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Protecow: éleveurs laitiers et experts échangent pour améliorer leur autonomie protéique

Lorsque l’on vit si près des frontières, il n’est pas illogique de penser à « coopération transfrontalière ». L’exploitation Lamérand, située à Le Bizet, se trouve à 50 m de la frontière française et à 200 m de la frontière flamande. Un endroit particulièrement bien choisi pour recevoir, le 22 mars dernier, les différents partenaires du projet « Protecow ».

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Qui dit concentrés, dit protéines, le réel objet du projet Protecow. En effet, celui-ci vise à aider les producteurs laitiers de la zone transfrontalière franco-belge à améliorer leur autonomie protéique, avec le soutien des fonds européens du programme Interreg V. Un objectif crucial dans un contexte où les dépenses raisonnées et l’optimisation des produits sont les principales armes dont dispose l’éleveur pour répondre à la volatilité des prix.

De la conduite de leurs troupeaux à la manière de gérer leurs prairies, en passant par leurs résultats technico-économiques, divers sujets sont abordés lors des réunions pour élargir la vision de chacun des éleveurs. Ces échanges permettent ainsi aux participants de partager leurs réussites et leurs expériences plus mitigées, afin de progresser ensemble avec l’appui des conseillers de chacun des organismes partenaires.

Cinq partenaires, 18 éleveurs

Après une année de travail, les 5 partenaires du projet (Avenir Conseil Élevage, Cra-w, Idele, Inagro et Ilvo) ont mis en place un groupement de 18 éleveurs transfrontaliers. Un précédent projet avait permis la création d’un groupe transfrontalier de 12 éleveurs laitiers – 6 Français et 6 Flamands – qui partageaient leurs expériences de part et d’autre de la frontière. Ce groupe continue d’exister dans le projet Protecow et s’est enrichi en 2018 de 6 éleveurs wallons.

Usage des concentrées

Avec dix-huit producteurs laitiers, il est difficile de parler d’un échantillon représentatif. Néanmoins, il existe des différences frappantes entre les groupes d’agriculteurs. Par exemple, la consommation de concentrés en Flandre est considérablement plus élevée qu’en France. Les producteurs laitiers wallons du groupe utilisent en utilisent encore davantage. « Les Français utilisent 130 grammes de concentré par litre de lait, c’est 30 grammes en moins que chez nous. Mais les taux sont plus élevés chez nous », explique Eddy Decaesteker, conseiller en élevage laitier chez Inagro’s Bredrijfsadvisering Melk (BAM).

Produire plus avec moins

Doit-on en conclure que les Belges doivent donner moins de concentrés ? « L’objectif n’est pas tellement d’utiliser moins de concentrés. Si l’on doit acheter du fourrage grossier, il est conseillé de d’abord examiner les différents types de concentrés bon marché. L’on doit viser à produire davantage de litres de lait avec la même quantité de concentrés », poursuit-il.

Les agriculteurs français du groupe sont quelque peu surpris d’une telle utilisation des concentrés. « Vous n’avez pas assez confiance dans les fourrages que vous cultivez », entend-on en boutade. Ils partent du principe qu’une vache qui produit plus de lait, doit consommer davantage de fourrage.Chez nous, les éleveurs ne veulent prendre aucun risque avec une balance énergétique négative trop importante.

L’herbe comme culture

Mais les Français peuvent aussi apprendre des belges. Dans une comparaison entre les différents groupes, il s’est avéré que par rapport à la superficie totale des fourrages, les agriculteurs flamands ont deux fois plus de prairies permanentes que leurs homologues français. Un pourcentage significatif de la rareté des terres en Flandre.

En outre, les éleveurs flamands ont une densité d’élevage légèrement supérieure (unité de bétail / ha) à celle de leurs homologues francophones. En Belgique, il est clair que les exploitants conduisent davantage leurs prairies comme une grande culture », note encore Eddy Decaesteker. Les producteurs laitiers belges savent mieux comment améliorer les taux de leur lait. De bonnes teneurs en matières grasses et en protéines sont obtenues par l’utilisation d’ensilage d’herbe de bonne qualité.

Dans le cas des producteurs français, la prairie est davantage considérée comme une ressource disponible et non comme une culture dont on peut tirer le maximum.

9 fiches solutions

La finalité de Protecow ? Améliorer la rentabilité de l’élevage laitier. Le moyen consiste à réduire l’apport d’azote et l’importation de farine de soja par litre de lait produit. « L’objectif est de réaliser un bénéfice de 5 à 10 euros par 1.000 litres de lait grâce à une meilleure utilisation de l’azote », entend-on.

Les partenaires du projet ont ainsi identifié 9 leviers techniques pour améliorer l’autonomie protéique des élevages pour lesquels 9 fiches techniques à destination des éleveurs ont été créées : l’affouragement en vert, la récolte précoce des fourrages, la valorisation de l’herbe d’automne, les légumineuses, les dérobées RGI et trèfle, les ensilages de méteil, les drêches, le tourteau de colza et le corn gluten feed.

Chaque fiche comporte entre autres un argumentaire sur son utilité, un rappel des règles de mise en œuvre, un point sur ses effets technico-économiques… ainsi que des contacts d’experts régionaux pour oser se lancer. Elles sont disponibles sur www.interreg.protecow.eu.

L’un des participants au projet, Carl Vanhoutte de Zillebeke (Ypres), trait 120 vaches. Chez lui la ration est composée de maïs, d’herbe, de pulpe, d’orge, de soja et de minéraux. « En été, les vaches pâturent 8 heures par jour. Mon objectif personnel est d’obtenir plus de litres de lait par vache avec la même quantité de concentré », explique-t-il. Avec un faible coût fourrager par litre de lait, il veut pouvoir supporter la baisse du prix du lait et ne plus travailler le nez dans le guidon.

D’après IDC

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