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Enfin Pâques?

Après des années de carême, l’agriculture, et plus particulièrement son élevage laitier et viandeux, va-t-elle un jour voir, au bout du tunnel, une lumière pascale illuminer l’avenir ?

Temps de lecture : 4 min

En fait, on ne s’aperçoit vraiment qu’une crise s’est achevée que lorsqu’une autre se remet en route… Il ne faut donc pas espérer entendre les cloches sonner « Alléluia ! »

Mais il y a l’esprit du renouveau qui peut apporter un coup de printemps, même si une hirondelle ne suffira pas.

Nous vivons dans un pays dit « favorisé ». Du coup, la législation sociale et les contraintes environnementales sont perçues comme des handicaps au niveau des prix. Et les politiques ne sont pas prêts à établir des barrières de protection au niveau des produits de base. Il faut donc les construire soi-même. Ainsi, en 2010, au niveau européen, les AOP (Appellation d’Origine Protégée, en fait tout ce qui relève d’un label, d’un cahier de charges de type bio ou local ou autre spécificité) pesaient 10 % de l’activité agricole et 20 % de la marge de contribution. Ces chiffres sont en augmentation significative. La France veut faire 50 % de sa production agricole en formules de type AOP en 2022.

Et c’est vrai que le consommateur, consumériste par définition, cherche à varier ses achats. Des plats tout préparés la semaine quand il faut aller vite, et des produits plus élaborés le week-end, quand on veut retrouver le goût du terroir.

Alors oui, tout ce qui va dans le sens d’un rapprochement entre consommateurs et agriculteurs est bon pour l’agriculture. Bon pour le moral, et bon pour de nouvelles formules économiques.

Ne pas tomber dans le piège d’un monde manichéen que certains ont tendu : il y aurait une bonne agriculture qui commencerait inévitablement par bio, et une autre qui commencerait toujours par un « in » comme intensive, industrielle, inconsciente.

Il y a de multiples manières de vivre de l’agriculture, sans exclusive, et toutes ont droit au respect. Il faut juste se dire que « demander le respect » est aujourd’hui une nécessité pour tout agriculteur.

C’est vrai que jusqu’au XIXe siècle, l’accès à la terre et le travail étaient les deux principaux facteurs intervenant en agriculture. Avec la Révolution Agricole au XXe siècle, il a fallu ajouter la sélection, la fertilisation, la mécanisation et la protection phytosanitaire.

Au XXIe siècle, il faut encore ajouter de nouveaux paramètres : l’informatisation, les réglementations et désormais… la communication. Eh oui, le terrain est resté trop longtemps en friche.

Du coup, les médias sautent sur ce qui les fait vendre : la peur et le conflit. Pour la peur, c’est faire la part belle à ceux qui voient le poison partout. Pour le conflit, c’est relayer ceux qui ont besoin de dénigrer les autres pour exister. Et l’agriculture a trop longtemps servi de bouc émissaire, sans trop réagir.

Ce n’était pas sa vocation ? Aujourd’hui, si et elle le fait. Dans les jours qui viennent, il y aura la « Quinzaine du bœuf » en mai avec l’Apaq-W. Il y aura les Awards avec l’Awé. Il y a le lait « C’est qui le patron ?! » qui arrive en Belgique. Il y a le syndicalisme agricole qui met plus que jamais la communication en avant dans ses grands axes de préoccupation. Il y a les CETA et comices qui disent haut et fort aux politiques de tous bords : « Le temps est révolu où nous laissions salir notre profession sans réaction. »

La grande presse va-t-elle relayer ? Oui s’il y a de la peur à vendre… Et justement, il est vital pour nos concitoyens de prendre conscience du risque que courent les campagnes s’il ne reste que deux ou trois fermes en Wallonie. Invraisemblable ? Qu’ils aillent voir en Ukraine, c’est au pas de la porte.

Les médias veulent du conflit ? Battons-nous contre la désinformation, en commençant par faire de la formation, au niveau des villages, des voisins, des jeunes. En sortant du clivage bon ou mauvais. En privilégiant le respect du terroir, de tous ceux qui font vivre les terroirs.

Alors, alors seulement, les cloches de Pâques pourront enfin sonner : « l’agriculture est respectée »

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