Créer des ponts entre futurs vétérinaires et animaux d’élevage à la Ferme pédagogique et expérimentale de la FMV Liège

Si les 3 dernières années du cursus vétérinaire sont riches en contact avec les animaux, de rente comme de compagnie, les 3 premières font surtout la part belle aux enseignements des sciences de base.

Des veaux à parrainer

Avec la mise en place d’options en dernière année, seuls quelque 20% des étudiants choisissent l’option « animaux de rente ». Qu’à cela ne tienne, la Faculté de Médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Liège multiplie les initiatives pour que se rencontrent étudiants vétérinaires et animaux d’élevage dès le tout début du cursus. C’est ainsi qu’est née il y a deux ans l’idée d’organiser le parrainage des veaux qui naissent à la Fepex. En effet, la Ferme expérimentale, distante d’à peine 200 mètres des bâtiments principaux de la FMV, est riche d’un troupeau d’une cinquantaine de vaches Pie-Noir Holstein et d’une trentaine de mères Blanc-Bleu Belge. L’idée est donc d’amener au contact des bovins des étudiants qui bien souvent ne se destinent même pas à une pratique rurale. Ce faisant, ils peuvent suivre l’évolution de leur « filleule » à travers toutes les étapes de sa vie productive et être témoins actifs de chacun de ces stades, de la naissance au sevrage, de la première insémination jusqu’aux vêlages.

Concrètement, les futurs parrains ou marraines sont prévenus de l’imminence de la mise bas d’une vache (laitière ou allaitante selon les affinités de chacun) et se présentent à la ferme. Ils interviennent alors activement dans le nursing du nouveau-né, réalisent eux-mêmes les prélèvements requis sur le veau et sa mère, testent et administrent le colostrum. Suivront le bouclage, le suivi hebdomadaire de la croissance de l’animal et la tonte. En cas de maladie ou de problème sanitaire, là encore parrains et marraines interviennent dans l’application des traitements nécessaires.

Cette activité est offerte aux étudiants vétérinaires dès la première année. Le parrainage des veaux rencontre un vif succès : près de 90 binômes se sont inscrits pour parrainer un veau ! Même pour les petits gabarits, le parrainage a cela de rassurant que même les étudiants aux physionomies les plus fines sont tout à fait en mesure de gérer physiquement un veau de 50 kg.

La confiance installée, l’étudiant ne sera que d’autant plus à l’aise lorsque, plus avancé dans ses études, il lui faudra composer avec des animaux pas nécessairement aussi coopératifs. Afin de que ne pas contraindre les vocations, les portes de la Fepex sont toujours ouvertes aux parrains/marraines pour leur permettre d’aller visiter leur veau selon les disponibilités laissées par leur agenda chargé. C’est bien entendu l’occasion de voir tout le reste des animaux et d’échanger avec le personnel et finalement de profiter d’une immersion précoce dans le milieu agricole.

A l’heure où le monde de l’élevage subit des attaques répétées et se trouve régulièrement victime de désinformation, il est critique que les futurs professionnels de la santé animale – même s’ils ne se destinent pas à exercer en pratique rurale – puissent bénéficier d’un contact approfondi avec les réalités de l’élevage et soient en mesure d’exercer leur esprit critique face au flot de contre-vérités que les médias peuvent parfois diffuser.

Le rapport de l’homme à l’animal entre élevage et compagnie

Le vétérinaire de demain est un acteur central de la communication entre le monde agricole et le grand public. Plus que jamais les questions d’éthique et de bien-être animal sont au cœur des préoccupations du consommateur alors que l’élevage est toujours plus lourdement contraint. Le projet Erasmus + « Anicare » a précisément pour objectif de développer des approches pédagogiques et didactiques pour favoriser l’émancipation de l’éleveur à l’égard du bien-être animal. Les étudiants parrains et marraines sont intégrés à ce projet et témoignent de leur relation privilégiée avec un animal pour autant élevé dans un but commercial. Ces témoignages constitueront des documents de référence utilisés dans l’élaboration de « boites à outils » didactiques finalement destinées aux formateurs vétérinaires, agriculteurs et conseillers agricoles amenés à traiter certaines questions relatives au bien-être animal dans leur activité professionnelle.

Les moutons aussi !

Depuis décembre 2017 un troupeau de brebis Texel Français est venu renforcer les troupeaux bovins résidents. Là aussi les étudiants, sur base volontaire, surveillent les agnelages tour à tour, s’occupent des nouveau-nés et prennent une part active aux différentes interventions vétérinaires et zootechniques. Ces animaux sont essentiellement utilisés afin de sensibiliser les étudiants de Bac à la gestion de la reproduction des ovins, à l’apprentissage des signes avant-coureurs de la mise-bas et au déroulement de l’agnelage normal ou dystocique.

Volailles et lapins ne sont pas en reste

La FMV propose également aux étudiants de découvrir l’élevage de lapin, de poulets, cobayes et pigeons. De l’alimentation au sexage en passant par le signalement et le suivi des performances, les races wallonnes – lapin Bleu de Ham, poules Ardennaises et pigeons cravatés liégeois sont particulièrement valorisées, à plus forte raison dans le contexte actuel de diminution de la biodiversité et de disparition des races locales.