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Le céleri-rave, en grand pour l’industrie et en plus petit pour le marché du frais

Exigeante quant aux disponibilités en eau et en minéraux du sol, cette plante bisannuelle est récoltée manuellement dans les petites fermes maraîchères, mais de manière totalement mécanisée pour le céleri-rave destiné à l’industrie.

Temps de lecture : 6 min

Des surfaces importantes de céleri-rave sont cultivées en Wallonie et sont valorisées en industrie ; elles sont en rotation avec des grandes cultures. Une production est aussi destinée au marché du frais, surtout dans les fermes maraîchères diversifiées.

La plante est bisannuelle. Une vernalisation induite par le froid peut provoquer une anticipation de la montée à graine dès la première année.

Importants, le sol et l’eau !

Le céleri-rave est une culture exigeante quant au sol. Les disponibilités en eau et en minéraux doivent être rencontrées. Les meilleurs résultats sont obtenus en sols à bonne teneur en matière organique et au pH entre 6,5 et 7. Les teneurs élevées en argile favorisent une alimentation régulière en eau et minéraux, mais compliquent quelque peu les opérations de préparation avant plantation et de récolte.

Sans irrigation, la disponibilité irrégulière en eau peut induire la formation de creux dans la rave.

Préparation: on décompacte

Le sol sera décompacté pour favoriser la formation d’un chevelu racinaire dense et profond et affiné sur une dizaine de cm de profondeur de manière à favoriser la reprise après plantation.

L’enracinement du céleri-rave est puissant. Une exploration jusque 1 m de profondeur est courante, mais surtout très dense sur 60 cm. Le travail doit laisser un sol appuyé, sans cavernes pour permettre un bon contact racine-sol et favoriser les remontées capillaires d’eau.

Le céleri-rave est sensible aux indisponibilités en eau et les rendements qualitatifs et quantitatifs sont rapidement altérés en cas de période sèche (pF supérieur à 2,3). Nous pouvons même déplorer l’apparition d’un cœur noir dans la rave.Idéalement, nous essayons de maintenir trois années sans céleri et d’autres ombellifères entre deux cultures.

Fertilisation poussée

Lors de l’élevage, un éventuel retard de plantation amènera l’éleveur des plants à compléter la fertilisation en mottes d’un complément calculé sur base des solutions pour plantes neutrophiles.

Le céleri-rave est exigeant en éléments minéraux. Il valorise bien les fumures organiques comme les fumiers de volailles, les composts épuisés de champignonnières, les composts, incorporés au sol.

La fumure se calcule généralement sur base d’une analyse classique et de l’analyse de l’ azote dans le profil à 60 cm de sol en début de culture.

Les besoins théoriques de 240 kg/ha d’azote sont réduits d’une réserve de 60 unités. Un second profil réalisé fin août ou début septembre permet de décider de l’application totale ou pas de la réserve de 60 unités.

Les apports de P2O5 se basent sur l’analyse classique du sol pour une mise à disposition de 100 kg de P2O5/ha

Les apports de K2O sont le plus souvent dans la fourchette 200 à 300 unités/ha, à moduler en fonction de la richesse du sol et de sa texture.

Le magnésium et le calcium ne seront apportés qu’en sols faiblement pourvus.

La carence en bore est fréquente avec une incidence sur le rendement en raves et le risque élevé de brunissement du cœur de la rave. En cas de teneurs faibles du sol, des apports par pulvérisation sont à prévoir, répétés de fin juillet à mi-septembre. La carence en bore se manifeste aussi sur les pétioles avec des gerçures sur la face extérieure à la façon de griffures de chat.

Variétés au choix selon la finalité

Les sélectionneurs nous proposent des variétés destinées plutôt pour le marché du frais et d’autres pour la transformation industrielle.

La durée de la période de végétation active intervient dans le rendement potentiel. Le feuillage qui couvre fortement la rave la protège des dégâts légers de gel. Les racines seront de préférence concentrées à la base pour faciliter les opérations de parage.

