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Mercure, quand tu t’affoles

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Canicule et sécheresse, duo infernal, d’une série cauchemardesque…

Des pics de températures « estivales » ont lancé les premières escarmouches dès le mois d’avril, et encore en mai, et à nouveau en juin… avant que la sécheresse et la canicule n’alimentent ce cortège de « feu » durablement tout le mois de juillet et bien au-delà. La présente accalmie pourrait n’être que de courte durée. Qui sait ? Quiconque vit au plus proche de la nature est bien conscient de la réalité du changement climatique. Depuis 2000, les records de température moyenne à l’échelle du globe tombent les uns après les autres, aussi sûrement que s’égrènent les conférences mondiales sur le climat, les fameuses COP, qui par contre tardent à concrétiser leurs plans d’action.

À l’échelle nationale, derrière le mois de juillet 2016, celui que nous venons de vivre s’affiche comme le 2e mois le plus chaud enregistré depuis les premières observations météorologiques de l’IRM en 1833. Au plan climatologique, il n’est plus d’année normale. Les événements « remarquables » deviennent monnaie courante… au point qu’une année qui ne dérogerait pas aux « normales saisonnières » serait aujourd’hui qualifiée d’exceptionnelle !

Si le temps qu’il fait et qu’il fera fait partie des sujets qui remportent tous les suffrages dans les conversations, plus encore ces dernières semaines, les agréments et les désagréments de ces conditions estivales prolongées ne sont pas unanimement vécus et partagés. Les agriculteurs craignent, à raison, ces périodes qui s’éternisent avec un même type de temps : trop de pluie, trop de chaleur, trop de temps sec ou trop de froidure… l’excès est toujours mauvais.

Cette année, c’est le couple canicule et sécheresse qui marquera les esprits, comme il a posé son empreinte sur les terres et les prairies. Ces dernières sont devenues pour beaucoup de tristes paillassons tandis que les cultures tirent la langue et marquent très significativement le pas. Les premiers ensilages de parcelles de maïs rabougri ont même commencé çà et là, cette semaine, pour pallier un manque de fourrage. Après avoir déprimé les récoltes des céréales et colzas d’hiver notamment, le couple infernal met en souffrance toutes les cultures de printemps dont les perspectives de rendement sont à la hauteur des précipitations recueillies ces derniers mois : misérables.

Conséquence de ces moindres récoltes, la soudaine envolée des cours du blé après des années de marasme est la seule éclaircie dans ce sombre tableau, à condition bien sûr de pouvoir en bénéficier. Une envolée dont les médias n’ont pas manqué de se faire l’écho, en omettant généralement d’en nuancer la portée dans un contexte de grande fragilité économique de la plupart de nos exploitations. Ah si seulement, ils pouvaient alerter l’opinion publique avec le même élan lorsque les prix s’écrasent à la production. L’espoir fait vivre, comme l’agriculture…

M. de N.

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