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La lutte intégrée – IPM –, c’est maintenant!

La lutte intégrée contre les ennemis des cultures peut se résumer comme suit: prévenir - observer - réfléchir avant de traiter. Pour y parvenir, 8 grands principes doivent être respectés qui se déclinent en actions de niveaux 1, 2 et 3 .

Temps de lecture : 4 min

La lutte intégrée contre les ennemis des cultures est désignée par le terme IPM pour Integrated Pest Management. Elle fait partie de ces mesures, comme la phytolicence, qui doivent être mises en œuvre au niveau européen pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable. Elle promeut le faible apport en pesticides grâce à la prévention et au recours privilégié aux méthodes non chimiques..

Concernant tous les utilisateurs professionnels de produits phyto, elle se résume par « prévenir-observer-réfléchir avant de traiter », ce qui se traduit par 8 grands principes à respecter : appliquer les bonnes pratiques agricoles, suivre les avertissements, respecter les seuils d’intervention, pratiquer des méthodes alternatives de lutte, bien choisir les pesticides, raisonner les doses et fréquences de traitement, appliquer des stratégies anti-résistance, vérifier le taux de réussite des mesures et mettre en œuvre une traçabilité, et enfin respecter le cahier de charges et tenir un registre.

Ces principes se déclinent en actions spécifiées dans le cahier de charges en lutte intégrée. Certaines sont impératives (niveau 1), d’autres sont des recommandations (niveau 3). Entre les deux il y a le niveau 2 pour lequel 70% des mesures proposées doivent être mises en œuvre, au choix.

Les mesures obligatoires sont les exigences réglementaires connues (rotation en pomme de terre, respect de l’étiquette pour l’usage des phyto) et des mesures qui relèvent d’un bon sens déjà appliqué (opérer ses choix variétaux sur la base de leurs profil de résistance aux maladies, ...).

Beaucoup des mesures de niveau 2 relèvent des bonnes pratiques agricoles: rotation, prévention, suivi des cultures, choix des produits les plus efficaces et les moins toxiques, raisonnement des interventions, etc.

Traçabilité!

La vraie nouveauté de l’IPM, c’est la nécessité de traçabilité de ces actions : il faut vérifier l’application des points du cahier de charge. Ceci peut-être fait aisément par exemple en complétant le même registre que pour la traçabilité (guide sectoriel) et pour les SIE (Surfaces d’intérêt écologique dans le cadre du paiement vert). Pour faciliter les contrôles, l’utilisateur veillera à y enregistrer, pour chaque parcelle, les informations déjà demandées pour la traçabilité (identification de la parcelle, culture, variété, traitements, date de chaque traitement, nom commercial des produits et doses appliquées) ainsi que le précédent cultural. On conseille aussi d’y mentionner l’ennemi visé et sur quelle base on a décidé de réaliser le traitement (avertissement, observation, conseil,…). Le registre peut prendre la forme d’un carnet de champ, d’un classeur, cahier, ou d’un registre informatique.

Et le contrôle de l’IPM?

Différents choix sont possibles en matière de contrôle. Pour ceux qui respectent le Standard Végaplan (anciennement GIQF), le cahier de charge IPM est déjà intégré dans leur cahier de charge. Ces agriculteurs n’ont aucune démarche supplémentaire à effectuer.

Les autres exploitants agricoles ont deux options pour démontrer qu’ils respectent la lutte intégrée:

– soit ils s’enregistrent auprès d’un organisme de contrôle indépendant (OCI) qui vérifiera au minimum tous les 3 ans, moyennant des frais, que le cahier de charge est bien respecté et qui délivrera un certificat de « lutte intégrée »;

– soit s’assurer par eux-mêmes que le cahier de charge est bien respecté et pouvoir le démontrer lors de contrôles effectués sur une base aléatoire par le Département de la Police et des Contrôles de l’Administration wallonne.

L’exploitation qui est déjà engagée dans un cahier de charge de type Guide sectoriel pour la traçabilité avec un OCI peut contacter son OCI pour demander ce que coûterait une extension à l’IPM. Le choix d’un seul OCI, non obligatoire, peut s’envisager judicieusement pour globaliser les cahiers de charges complémentaires, les frais et pour n’avoir qu’un seul audit de contrôle complet pour l’ensemble.

Pour ceux qui ne souhaitent pas s’enregistrer auprès d’un organisme de contrôle, le cahier de charge à respecter sera bientôt disponible sur le site de Végaplan (www.vegaplan.be).

Il faut noter que les agriculteurs qui n’auraient pas un numéro d’identification pour bénéficier des aides agricoles (n° SIGeC) devront obligatoirement passer par un OCI, ce qui est fréquemment le cas pour les arboriculteurs et les horticulteurs.

Bio, fruits à pépins et prairies

Les agriculteurs dont l’unité de production est sous le contrôle du système de production biologique ne sont pas tenus de tenir compte du cahier de charges IPM, vu qu’ils sont considérés comme respectant déjà tous ses principes. Il en va de même pour les producteurs soumis au contrôle de la production intégrée de fruits à pépins pour les cultures concernées. Sur la partie éventuelle de l’exploitation qui ne relèverait pas de ces systèmes de contrôle, l’exploitant est tenu d’appliquer l’IPM et de répondre à son cahier de charge.

Enfin, le professionnel qui n’effectuerait que des traitements localisés contre les chardons et les rumex (prairies) n’est pas soumis à l’obligation de l’IPM.

Philippe Nihoul

, Spw, Direction R&D, Service extérieur, Wavre

Hélène Klinkenberg

, Spw, Direction de la Qualité, Namur

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