La forme bien arrondie et lisse de la rave réduit le temps et les pertes lors de l’épluchage, elles sont préférées aux formes trapézoïdales.

Certaines variétés anciennes ont tendance à exprimer des colorations de chair dues aux anthocyanes. Leur arôme et la plus haute teneur en matière sèche les font préférer pour un usage de niche industrielle.

Les hybrides apportent homogénéité, qualité et rendement. Citons, par exemple : Alicia F1, Balena F1, Elena F1, Rowena F1, Torpedo F1 et bien d’autres excellentes variétés.

Semis et plantation

Les semences sont très fines. Le semis est réalisé en terrine sous serre à une température supérieure à 15ºC à la mi-février afin de pouvoir planter au champ à partir du 10 mai. La levée intervient après 237 degrés-jours sur la base d’un zéro de végétation de 4,6ºC (50 % de levée). À 15ºC, il faut 25 jours pour la levée, 18 jours à 18ºC. Le repiquage se fait en mottes pressées de 3,7 à 4 cm, au stade apparition de la première vraie feuille.

Avec des modulations, en fonction de la variété, retenons la densité de plantation de 40.000 plantes /ha, à la mi-mai.

Désherbage: faux semis et phyto

La plantation en mai permet plusieurs faux semis. La plantation à 0,5 m entre lignes permet facilement de biner. En outre, plusieurs herbicides sont homologués en culture conventionnelle (voir fytoweb.be). La maîtrise des mauvaises herbes n’est donc pas particulièrement compliquée.

Quelques maladies…

La septoriose, le phoma, les chenilles et les pucerons sont des préoccupations fréquentes.

La pourriture bactérienne due à Pectobacterium carotovorum et les viroses (mosaïques) ainsi que la sclérotiniose sont aussi des maladies constatées chez nous.

La septoriose (septoria apiicola) s’étend rapidement sur le feuillage de la parcelle de variétés sensibles. Les variétés de céleri-rave sont généralement atteintes plus tardivement que celles de céleri-branche. Les dégâts seront surtout à craindre à partir d’août. Plusieurs fongicides sont homologués en culture conventionnelle.

Le phoma (phoma apiicola) apparaît sur les raves et peut évoluer en pourriture. Lors des attaques sévères, les feuilles extérieures jaunissent. Les raves atteintes ne se conservent pas bien. Les plantes peuvent déjà être contaminées en pépinière. Le drainage et une structure de sol dégradée sont des éléments favorisants cette maladie.

La sclerotiniose (Sclerotinia sclerotiorum) est due à ce champignon polyphage décomposant les tissus de plusieurs espèces légumières.

Les mosaïques sont transmises par les pucerons au départ de sources contaminées (panais sauvage, carotte sauvage). La résistance variétale est la méthode de lutte privilégiée.

… et des ravageurs

Les pucerons ailés peuvent transmettre des virus avec des conséquences sur les variétés sensibles. Les populations des aptères qui leur succèdent sont généralement bien maîtrisées par les auxiliaires, la culture de céleri-rave se faisant alors que ceux-ci sont très présents dans la nature.

La mouche de la carotte (Psila rosae) peut aussi s’installer en céleri. La lutte se base sur les observations sur les plaquettes attractives placées en parcelles.

Ajoutons que le cœur noir de la rave est un accident physiologique favorisé par une météo sèche et chaude, il peut se compliquer d’infections bactériennes amenant une pourriture humide. Les irrigations régulent les apports d’eau et préviennent ce type d’accident.

Récolte et parage et conservation

La récolte se fait à la main dans les petites fermes maraîchères, elle est entièrement mécanisée pour le céleri-rave destiné à l’industrie.

Le rendement progresse jusque tard en saison. Tant que le gel est modéré (– 2 à – 5ºC) et accompagné de peu de vent, les feuilles protègent la rave des premières gelées.

Le parage se fait partiellement à la main, après que les raves ont été énergiquement lavées dans un tambour lavoir.

Les céleris-raves se conservent très bien entre 0 et 1ºC en frigo et une humidité relative de 97 à 99 %.

F.

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