Accueil Elevage

Filière d’alimentation animale: Ovocom aide à mieux prévenir la fraude

La plateforme de concertation de la filière d’alimentation animale Ovocom a présenté récemment son rapport annuel. Dans celui-ci, elle a signalé une augmentation de 4 % du nombre de sociétés qu’ils ont certifiées. En plus des sociétés étrangères, 92 % des entreprises d’aliments belges sont affiliées. Une liste de contrôle pour la fraude représente la nouveauté de cette année.

Temps de lecture : 5 min

Lors de l’assemblée générale d’Ovocom, la présidente Ann Nachtergaele a rapidement présenté les points les plus importants de l’année 2017. Ensuite, Johny Vansevenant, journaliste radio de la VRT, a lui emmené un débat léger mais qui donne à réfléchir sur les actualités du secteur.

Le pourquoi d’Ovocom

Après la crise de la dioxine, les quatre maillons de la chaîne alimentaire animale (industrie de l’alimentation animale, commerce, transport et industrie alimentaire) ont mis en place la plateforme Ovocom. En se dotant d’un système de sécurité alimentaire, les membres espéraient retrouver une certaine confiance dans le secteur.

D’abord connu sous le nom de « Règlement GMP », Ovocom a changé le nom de ce cahier des charges il y a 3 ans pour « Feed Chain Alliance » (FCA). Les entreprises certifiées subissent au moins un audit chaque année. En outre, la plateforme croit fermement à l’autocontrôle, pour lequel elle propose un guide d’autocontrôle et une assistance à la mise en œuvre.

Résultats de 2017

Les sites certifiés FCA, au nombre de 2.204 l’année dernière, ont accès au « Crisis Journal » qui regroupe les incidents. Ovocom analyse et compile les informations issues des rapports pour ses membres. L’organisation mentionne 96 cas en 2017, dont près de la moitié était microbiologique (49 %). Un peu moins de 18 % ont dû faire face à des résidus de pesticides, tandis qu’un bon 9 % a détecté des mycotoxines. L’année précédente, en 2016, Ovocom avait 86 incidents à signaler.

En ce qui concerne les non-conformités (NC) dans ses propres contrôles, Ovocom donne peu de chiffres. « En 2017, la plupart des NC provenait d’un changement dans la législation ou la norme FCA », indique le rapport annuel. Dans les sociétés de production, la NC la plus notable est liée à l’étiquetage. « Il s’agit d’un point d’attention délicat qui revient souvent dans nos rapports. », explique Ovocom. De plus, l’organisation observe également des problèmes dans la lutte antiparasitaire et les tests d’homogénéité.

La crise de la dioxine et les médias

Johny Vansevenant a déclaré aux participants qu’il était présent à l’origine de la crise de la dioxine dans les médias. « Piet Vanthemsche avait envoyé un message dans lequel il disait qu’une substance avait fini dans l’alimentation des animaux, mais que tout avait été résolu. Je l’ai appelé alors, et cette interview a lancé l’histoire de la crise de la dioxine, une histoire explosive », a-t-il indiqué. « J’ai vu Jean-Luc Dehaene totalement perdre les pédales. »

Il a ensuite demandé aux membres d’Ovocom si les médias n’évaluaient pas trop subjectivement le secteur des aliments pour animaux. Une majorité des participants étaient d’accord. « Ils sont toujours en train de dramatiser la moindre situation anodine », a déclaré un participant. « Ils ne rapportent que de mauvaises nouvelles, jamais de bonnes, alors que la situation s’est énormément améliorée », a dit un autre.

Yvan Dejaegher, de l’association des producteurs d’aliments BFA, a toutefois fait son mea culpa : « Nous aurions dû mieux communiquer pendant la crise de la dioxine. Avec Ovocom, nous sommes beaucoup mieux préparés. Au sein du secteur, tout le monde doit travailler ensemble pour créer une meilleure image, également au sujet du bien-être animal et des antibiotiques. »

Possible sans OGM ?

Le deuxième débat a également fait réagir. La question portait sur l’opportunité d’un ensemble distinct de spécifications pour les aliments sans OGM, comme ce qui est fait, par exemple, avec la norme allemande VLOG. « Ce système est hypocrite », a tout de suite rétorqué Yvan Dejaegher. « Il n’y a pratiquement aucun contrôle, et encore moins de punition. De plus, l’interdiction ne s’applique qu’à partir du moment où les porcs pèsent 40 kilos. Avant ça, ils peuvent manger du soja OGM ! Comment expliquez-vous cela au consommateur ? »

D’autres ont parlé de certains supermarchés qui insistent pour obtenir un label sans OGM. Bart Verhulst, directeur général d’Ovocom, a averti que les producteurs d’aliments pour animaux risqueront d’être soumis à des normes étrangères, ou pire, de perdre des clients, s’ils continuent à ignorer cette question : « Le sujet est controversé, je le comprends. Cependant, la demande existe bel et bien sur le marché. Si nous ne nous assurons pas d’avoir une alternative nous-mêmes, nous serons dépassés. Que ce soit hypocrite ou non, ça n’a pas d’importance, nous devons faire quelque chose. »

Insectes ou soja ?

Johny Vansevenant voulait également savoir si les insectes supplanteraient le soja en tant qu’apport de protéines dans l’alimentation animale. Des échos positifs ont mentionné la grande efficacité de l’élevage d’insectes : 10 kg de substrat végétal donneraient un rendement de 9 kg de matériel animal. Les personnes présentes y voient d’excellentes opportunités, en particulier pour la volaille. Cela semble aussi être un contexte plus attrayant à raconter au consommateur.

Mais la montée de cette gamme reste problématique pour l’industrie, ainsi que pour la législation bien sûr. Il y a aussi peu de clarté sur le prix des insectes. « Le soja restera roi pour les quinze prochaines années. », a déclaré Yvan Dejaegher. « Nous nous assurons que nous sommes à bord du train, nous faisons des tests avec des vers de farine et des larves de mouches, mais ce n’est pas pour demain. » « Alors il faut que ce soit pour après-demain, » a insisté un convaincu.

Prévenir la fraude

La nouveauté de cette année est le document élaboré par Ovocom sur la prévention de la fraude. C’est une liste de contrôle qui permet aux entreprises de la FCA d’identifier les faiblesses en matière de fraude dans leurs processus. « Les événements récents ont montré que personne n’est à l’abri de la fraude ou du crime, pas même la chaîne alimentaire animale », a déclaré Ann Nachtergaele.

Avec ce nouveau document, Johny Vansevenant a demandé à l’assemblée si elle estimait que les auditeurs étaient formés pour découvrir la fraude. Le non est majoritairement ressorti. Cela peut fonctionner avec l’expérience, mais l’intégrer dans la formation est difficile, semble-t-il.

D’après DC

A lire aussi en Elevage

La luzerne, un fourrage qualitatif à envisager dans la rotation

Elevage Riche en protéines, résistante aux conditions sèches, très bien valorisée par le cheptel… La luzerne présente de nombreux atouts. Pour en tirer le plus grand profit, il convient néanmoins de l’implanter sur des parcelles adaptées et de la faucher au moment opportun.
Voir plus d'articles