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La campagne betteravière va démarrer sous tension

Les planteurs de betteraves s’inquiètent pour leur avenir proche, constatant que beaucoup d’indicateurs virent au rouge.

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Les 7.300 planteurs de betteraves du pays sont prêts à commencer la nouvelle campagne. Il s’agit de la deuxième campagne depuis la suppression des quotas betteraviers et du prix minimum au mois de septembre de l’année dernière, rappelle la CBB, dans un communiqué du 18 septembre.

Le prix du sucre européen a chuté de presque 30 % par rapport à septembre 2017 et s’élève aujourd’hui à 360 euros par tonne (490 €/t l’an passé). C’est considérablement plus bas que l’ancien prix de référence européen de 404 euros par tonne, ce qui était alors une limite minimale. Ce prix très bas exerce une pression à la baisse sur les prix contractuels de la betterave, dont les niveaux sont de 25 % plus faibles que dans le passé.

Ces prix ne couvrent donc plus les coûts de production et cela réduit l’attractivité de la culture betteravière.

La Confédération des betteraviers belges pointe aussi les conséquences de la canicule de cet été et de la sécheresse : un rendement incertain avec de grandes différences régionales.

Les betteraviers ont demandé de débuter la campagne plus tard, car les betteraves, ainsi que les conditions de récolte, ne sont pas encore optimales. Cette demande n’a pas toujours été prise en considération par les producteurs de sucre. Cela conduit certainement à une perte de revenus supplémentaire.

Sombres chiffres

Même sans tenir compte de l’impact du blocage par l’Afsca du site de la raffinerie Tirlemontoise à Wanze, la durée de la campagne dans notre pays oscillera autour de 110 jours.

La CBB prévoit un rendement betteravier par ha d’environ 72,5 tonnes, soit presque 25 % inférieur à celui de la campagne précédente. La production de sucre par ha subit une baisse substantielle de 15 % et serait de 12,7 tonnes.

Les 63.800 ha ensemencées correspondraient à environ 4,625 millions de tonnes de betteraves sucrières.

Besoin urgent d’un cadre politique approprié

« Non seulement les chiffres inquiètent le secteur », souligne Peter Haegeman, secrétaire général de la CBB, « mais c’est aussi la façon, dont les producteurs, les fabricants et le gouvernement doivent et peuvent gérer la situation actuelle de crise qui est très préoccupante. Nous nageons en pleine incertitude en ce qui concerne la future politique agricole de l’UE et en particulier en ce qui concerne les réponses que cette politique offrira aux défis du secteur. C’est pourquoi il est impératif d’avoir une discussion, sans tabou, sur la stabilisation du revenu, les outils de gestion des risques et la transparence du marché. »

La Confédération réclame également une approche durable et pragmatique des gouvernements en ce qui concerne les produits phytos. « Il faut un plan d’action ambitieux et pragmatique avec toutes les parties concernées. On doit tout mettre en œuvre pour pouvoir trouver des solutions, aussi au niveau de nouvelles techniques de reproduction et de génétique. »

En période de volatilité accrue des prix et certainement avec une forte tendance à la baisse, le secteur sucrier européen doit pouvoir se battre à armes égales sur les marchés mondiaux. « Nous demandons à la Commission, avec notre organisation européenne, la CIBE, de garantir un « level playing field », soit une règle du jeu équitable. Il faut éviter que des partenaires commerciaux non-européens puissent inonder notre marché avec du sucre commercialisé par des entreprises qui sont subventionnées par l’État, offrant considérablement moins de garanties en ce qui concerne la traçabilité et la sécurité alimentaire qu’en Europe, » estime encore Peter Haegeman.

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