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Natura 2000 : quels impacts en agriculture?

Posséder des parcelles qui se trouvent, en partie ou en totalité, dans un site Natura 2000 se révèle contraignant pour l’agriculteur. Interdictions, actions soumises à une autorisation, nombreux organismes référents, etc. Mais qu’en est-il réellement ? Comment utiliser ces terres à son avantage ?

Temps de lecture : 4 min

Le réseau Natura 2000 s’étend dans toute la Wallonie et touche plus de 60.000 propriétaires et gestionnaires. La carte de ce réseau est disponible via WalOnMap (consultable sur www.natagriwal.be). Pour les agriculteurs, cela signifie donc des contraintes supplémentaires, mais aussi des bénéfices à en tirer.

Les parcelles Natura 2000 sont divisées en différentes unités de gestion (UG) dont certaines touchent spécifiquement à l’agriculture. En particulier, concernant les prairies, les UG 2 « Milieux ouverts prioritaires » et UG 3 « Prairies habitats d’espèces » représentent des prairies à contraintes fortes, tandis que les UG 5 « Prairies de liaison » sont des prairies à contraintes faibles. Ces dernières servent en fait simplement, comme leur nom l’indique, à former des grands sites Natura 2000 continus en liant les autres unités et ne nécessitent donc que peu de règles supplémentaires.

Mesures générales et particulières

Les « Milieux ouverts prioritaires » sont des parcelles d’une grande richesse botanique ou présentant une flore particulière. Elles sont souvent issues des pratiques agropastorales traditionnelles, et, malgré les contraintes, peuvent majoritairement être valorisées sous forme de fourrage, comme nous y reviendrons.

Les « Prairies habitats d’espèces » peuvent être composées d’une flore banale mais sont intéressantes pour le maintien d’une espèce animale. Pour chaque site Natura 2000, il existe des mesures générales qui servent de régime de protection préventive, et des mesures particulières propres à chaque UG. Celles-ci sont disponibles via Natagriwal.

Avantages fiscaux et financiers

Des compensations existent, comme des avantages fiscaux pour les propriétaires des terrains (exonération du précompte immobilier et exemption des droits de succession et de donation) et des indemnités pour les personnes qui occupent le terrain, à demander dans la déclaration de superficie.

Des subventions à la restauration sont également allouables sur base d’actions volontaires de la part du propriétaire ou du gestionnaire du terrain, comme des travaux de restauration de prairie humide ou de mare, l’aménagement d’une grotte, la restauration d’une genévrière, etc.

C’est le Département nature et forêts (Dnf) qui est en charge de la mise en œuvre de Natura 2000 et contrôle l’application des mesures. Toute infraction est considérée comme une faute de troisième catégorie au sens du code de l’environnement et est donc passible de 8 jours à 6 mois d’emprisonnement et/ou d’une amende de 100€ à 100.000€ ! À ce sujet, une nouvelle obligation concernant la clôture des cours d’eau fait son apparition à partir du 1er juin 2018 ! (voir encadré ci-contre).

Prairies à contraintes fortes valorisables

La valorisation des prairies Natura 2000 dans l’alimentation des animaux est tout à fait possible, comme l’explique Arnaud Farinelle de Fourrages Mieux. « Dans de telles zones de contrainte, il est très difficile d’avoir de l’influence sur le rendement des prairies, mais il est possible techniquement d’influencer la valorisation. », présente-t-il.

Le premier conseil qu’il donne à ce sujet est de réaliser un relevé de flore sur la parcelle, dans le but d’avoir une idée du rendement de celle-ci. Il faut bien sûr garder à l’esprit que, comme ces terres ne sont pas fertilisées à cause des mesures de l’UG, le rendement sera forcément plus bas.

Les besoins alimentaires sont différents en fonction des animaux, donc toutes les prairies ne sont pas valorisables dans tous les cas, mais une étude sur la valeur alimentaire des prairies à contraintes a été réalisée pour tirer cela au clair.

À chaque animal sa coupe

En système allaitant, la première coupe est ainsi valorisable pour les animaux avec peu de besoins, comme les vaches sans veau. La première coupe présente également un potentiel de valorisation pour les limousines avec veau, au risque de voir baisser la production laitière, mais est déconseillée pour les BBB. La deuxième coupe est quant à elle presque toujours valorisable, et peut donc être utilisée pour les animaux à grand besoin.

Chez les bovins laitiers, le fourrage pauvre est dangereux au niveau de l’équilibre minéral (calcium et ration calcium/phosphore) pour les vaches taries. Par contre, il est possible d’intégrer ces fourrages pauvres jusqu’à hauteur de 15 à 20 % de la ration sans qu’il y ait un impact négatif sur la production chez les vaches laitières.

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