pourridié » ou « blanc des racines ». Ces champignons sont au nombre de quatre. Les plus connus sont l’armillaire ( Armillaria mellea ) dont les carpophores de teinte brun clair apparaissent en touffes denses au pied des souches et des troncs d’arbres morts ou malades, et le pholiote ( Pholiota squarrosa ) dont les carpophores sont brun foncé. Sur les racines, on observe des filaments ou des plaques de teinte blanchâtre entre l’écorce et le bois. Chez les noyers, le pourridié est dû à un Phytophthora .

Ces champignons s’attaquent aussi bien aux racines vivantes de très nombreuses plantes (= phase parasite) qu’à des déchets ligneux présents dans le sol et même à des tuteurs en bois non traité (= phase saprophyte). Les plants infectés ont une croissance déficiente puis dépérissent. Un sol lourd et humide augmente les risques d’infection. Il en va de même si les racines ont été blessées suite à un arrachage peu soigneux ou gelées pendant le transport.

On doit aussi éviter d’incorporer au sol du fumier très riche en paille ou du compost contenant trop de fragments de bois. Après l’arrachage d’arbres ou d’arbustes, il sera prudent d’attendre au moins trois ans avant de replanter au même endroit.

Bien fixer les plants au tuteur

La bonne reprise des arbres dépend de l’émission rapide de nombreuses radicelles sur le système radiculaire. En cela, une parfaite fixité évite que ces radicelles se brisent lorsque la ramure bouge sous l’effet du vent. La tige transmet des vibrations qui brisent les radicelles au fur et à mesure de leur apparition. Le tuteur doit avoir été enfoncé suffisamment dans le sol en place, et les ligatures doivent empêcher les mouvements de la tige, tout en lui permettant de coulisser verticalement lorsque le sol se tassera.

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Les ligatures devront être relâchées en fonction du grossissement du tronc afin d’éviter des étranglements.

Un sol frais

Un taux d’humidité modéré et aussi constant que possible assure à la fois un bon développement du nouveau système radiculaire et son bon fonctionnement : l’absorption d’eau et des éléments minéraux…

Selon les conditions climatiques, des arrosages fréquents et en faibles quantités seront nécessaires ou non. L’évaporation de l’eau à la surface du sol sera atténuée en épandant un mulch de compost ou d’herbe de tonte (maximum 5 cm d’épaisseur) que l’on renouvellera au fur et à mesure de sa décomposition. Ce mulch contribue en outre à apporter au sol de la matière organique.

La pose d’une toile tissée noire anti-enracinement permet aussi de régulariser l’humidité naturelle du sol.

Protéger les troncs

En pépinière, les arbres étaient plantés à forte densité, de sorte qu’ils se portaient mutuellement de l’ombre. Une fois plantés à plus grandes distances, il conviendra de protéger les troncs contre les « coups de soleil » qui peuvent survenir soit pendant une période de canicule, soit par un temps de gel très intense. On les badigeonnera par un mélange de chaux, d’argile et d’huile de lin, ou de chaux et de colle de tapissier. Il est aussi possible, avant la plantation, d’envelopper le tronc en spirale par une toile enduite des mêmes produits.

Si la parcelle devait être pâturée par des animaux, il faut absolument installer un système de protection adapté à leur taille et à leur robustesse. Si c’est possible, il nous semble préférable d’attendre trois ou quatre années afin d’éviter des dégâts aux très jeunes arbres.

Les dégâts de gibier sont une autre cause d’échec de jeunes plantations. Pour ce qui concerne les lapins, des corselets individuels doivent être placés autour des troncs dès la plantation, et pour des basse-tige, il est même plus facile de les mettre avant de planter les arbres. Une vigilance renforcée est conseillée par temps d’enneigement. Dans les régions ou sévissent chevreuils et sangliers, il faudra entourer la parcelle d’une clôture robuste et suffisamment haute, à surveiller fréquemment.

Combattre maladies et ravageurs

Un bon état sanitaire du feuillage assure une bonne croissance des jeunes plants pendant toute la saison et le développement de rameaux de bonne qualité. Il est donc souhaitable de combattre préventivement les principales maladies qui affectent le fonctionnement du feuillage : la tavelure des pommiers et poiriers en avril, mai et juin ; l’oïdium du pommier à partir de mai ; la cloque du pêcher en avril et mai ; et sur toutes les espèces, le chancre lors de la chute des feuilles.

Plusieurs espèces de papillons ont des chenilles qui dévorent le feuillage au printemps, et différents pucerons forment au printemps et en été des colonies qui nuisent à la croissance des jeunes pousses. En effectuant périodiquement une observation minutieuse de la ramure, on décidera d’intervenir ou non. Il faut se souvenir que dans une nouvelle plantation, l’équilibre naturel entre auxiliaires et ravageurs n’est pas encore parfait.

Commencer la taille de formation

Une première taille doit se pratiquer dès la plantation afin d’éviter le développement de pousses inutiles et mal placées, qu’il faudra éliminer par la suite. Cela suppose d’avoir au préalable décidé d’un mode de conduite : arbres basse-tige en fuseau, arbres basse-tige, demi-tige ou haute-tige en buisson, formes régulières adossées à un mur ou un contre-espalier, petits fruits en haie ou en buisson…

Dans tous les cas, il faut veiller à un bon équilibre de la croissance entre les pousses se formant à un même niveau de la ramure, et à éviter que la croissance soit trop forte dans le haut de la couronne, au détriment des pousses basales. Pour cela, après la taille « en sec » pratiquée en début d’année, plusieurs passages pendant la saison permettront de corriger d’éventuels déséquilibres et d’éliminer à temps des pousses indésirables.

Les formes en fuseau ont une couronne conique plus ou moins élancée. Elles comportent un axe central vertical garni sur toute sa hauteur de ramifications horizontales ou légèrement montantes, de plus en plus courtes en allant du bas vers le haut. Pour les pommiers, le point de départ idéal est soit un scion d’un an AA bien ramifié, soit un scion de deux ans (=knipboom) dont les ramifications sont implantées un peu plus haut. Pour les autres espèces, on partira d’un buisson de deux ans dont les angles d’insertion des ramifications sur le tronc ne sont pas trop aigus. Les branches sont amenées en bonne position par des ficelles ou des poids ; elles sont raccourcies si leur longueur dépasse 50-60 cm et laissées intactes dans le cas contraire. L’axe est rabattu à 50 cm au-dessus des ramifications.

Les hivers suivants, la formation se poursuit de la même manière jusqu’à atteindre la hauteur voulue.

Les buissons basse-tige, demi-tige ou haute-tige ont une couronne globuleuse composée d’un axe central et de plusieurs (5 ou 6) branches charpentières obliques montantes. La tige a respectivement 0,6 m, 1,5-1,6 m ou 2-2,25 m. Le point de départ est un arbre bien ramifié, porteur de branches de vigueur assez semblable bien étagées sur le tronc. Elles sont taillées à un même niveau, celui de la plus faible, et les concurrentes de l’axe sont éliminées. L’axe est soit laissé intact, soit raccourci légèrement.

Les formes en gobelet sont des buissons dépourvus d’axe central. Cette forme convient uniquement pour les pommiers : leurs charpentières sont plus robustes que chez les autres espèces, où le risque de cassure de branches n’est pas à négliger.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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