Accueil Législation

Monsanto sur le banc des accusés dans un procès visant le Roundup

Monsanto s’est retrouvé lundi sur le banc des accusés lors d’un procès à San Francisco qui devra établir si son herbicide Roundup est cancérigène et si le groupe américain a volontairement caché la dangerosité de ce produit élaboré à partir du glyphosate.

Temps de lecture : 3 min

Monsanto, qui vient d’être racheté par l’allemand Bayer et dont la raison sociale devrait bientôt disparaître, est visé par la plainte de Dewayne Johnson, un particulier atteint d’un cancer en phase terminale après avoir vaporisé du Roundup pendant deux ans.

«Monsanto sait depuis 40 ans que les composants de base du Roundup peuvent provoquer des tumeurs chez des animaux de laboratoire», a affirmé, au nom de l’accusation, l’avocat Brent Wisner, au premier jour des audiences du procès à San Francisco.

C’est le premier procès visant ce produit qui fait l’objet de centaines de procédures aux Etats-Unis. Officiellement ouvert mi-juin avec les procédures de désignation du jury, il est entré dans le vif du sujet lundi et devrait durer au moins trois semaines.

«Monsanto a utilisé tous les moyens à sa disposition pour effrayer les scientifiques et s’opposer aux chercheurs», a accusé Me Wisner en affirmant que Monsanto avait tout fait pour dissimuler le lien entre son produit et les risques de cancer.

Vendu depuis plus de 40 ans, le Roundup, l’un des herbicides les plus utilisés au monde, contient du glyphosate, une substance très controversée et qui fait l’objet d’études scientifiques contradictoires quant à son caractère cancérigène.

Monsanto, qui risque des millions de dollars de dommages et intérêts dans ce seul dossier, a toujours fermement réfuté tout lien entre cancer et glyphosate.

Dewayne Johnson a été diagnostiqué il y a deux ans d’un lymphome non-hodgkinien, incurable, explique l’un de ses avocats David Dickens, du cabinet Miller, spécialisé dans la défense de particuliers s’estimant victimes de produits défectueux.

«Ce n’est pas la faute à pas de chance», ce n’est pas dû à un problème «génétique», «c’est à cause de son exposition continue au Roundup et au Ranger Pro» (produit similaire de Monsanto), qu’il a vaporisés entre 2012 et 2014 sur des terrains scolaires de la ville de Benicia, en Californie, assure Me Dickens.

La tâche de l’accusation est de convaincre les jurés du lien entre le Roundup et le cancer de Dewayne Johnson, alors qu’il n’a pas été prouvé scientifiquement en dépit de longues années de débat.

«Le cancer de M. Johnson est une terrible maladie et nous devons tous avoir la plus grande empathie pour l’épreuve qu’il traverse», a souligné lundi au tribunal l’avocat de Monsanto George Lombardi. «Les preuves scientifiques montrent que les produits à base de glyphosate ne provoquent pas le cancer et n’ont pas entraîné le cancer de M. Johnson», a-t-il toutefois ajouté.

Robert Kennedy Junior, fils de Bob Kennedy lui-même frère de l’ex-président des Etats-Unis John Kennedy assassiné en 1963, était assis au premier rang de l’auditoire lundi en tant que membre de l’équipe d’avocats rassemblée autour du plaignant.

A lire aussi en Législation

L’arsenal répressif de l’Afsca renforcé depuis le 1er janvier

Législation Un changement majeur dans la politique de sanctions de l’Afsca est entré en vigueur ce 1er janvier 2024. Depuis cette date, l’agence est en droit d’imposer des amendes administratives aux opérateurs du secteur alimentaire. Jusqu’alors, seule une proposition d’amende administrative pouvait être faite.
Voir plus d'articles