L’offre laitière internationale est un peu moins étoffée

En Belgique, la collecte est toujours dynamique et à un niveau record mais le rythme de progression se tasse quelque peu .
En Belgique, la collecte est toujours dynamique et à un niveau record mais le rythme de progression se tasse quelque peu .

Après un pic à l’automne à quelques +29.000 t de lait par jour par rapport à 2016 (+3,6 %), la collecte des 5 principaux bassins exportateurs progresse moins vivement cet hiver : +19.000 t par jour d’un an sur l’autre en moyenne sur décembre-février (+2,4 %).

Aux États-Unis, la collecte reste dynamique : +1,8 % en janvier et février dans la lignée de 2017, malgré la chute du prix du lait depuis novembre. Tombé à 337 USD/t (273 €/t) face à un ralentissement de la demande domestique et une forte concurrence européenne à l’exportation depuis le second semestre 2017, il est à présent inférieur de 17 % à son niveau 2017. Il ne devrait plus baisser dans les mois qui viennent, mais le redressement sera vraisemblablement très progressif, ce qui met sous pression les marges des éleveurs affectées également par la hausse des coûts alimentaires.

En Argentine, la production s’est sensiblement redressée début 2018 (+13 %) par rapport au niveau très bas de début 2017 marqué par deux années consécutives d’inondation dans les principales régions productrices. Mais la sécheresse qui frappe actuellement le pays alourdit les coûts alimentaires dans les exploitations laitières qui peinent à redresser leur situation financière, souvent dégradée, malgré la nette hausse du prix du lait.

En Océanie en revanche, une forte sécheresse estivale a affecté la production fourragère et les rendements laitiers. En Australie, la production laitière ne se redresse que lentement : +4 % par rapport au bas niveau 2017 sur janvier-février. Et en Nouvelle-Zélande, la collecte en fin de pic saisonnier est en repli d’un an sur l’autre : -3,3 % sur décembre-février soit -0,2 % en cumul depuis le début de la campagne, alors que les stocks issus de la campagne précédente étaient historiquement bas. Fonterra a relevé en mars son prix prévisionnel de campagne de 6,40 à 6,55 NZ$/kg MS, le 3e meilleur niveau de la décennie, 7 % au-dessus du niveau de la campagne précédente.

Enfin, la principale contribution au moindre dynamisme de la collecte cumulée des 5 principaux exportateurs provient du tassement de la hausse de la collecte de l’UE-28 début 2018.

Le dynamisme de

la collecte européenne se tasse

La collecte de l’UE-28 a vivement rebondi fin 2017 par rapport au niveau ralenti de 2016 atteignant de nouveaux records. Elle a démarré 2018 un rythme aussi soutenu : +4 % par rapport à 2017 en janvier, mais la hausse a été ramenée à +2,4 % en février et probablement moins en mars. Non seulement la production 2017 s’était nettement redressée dès mars, mais les conditions hivernales extrêmes (neige, vent, tempête Emma) début 2018 et leur prolongation sur le début du printemps (froid et pluies) retardent les mises à l’herbe, affectent la production fourragère, et par voie de conséquence la production laitière.

En Allemagne comme en France, la collecte se rapproche en mars de son niveau 2017, demeurant en deçà des meilleurs niveaux enregistrés (2014 pour la France et 2016 pour l’Allemagne). Au Royaume-Uni, les données de collecte journalière suggèrent que la production est repassée sous son niveau 2017 en mars (-1 %), essentiellement suite aux difficultés de collecte liées à la tempête Emma.

En Irlande, la nette volonté de croissance et le cheptel étoffé sont aussi contrecarrés par les conditions météorologiques très défavorables. Encore supérieure à 11 % en janvier, la croissance de la collecte d’un an sur l’autre est tombée à 2,4 % en février et pourrait être négligeable en mars, en raison du manque patent de fourrage et des difficultés de gestion du pâturage.

En Pologne, en Italie, en Espagne et en Belgique, la collecte est toujours dynamique et à un niveau record mais le rythme de progression se tasse quelque peu entre +2 et +4 % vis-à-vis de 2017 en février.

Aux Pays-Bas, la production a reculé de 1,2 % par rapport à 2017 en février. Bon an mal an, elle stagne depuis début 2017 sous l’effet des nouvelles contraintes s’appliquant à la production laitière après plusieurs années de dérives environnementales. Malgré les fraudes avérées sur l’enregistrement des vêlages et surtout sur les épandages de lisier, le pays a obtenu une nouvelle dérogation à la Directive Nitrates. Mais sa durée est limitée à 2 ans contre 4 par le passé pour s’assurer que le pays mette fin à ces fraudes.

La production est encore très dynamique en Autriche ainsi qu’en Bulgarie et Roumanie. Elle progresse plus modestement en République tchèque et au Portugal et est quasiment stationnaire en Suède, Finlande, Lettonie et Lituanie.

Moindre pression

sur les prix du lait

au printemps ?

Durant l’hiver, les prix du lait ont reculé partout plus ou moins fortement. Au sein de l’UE, le recul a été particulièrement net en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark : respectivement -47 €/t, -50 €/t et -55 €/1.000 l entre novembre et février.

La baisse est plus modérée au Royaume-Uni (-23 £/1.000 l), en Italie (-20 €/1.000 l) et en Espagne (-6 €/1.000 l) moins dépendant de l’export de commodités laitières. En Irlande, les coopératives ont maintenu leur prix jusqu’en janvier avant de l’abaisser de 10 à 30 €/1.000 l en février. En France, le prix, largement lissé, ne s’est que modérément érodé (-17 €/1.000 l entre septembre et février).

Ainsi, en février, le prix du lait est retombé sous son niveau de 2017 au Danemark (-5 %) et en Italie (-1 %). Chez les autres grands producteurs laitiers, il se situe entre +2 % par rapport à 2017 en Allemagne et +7 % en Irlande, la hausse pouvant être plus importante chez les producteurs plus secondaires. Elle est intermédiaire en France (+4 %).

Malgré le rebond des cours des matières grasses laitières, la valorisation du lait transformé en beurre et poudre maigre ne se redresse que modérément compte tenu du cours très dégradé des protéines. À 244 €/t sur le marché mondial et 266 €/t sur le marché européen en mars, elle est inférieure de respectivement 12 et 3 % à son niveau 2017.

Les prix annoncés par FrieslandCampina et Arla Danemark sont encore en baisse en mars et avril : respectivement -12,5 €/t et -25 €/t sur les deux mois. Par la suite, l’orientation des prix du lait dépendra beaucoup de l’évolution de la collecte européenne dans le courant du printemps et durant l’été, un rebond n’étant pas exclu notamment si les conditions météorologiques redeviennent favorables.

D’après Tendances Lait et Viande (Idele)

Le direct

Le direct