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Les limaces attaquent? Observez… et ripostez sans tarder!

Colza, pomme de terre, betterave… Aucune culture n’est épargnée des limaces. Très voraces, elles peuvent causer de graves dégâts aux parcelles cultivées. Afin de ne pas voir sa future récolte anéantie, l’agriculteur se doit de réagir. Outre l’utilisation d’anti-limaces, de nombreux autres moyens de lutte se présentent à lui.

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Très différentes des ravageurs habituellement rencontrés en grandes cultures que sont les insectes et les acariens, les limaces n’en sont pas moins responsables d’importants dégâts. Ainsi, la limace grise ( Deroceras reticulatum ) est particulièrement crainte en culture de colza ; les limaces noires ( Arion hortensis et Arion distinctus ) le sont en pommes de terre et céréales.

Réduire l’impact de ces nuisibles sur les cultures est néanmoins possible, notamment par la mise en œuvre, parfois très simple, de diverses pratiques agricoles. Afin de guider les agriculteurs sur celles-ci, l’Association pour la promotion des oléagineux et protéagineux avait invité André Chabert, spécialiste français de l’Association de coordination technique agricole (Acta), lors de son assemblée générale, en février dernier.

Nuisibilité variable

Essentiellement nocturnes, les limaces se regroupent dans les zones les plus humides des parcelles agricoles, si possible sous un abri. Très voraces, elles font plusieurs repas durant la nuit, engendrant d’importantes pertes en colza, tournesol, betterave, pomme de terre… pouvant, dans certains cas, conduire à un resemis.

Définir un seuil de nuisibilité est toutefois difficile. Et André Chabert d’expliquer : « Dans certains cas, 90 à 100 % des plants de colza d’une parcelle sont manquants et on dénombre 30 limaces par m². Dans d’autres, une seule limace par m² suffit à causer les mêmes dégâts. Difficile dans ce cas de tirer des conclusions quant à un seuil de nuisibilité… »

En outre, nombre de facteurs sur lesquels l’agriculteur ne peut intervenir influencent la nuisibilité des populations de limaces. C’est notamment le cas du type de sol : les dégâts semblent être plus étendus sur sol argileux que sur sol limoneux. Le climat joue également un rôle. Ainsi, betteraves et maïs seraient mieux protégés en cas de printemps chaud. « En règle générale, les limaces ne sont pas rencontrées à des températures inférieures à -1ºC ou supérieures à 26ºC », complète-t-il. La teneur en eau du sol influe aussi sur leur présence : une teneur en humidité de 10 % dans les cinq premiers cm du sol constitue un minimum vital. La ponte est également dépendante de ces deux derniers facteurs.

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Lorsque les cultures intermédiaires n’étaient pas obligatoires, les limaces mouraient affamées et les populations s’effondraient
», constate André Chabert.
« Lorsque les cultures intermédiaires n’étaient pas obligatoires, les limaces mouraient affamées et les populations s’effondraient », constate André Chabert. - J.V.

Observer les populations

Afin d’observer au mieux les populations, le piégeage des limaces doit s’effectuer dans certaines conditions : sol humide, températures compatibles avec leur activité, aucun travail du sol trop récent et placement d’un nombre suffisant de pièges.

Le piégeage doit également être effectué aux moments propices. André Chabert identifie cinq périodes adéquates : dans la culture précédente, dans la période d’interculture, 2 à 3 semaines avant le semis, entre le semis et la levée, après la levée.

Chaque période présente des avantages. Piéger avant le semis permet d’apprécier le risque et de décider, ou non, d’une application d’anti-limaces lors du semis. Entre le semis et la levée, le piégeage permet de prendre une décision quant à un possible traitement avant la levée. Après la levée, il permet de confirmer l’origine des dégâts et d’éviter toute confusion entre diverses causes de mauvaise levée afin d’effectuer le traitement adéquat.

Les pics d’observation des limaces grises correspondent généralement aux deux pics observés dans leur cycle de vie. Le premier survient de mi-mars à début juillet et correspond au développement de la génération de printemps. Le second, débutant en septembre, correspond à la génération d’automne (voir ci-dessous ).

Priorité aux pratiques culturales ?

Les pratiques agricoles, quelles qu’elles soient, pèsent sur la survie des limaces. André Chabert : « La rotation des cultures joue déjà un rôle important. Nous avons remarqué que les populations sont toujours plus importantes après les cultures d’hiver ». Les repousses, véritables habitat et garde-manger, contribuent à la prolifération des limaces.

Le choix des cultures intermédiaires entre également en ligne de compte. En effet, toutes n’ont pas la même appétence pour les limaces (tableau 1). Par exemple, colza et seigle sont fortement appétés, au contraire des moutardes ou de la féverole. « Toutefois, toutes les variétés n’ont pas été systématiquement testées et des nuances doivent probablement être apportées pour certaines espèces », ajoute-t-il.

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Du côté du travail du sol, le déchaumage, comme tout autre travail superficiel, réduit la prolifération des limaces. Il en va de même du roulage. Une préparation plus fine du lit de semis contribue également à atteindre cet objectif.

La survie des populations en non-labour pose quant à elle question. Certaines études anglaises, allemandes et françaises ont montré qu’elles étaient jusqu’à cinq fois plus nombreuses sur les terres non labourées, en comparaison avec des terres labourées. Des résultats que l’expert tempère : « De mon côté, je n’ai jamais constaté une telle différence. Lorsque l’on passe en non-labour, un nouvel écosystème se crée sur la parcelle. Les populations d’auxiliaires se développent alors progressivement, parmi lesquels des carabes se nourrissant de limaces ».

Les stratégies de lutte ne se limitent néanmoins pas à celles listées ci-dessus. Le tableau 2 expose diverses autres solutions, des plus faciles au plus difficiles.

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La lutte chimique, en dernier recours

Dans certains cas, la lutte chimique constitue la seule solution. Pour soucis d’efficacité, M Chabert recommande alors d’appliquer le traitement anti-limaces au semis plutôt qu’à la levée. « Pour les limaces grises et noires, le traitement en surface semble plus efficace que le traitement dans la ligne de semis », met-il encore en évidence.

« Avant d’en arriver à la lutte chimique, privilégiez toujours les alternatives. »

En cas de forte activité des ravageurs, le traitement devra être renouvelé. Sans oublier que la pluie influencera la durée d’efficacité des granulés anti-limaces appliqués.

J.V.

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