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PPA: analyser et évacuer les sangliers contaminés, sans propager le virus!

Poursuivant son objectif d’éradication de la peste porcine africaine, la Wallonie a installé un centre de collecte des carcasses de sangliers à Virton. Celui-ci permet d’optimiser le travail des différentes équipes présentes sur le terrain, dans le respect de strictes règles de biosécurité.

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En province de Luxembourg, dans le périmètre de 63.000 ha maintenant divisé en trois zones, la recherche de carcasses de sangliers infectés par la peste porcine africaine (PPA) se poursuit inlassablement. Et tend même à s’intensifier avec l’arrivée d’un détachement de 20 militaires venus prêter main-forte aux agents du DNF, chasseurs et titulaires de droit de chasse parcourant déjà cet immense territoire, composé pour moitié de bois et forêts.

Mais comment se déroulent ces opérations, ô combien importantes pour éviter toute propagation du virus ? Qu’advient-il des carcasses retrouvées ? Comment se déroulent les analyses ? Pour le savoir, le ministre wallon de l’Agriculture, René Collin, a convié la presse à une visite – dans un strict respect des mesures de biosécurité ! – du centre de collecte de Virton par lequel transitent toutes les carcasses retrouvées.

Recherche, analyse et élimination !

Sur le terrain, les premiers acteurs à entrer en action sont les agents du DNF. Ceux-ci parcourent hebdomadairement leur triage en quête de carcasses de sangliers. « Cette recherche, et l’évacuation qui suit, sont primordiales. Elles visent à réduire autant que possible la charge virale dans l’environnement », commente David Storms, chef du cantonnement de Virton.

« Pour éradiquer le virus, nous devons à tout prix éviter que les sangliers se dispersent », insiste David Storms.
« Pour éradiquer le virus, nous devons à tout prix éviter que les sangliers se dispersent », insiste David Storms. - J.V.

« Une fois qu’une carcasse est retrouvée, l’agent se met immédiatement en relation avec la Protection civile, tout en restant à distance de l’animal. » Interdiction formelle donc de s’en approcher ou de le toucher !

« Lorsqu’un agent du DNF nous contacte, nous venons chercher la carcasse avec un maximum de précaution pour éviter la dispersion du virus », poursuit Stéphane Bairin, officier à la Protection civile de Libramont. En effet, le cadavre est placé dans une bâche, elle-même mise dans un container. Le tout prend alors la direction du centre de collecte de Virton, installé dans le district routier du Service public de Wallonie depuis le 8 octobre.

Sur place, la carcasse est remise à une équipe de vétérinaires de l’Université de Liège placée sous la responsabilité du professeur Annick Linden, en charge du Réseau de surveillance sanitaire de la faune sauvage.

« Un prélèvement est effectué au niveau de la rate, car il s’agit de l’organe le plus susceptible de porter le virus de la peste porcine africaine », explique Annick Linden.
« Un prélèvement est effectué au niveau de la rate, car il s’agit de l’organe le plus susceptible de porter le virus de la peste porcine africaine », explique Annick Linden. - J.V.

« Quand le cadavre arrive entre nos mains, des échantillons sont prélevés autour du nez et de la bouche et au niveau de la rate. Car ce sont les organes les plus susceptibles de porter le virus », explique-t-elle. Toutefois, lorsque l’animal se trouve dans un état de décomposition avancée, les vétérinaires doivent se contenter de prélever un os ; la moelle étant également porteuse. Le tout est ensuite envoyé au laboratoire de référence Sciensano, à Bruxelles, où sont menées les analyses confirmant ou non l’infection par la PPA. « Entre la découverte d’une carcasse et les résultats de l’analyse, il s’écoule au maximum trois jours », ajoute-t-elle.

Un échantillonnage est effectué au niveau du museau de l’animal,  pour autant que l’état de la carcasse le permette.
Un échantillonnage est effectué au niveau du museau de l’animal, pour autant que l’état de la carcasse le permette. - J.V.

Quant aux dépouilles, ou du moins ce qu’il en reste, elles sont remises à Rendac qui les achemine jusqu’à son clos d’équarrissage de Denderleeuw et les y élimine.

En toute sécurité

Ces différentes opérations se font dans le respect de strictes mesures de biosécurité, en vue d’éradiquer la maladie. Ainsi, les différents opérateurs en contact avec les carcasses, qu’ils soient agents de la protection civile ou vétérinaires, portent une combinaison intégrale, des gants, des lunettes et des bottes. Ici encore, l’objectif est d’éviter toute propagation du virus.

Pour les mêmes raisons, le véhicule tout-terrain dédié au transport des carcasses est désinfecté dès sa sortie de la forêt. La camionnette acheminant l’animal de la forêt au centre de collecte est elle aussi précautionneusement traitée. Arrivée à Virton, elle roule dans un pédiluve et ses roues, passages de roue, hayon… sont traités au désinfectant. Si elle est boueuse et doit être lavée avant de pénétrer dans la zone d’autopsie, les eaux de nettoyage sont pompées et traitées.

Après le déchargement du container contenant la carcasse, le véhicule de la protection civile est minutieusement désinfecté afin d’éviter tout risque de propagation du virus.
Après le déchargement du container contenant la carcasse, le véhicule de la protection civile est minutieusement désinfecté afin d’éviter tout risque de propagation du virus. - J.V.

Tous les containers dédiés aux transports des dépouilles sont eux aussi systématiquement désinfectés, de même que le matériel utilisé.

En forêt aussi, des mesures sont prises. En effet, le sol sur lequel gisait le cadavre est désinfecté avec de la chaux vive.

Clôturer et éradiquer

Par ailleurs, le ministre Collin a profité de cette visite pour détailler les mesures prises quant à l’installation du réseau de clôtures dans la zone tampon. L’installation de celles-ci a débuté ce mardi 23 octobre entre Valensart et Dampicourt ainsi qu’entre Chenois et Aubange, après que le travail préparatif (taille des haies et gyrobroyage) ait été achevé.

« Le réseau mis en place doit permettre d’éviter les déplacements des sangliers entre l’est et l’ouest et entre le nord et le sud, mais il n’a jamais été question d’installer un enclos hermétique », précise-t-il. « Cette option est d’ailleurs impossible à mettre en place car il y a des villages, des maisons, des routes… dans ce périmètre. »

« Avant le 8 octobre, les prélèvements se faisaient en forêt... La procédure actuelle  est nettement plus sûre », commente  Annick Linden.
« Avant le 8 octobre, les prélèvements se faisaient en forêt... La procédure actuelle est nettement plus sûre », commente Annick Linden. - J.V.

L’éradication totale des sangliers vivant dans les zones noyau et tampon ne débutera qu’une fois que le nombre de carcasses retrouvées sera en nette diminution. « Débuter la mise à mort dès maintenant est trop dangereux. Les sangliers infectés risquent de se disperser et d’en contaminer d’autres », commente David Storms. Avant de rappeler : « Selon les experts, nous devons nous attendre à retrouver 300 à 400 carcasses infectées. Nous n’en sommes qu’à 104… ».

Dans la troisième zone, dite d’observation renforcée, la destruction des sangliers a déjà débuté. Pour y parvenir, les tirs de nuit ont d’ailleurs été autorisés, une première en Wallonie ! Rappelons néanmoins que pour chasser et détruire les suidés au sein de ce périmètre, il convient d’avoir suivi une formation aux règles de biosécurité.

Enfin, tout sanglier retrouvé mort en dehors d’une de ces trois zones doit être signalé aux autorités par l’entremise du Call center 1718 de la Wallonie.

J.V.

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