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Désherbage des pommes de terre: plus coûteuse en l’absence du linuron, la préémergence demeure indispensable

Le traitement herbicide de préémergence est la deuxième étape clé de la culture. Il convient de l’entreprendre rapidement après la plantation – au moins une semaine avant l’émergence – lorsque les conditions sont réunies. Voici les recommandations du Carah (Ath) pour ériger le barrage le plus efficace contre la concurrence des adventices.

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Retardées dans les situations plus humides, les plantations de pommes de terre sont normalement terminées partout ailleurs. Les pluies doivent permettre aux buttes fraîchement formées de se rasseoir. Après la mise en terre des plants, vient le moment du désherbage !

Primordiale préémergence !

Le désherbage de préémergence demeure incontournable en culture de pommes de terre. Celui-ci doit tenir compte de la flore attendue, du niveau d’infestation, des conditions d’humidité du sol, de la qualité du buttage et du choix variétal (sensibilité à la metribuzine). L’ajout d’un produit de contact au désherbage ajoute un effet d’action sur les plantes déjà levées.

L’efficacité des produits herbicides de préémergence est meilleure sur buttes définitives stabilisées, humides, par temps calme. La rémanence des produits est longue, il ne faut pas retarder l’application quand les conditions sont réunies, le traitement doit avoir lieu au moins 1 semaine avant l’émergence.

Depuis le 31 août 2017, l’utilisation du linuron n’est plus autorisée, des alternatives sont possibles, mais de manière générale, les coûts de désherbage augmentent. Le linuron peut être remplacé par Centium, Proman, Stomp ou des produits contenant de la métribuzine (si variété tolérante).

Le désherbage de postlevée n’est qu’une solution corrective, le spectre d’efficacité des matières actives disponibles à un stade avancé n’étant pas complet.

 Réunir toutes les conditions positives

Plusieurs facteurs influencent la réussite de la lutte herbicide :

– la complémentarité des matières actives ;

– la qualité de la préparation du sol et du buttage : plus la terre en surface est affinée, meilleure sera l’efficacité du désherbage chimique ;

– les conditions climatiques lors de l’application : éviter de traiter par temps venteux (évite la dérive et permet de traiter uniformément les deux flancs de butte) et traiter préférentiellement sur butte humide et temps frais (permet une bonne efficacité des produits à action racinaire). Les produits racinaires gagnent en efficacité si une pluie suit l’application ;

– le stade de la culture : certains produits – par exemple : aclonifen (Centium) et pendimethaline (Stomp) – doivent être appliqués bien avant l’émergence afin d’éviter toute phytotoxicité sur les pommes de terre.

La postémergence n’est qu’un traitement correctif !

Lorsque l’application de préé mergence se révèle peu efficace (spectre d’action, moment d’application inadéquat, conditions sèches telles qu’observées en 2017), il est nécessaire de réaliser un traitement de rattrapage en postémergence.

Pour le désherbage de postémergence, les antigraminées Agil, Centurion, Focus Plus, Pantera, Select Prim, Targa Prestige et Targa Megamax sont homologués. Une attention particulière est à porter sur le délai avant récolte qui varie de 28 à 60 jours selon les produits.

Contre les dicotylédones, les traitements postémergence se feront (de préférence ou obligatoirement selon les produits) jusqu’au stade 10 cm de la culture, en recourant aux produits à base de metribuzine seule (sur variétés tolérantes uniquement), de Centium 36 SC et de Titus accompagné d’un mouillant non-ionique (Trend 90).

Le tableau ci-joint , né du travail de Christian Ducattillon, est adapté chaque année grâce aux observations de terrain de nos équipes et des personnes externes, ainsi que de la concertation avec Inagro.

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La flore à combattre

Parmi les adventices les plus difficiles à combattre nous retrouvons les chénopodes, morelles, renouées, gaillets et mercuriales. Selon les situations, d’autres plantes peuvent être attendues également comme les vivaces, les repousses d’autres cultures (chicorées, céréales, ray-grass, luzerne…), etc.

Des plantes de Datura sont de plus en plus souvent présentes dans les champs de pommes de terre et peuvent poser de graves problèmes vu leur toxicité. La gestion de cette adventice est rendue difficile par sa levée tardive.

L’élimination de la datura stramoine, de plus en plus souvent présente dans les champs de pommes de terre, est ardue en raison de sa levée tardive. Une intervention en postémergence est recommandée.
L’élimination de la datura stramoine, de plus en plus souvent présente dans les champs de pommes de terre, est ardue en raison de sa levée tardive. Une intervention en postémergence est recommandée. - M. de N.

Pour la contrôler au mieux, la postémergence est recommandée. De plus, il est nécessaire d’associer plusieurs matières actives ayant une certaine efficacité telles que flufenacet, metribuzine, clomazone et métobromuron. Attention que la metribuzine ne peut être employée que sur variétés tolérantes.

Le souchet comestible est une plante rhizomateuse vivace difficile à contrôler. La lutte contre cette adventice est obligatoire ; les cultures de tubercules, racines ou rhizomes sont interdites sur les parcelles contaminées. Le souchet est de plus en plus présent en Flandre, mais également en Wallonie. Il est tout d’abord important d’éviter sa dissémination via les outils de travail du sol en transportant les tubercules entre parcelles. La métribuzine montre une certaine efficacité contre le souchet, mais la lutte contre celui-ci doit se faire essentiellement dans la rotation. En culture de maïs, il existe des straté gies de désherbage adaptées permettant une lutte satisfaisante.

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