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Les sanglots longs des nez longs

PPA, où t’es. Où t’es ? Où t’es ? La complainte des sangliers wallons n’en finit pas d’endeuiller nos forêts. Leur saga singulière s’éternise, et le périmètre de sécurité frôle nos hauts plateaux ardennais. Pauvres gorets gaumais ! Adieu pâtés, boudins, rillettes, petits salés, jambons et tête pressée, issus des cochons d’Étalle, Saint-Léger ou Rachecourt… Les plus à plaindre sont nos amis aux longs nez, malades de la peste : haro sur les Gaumais ! En vérité, les vrais coupables de l’épidémie seront-ils un jour identifiés ?

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Sangliers de la zone infernale et maïeur de Neufchâteau : même combat ! Ils sont présumés coupables avant d’être jugés. On les entoure de clôtures grillagées, on les poursuit, on les massacre, on les brûle au bûcher des médias. Tuez-les tous, l’Afsca reconnaîtra les siens ! L’indulgence plénière (et une jolie prime) est accordée aux chasseurs, lesquels s’en donnent à cœur joie, et partent en croisade anti-PPA aux côtés de la DNF et de l’Agence de Sécurité Alimentaire. Et malgré tout ce beau monde collé à leurs basques, les cochons sauvages aux longs nez continuent de courir… et de mourir à gauche et à droite, glas sanglant pour sangliers ! Dans la zone de sécurité, ils sont collectés et analysés. Ailleurs, en dehors de cette zone, en France par exemple, ils disparaissent sans laisser de traces… Mystère ! Personne n’ira se vanter d’avoir chez lui un pestiféré, au risque de voir ses forêts frappées d’interdiction de circuler. Allez hop, une pelle et une pioche, et le long nez malade est enterré vite fait au fond des bois, ni vu ni connu. Chacun pour soi, la PPA pour celui qui l’a, et les cochons seront bien gardés. Les voies des saigneurs sont impénétrables, sentiers de sangliers aux cent pieds…

PPA, où t’es, où t’es ? Et d’où viens-tu ? On a accusé l’armée, le sandwich au jambon d’un routier roumain, quoi d’autre ? Qui d’autre ? Un virus ne fait pas des milliers de kilomètres à la vitesse d’un train express ! Les enquêteurs auraient-ils une candeur d’avance ? Serait-ce un loup, ce même loup que l’on voit partout en Ardenne et en Gaume, du côté de Radelange ou d’Ébly ? Un sanglier mutant, muni d’un turbo-réacteur ? Il se passe de drôles de choses, dans les forêts ardennaises et gaumaises. Dans certains triages, on a rencontré, les années passées, de singuliers sangliers aux hures ensanglantées, aux nez cassés, blessés aux pattes antérieures ! Que leur est-il arrivé ? Ne seraient-ils pas tombés, par le plus grand des hasards, de la rampe trop haute d’un camion de transport à étage, déversés en forêt au petit matin d’une chasse, durant laquelle de riches nemrods aux bras longs (banquiers, notables, politiciens…), s’amusent à flinguer tout ce qui bouge, à plumes et à poils ?

Les sanglots longs des longs nez cassés blessent nos cœurs d’une rancœur écœurée. La peste porcine africaine est venue chez nous par des chemins détournés, invisibles, dissimulés par l’omertà qui occulte le monde de la chasse. Les sangliers de nos forêts ne sont ni peureux, ni racistes : ils ont accueilli sans crainte les réfugiés cynégétiques venus de l’Est, amenés de force pour servir de cibles vivantes à quelques fous de la gâchette. Le virus de la PPA n’en demandait pas tant ! Il s’est installé chez nous, en province de Luxembourg, avec une horreur d’avance pour notre animal symbolique. La PPA résiste et mord, aux portes de l’Ardenne…

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