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Reprise de l’abattoir et moyens de l’Afsca: le scandale Veviba perdure…

Les candidats intéressés par la reprise de l’entreprise avaient jusqu’au 21 mars pour se faire connaître. Ils sont environ 30 à avoir répondu à l’appel, dont la Fwa sous la forme d’une coopérative d’éleveurs qu’elle encadrerait. Pendant ce temps-là, en politique, le débat fait rage entre le ministre fédéral de l’Agriculture et l’opposition, pour savoir si les moyens de l’Afsca sont suffisants.

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Une trentaine de candidats belges et internationaux se sont manifestés pour la reprise de Veviba. Le nom du repreneur devrait être connu fin mai, a fait savoir la Société wallonne de Gestion et de Participations (Sogepa) le 23 mars. « À ce stade, les éléments reçus concernent des projets structurés de manières diverses, portés par des sociétés, des partenariats de sociétés ou des coopératives », précise le fonds d’investissement.

D’ici la désignation d’un repreneur, les deux managers intérimaires « poursuivront leur mission en vue de récupérer les agréments Afsca nécessaires à la relance de l’activité », a ajouté la Sogepa dans son communiqué.

Coopérative encadrée par la Fwa

Parmi cette trentaine de candidats se trouve au moins une coopérative. En effet, la Fédération wallonne de l’Agriculture (Fwa) a pris la décision d’encadrer la constitution d’une coopérative d’éleveurs et de rentrer une déclaration d’intention « dans le cadre de l’offre de reprise de(s) outil(s) du groupe Veviba », a-t-elle annoncé à l’issue d’un comité directeur et d’un conseil général. Une lettre en ce sens a été adressée le 21 mars au manager de crise de la Sogepa.

Dans un tout autre contexte, l’opposition et le ministre fédéral de l’Agriculture Denis Ducarme (MR) ont affiché une lecture sensiblement différente des moyens accordés à l’Afsca. Ceux-ci sont en baisse, ont déploré, notamment, Daniel Senesael (PS) et Marco Van Hees (PTB) en commissions réunies de l’Économie et de la Santé publique chargées de se pencher sur le rapport élaboré par l’Afsca à la suite du scandale Veviba. Le ministre a défendu le contraire.

« Il est faux de dire que les moyens budgétaires de l’agence diminuent. Si l’on prend la dotation et les recettes propres, les moyens de l’agence augmentent : 171 millions en 2015, 167 millions en 2016 et 176 millions en 2017. C’est incontestable », a indiqué d’emblée le ministre de l’Agriculture. M. Ducarme a souligné sa volonté de ne pas opposer sécurité alimentaire et développement économique.

Baisse ou augmentation ?

Les chiffres du ministre ont été fortement contestés par l’opposition. « Monsieur le ministre, vous dites que le budget a augmenté… probablement grâce aux indexations… mais pourtant, sur le site de l’Afsca, les chiffres sont en diminution. Où est la vérité ? », a surenchéri Jean-Michel Delamotte (cdH). Véronique Caprasse (Défi) et Meryame Kitir (sp.a) ont également affiché leurs doutes.

Plus concrètement, les députés PS et PTB, Daniel Senesael et Marco Van Hees, ont rapporté que la dotation de l’Afsca avait baissé de 2014 à 2017, de 108 millions d’euros à 86 millions d’euros. Les recettes ont diminué entre 2014 et 2016, de 185 millions à 167 millions, tandis que les effectifs sont passés de 1.161 ETP à 1.062 ETP sur la même période. M. Van Hees, qui se demande avec quel personnel seront menés les contrôles supplémentaires annoncés par le ministre, a pointé du doigt « une manipulation sur base des années choisies pour montrer une diminution qui n’existe pas ».

« Le 14 mars 2018, l’Afsca a rapporté que 219 cas de fraude actifs en cours étaient traités par 17 ETP disponibles au sein de l’Union nationale d’enquête (Une). Aux Pays-Bas, l’effectif est 7 à 8 fois plus important », a précisé M. Senesael.

Plus de contrôleurs, est-ce nécessaire ?

Le gouvernement ne fait plus de la sécurité alimentaire une priorité, a ajouté Jean-Marc Nollet (Ecolo). Celui-ci en veut pour preuve que l’Afsca pointe clairement dans son rapport le fait qu’elle ne figure plus dans le plan national de sécurité 2016-2019.

« Il n’y a pas eu de diminution constante du budget de l’Afsca », a rétorqué le ministre Ducarme confirmant toutefois les chiffres avancés. « Les recettes propres en augmentation compensent la diminution de la dotation. Il est clair que l’audit va évaluer la nécessité de voir ou non augmenter le nombre de contrôleurs, aux niveaux national et local », a-t-il précisé.

M. Ducarme a rejeté la demande du PS et d’Ecolo de voir le ministre lâcher la tutelle sur l’Afsca au profit de la Santé publique.

Denis Ducarme garde la tutelle

« Ce ne sera pas le cas. La compétence doit logiquement se trouver sous la tutelle du ministre l’Agriculture car il a un rôle fédérateur au niveau agricole. C’est lui qui siège au niveau européen à ce propos. Pour rappel, au niveau de l’UE, deux tiers des ministres de l’Agriculture sont compétents pour la sécurité alimentaire », a répondu le ministre. Celui-ci a mentionné le fait que le transfert de la Santé à l’Agriculture avait été acté en 2007, alors que le Parti Socialiste était au pouvoir.

Tous s’accordent par ailleurs à dénoncer le manque de contrôles supplémentaires.

« Comment l’Afsca n’a pas jugé utile d’intensifier le nombre de contrôles et la qualité de ceux-ci sur l’entreprise alors que vous aviez l’information depuis octobre 2016. 29 palettes sur 34 n’étaient quasi pas étiquetées ou présentaient des étiquettes arrachées. Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? Pourquoi n’en avez-vous pas informé votre ministre de tutelle ? », s’est interrogé le député Ecolo.

Trop portée sur l’exportation

Enfin, autre reproche fait par l’opposition au gouvernement : la volonté de tourner l’Afsca de plus en plus vers ses activités d’exportation.

« Un élément renforce encore le problème : le détournement des missions de l’Afsca et c’est noté dans le rapport : « ces dernières années, dans le cadre des notes de politique générale, des ministres compétents, une grande attention a été portée à des aspects tels que l’exportation et l’accompagnement des opérateurs et les moyens ont été mobilisés à cet effet » », a encore rapporté M. Nollet. « Certains producteurs vivent aussi de l’export ; il n’y a pas que les industriels », a noté le ministre Ducarme, précisant que seuls 15 ETP étaient employés à la cellule dédiée à l’export.

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