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Réseau wallon d’essais variétaux en escourgeon: les résultats et recommandations pour les semis!

Le renouvellement variétal se poursuit en orge d’hiver, aussi bien pour les lignées que pour les hybrides.

Temps de lecture : 7 min

Les résultats des variétés d’escourgeon en 2019 proviennent d’un réseau de 6 essais (4 au minimum). Ceux-ci étaient répartis sur l’ensemble de la Wallonie : 2 essais mis en place par le Carah situés à Ath et Mainvault (Hainaut), 3 essais conduits par le Centre wallon de recherches agronomiques et situés à Gembloux (Namur), Acosse (Hesbaye liégeoise) et Scy (Condroz-Famenne), et un essai implanté à Lonzée (Gembloux) dans le cadre du Cepicop.

Les résultats en 2019…

Le tableau 1 présente les résultats de 25 variétés dont 7 variétés hybrides dans les six essais conduits selon une protection complète (soit un ou deux traitements fongicides en fonction de la pression locale des maladies). Ces résultats sont exprimés en % des 4 variétés témoins (KWS Tonic, Quadriga, Rafaela, LG Veronika). Les rendements moyens de chaque essai sont formulés en kg/ha en bas de tableau.

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« Les hybrides arrivent en tête de classement. Les variétés Wootan (h), Jettoo (h), SY Galileoo (h) et Tektoo (h) se sont montrées dans l’ordre les plus performantes, cette année, lorsque l’on fait abstraction du surcoût des semences par rapport aux lignées », remarque Olivier Mahieu, du Carah.

Parmi les variétés « lignées », les variétés KWS Orbit, LG Zappa se sont montrées les plus performantes, suivies par Quadriga, KWS Tonic, Rafaela. Au rang des nouveautés, KWS Faro, Coccinel, KWS William et Paradies se distinguent, avec des résultats supérieurs ou égaux à la moyenne des témoins.

Le tableau 2 présente les rendements prenant en compte le surcoût des semences des variétés hybrides. Un surcoût moyen de 54 €/ha a été retenu ; avec un prix de vente de 140 €/t, il équivaut à 385 kg/ha de rendement. Le calcul est repris dans ce tableau 2.

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Sans prendre en compte le surcoût des semences, les hybrides se retrouvent aux 4 premières places du classement.

En prenant en compte le surcoût des semences des hybrides, les classements changent : les lignées reprennent la tête du classement, avec KWS Faro, KWS Orbit, LG Zappa, Coccinel, Quadriga, KWS William et KWS Tonic. Viennent ensuite les hybrides Wootan (h), Jettoo (h), SY Galileoo (h) qui se classent en 8, 9 et 10e position.

Les escourgeons ont affiché de bons rendements cette année. Ils auraient pu être plus élevés s’ils n’avaient pas connu quelques problèmes de fertilité d’épis.
Les escourgeons ont affiché de bons rendements cette année. Ils auraient pu être plus élevés s’ils n’avaient pas connu quelques problèmes de fertilité d’épis. - M. de N.

… et sur un horizon plus large

Le tableau 3 présente les résultats des 18 variétés présentes dans les essais depuis 2017. Ils sont exprimés en % de la moyenne des témoins (KWS Tonic, Quadriga, Rafaela, Veronika), indiquée en kg/ha en bas de tableau.

« En moyenne sur trois années d’essais, ce sont les lignées LG Zappa et KWS Orbit ex aequo avec l’hybride Smooth (h) qui arrivent en tête de classement », poursuit Olivier Mahieu.

Viennent ensuite 4 variétés hybrides – Wootan (h), Tektoo (h), Jettoo (h) et Bazooka (h) – suivies des lignées Hedwig, KWS Tonic, Quadriga et LG Veronika.

En prenant en compte le surcoût des semences des hybrides, les classements évoluent à nouveau : les lignées LG Zappa et KWS Orbit, Hedwig et KWS Tonic prennent la tête et Smooth (h) est cette fois reléguée à la 5e position. Elle arrive en tête de classement des variétés hybrides aux côtés de la variété Wootan (h).

Parmi les variétés tolérantes à la jaunisse nanisante de l’orge, Rafaela se maintient à la première place du podium sur trois ans d’essais, ex aequo avec la variété LG Zebra.

Choix variétal : considérer aussi la résistance aux maladies et aux accidents culturaux

Le tableau 4 présente le comportement aux maladies des 25 variétés sur une période moyenne de 4 ans. Il en ressort que les plus tolérantes à l’ensemble des maladies sont LG Veronika, Monique, KWS Keeper et les nouvelles variétés Coccinel et Paradies pour les lignées. En ce qui concerne les hybrides, Jettoo (h) et SY Galileoo (h) sont les plus résistantes. Les tolérances aux virus sont également de plus en plus présentes.

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Certaines variétés témoins ont des points faibles qu’il convient de connaître afin de les utiliser au mieux. Quadriga est sensible à la rouille naine, Rafaela l’est aussi à la rouille naine et en plus à la rhynchosporiose. KWS Tonic est quant à elle la variété la plus sensible aux maladies et plus particulièrement à la rouille naine.

Le tableau 5 présente les caractéristiques culturales des variétés testées. Quelques-unes requièrent une attention particulière quant à leur sensibilité à la verse. Les variétés tolérantes à la JNO, Rafaela, Margaux, Coccinel et Novira, les variétés lignées Monique et LG Zappa et les hybrides SY Galileoo (h) et SY Baracooda (h) méritent une régulation pour éviter la verse.

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En termes de précocité, LG Zappa, LG Zebra, Rafaela, LG Zodiac, KWS Faro, Hedwig se montrent les plus précoces parmi les lignées. Smooth (h) est la variété hybride la plus précoce. Les variétés les plus tardives sont KWS Keeper, SY Baracooda (h), SY Galileoo (h) et Verity.

Le tableau 6 fournit les caractéristiques technologiques des variétés testées. La variété Smooth (h) confirme une fois encore son très bon poids spécifique mais est désormais dépassée par les variétés Margaux et KWS Faro. Les variétés Rafaela et Coccinel montrent quant à elles leurs faibles résultats sur ce plan. LG Veronika, Monique et Margaux présentent les meilleurs teneurs en protéines avec des valeurs supérieures à 12 %. Du point de vue du pourcentage de grains de calibre supérieur à 2,5 mm, les variétés LG Zappa, Verity, SU Jule et LG Veronika se caractérisent par un calibre élevé.

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Lignées ou hybrides ? À chacun ses avantages et ses situations privilégiées

Les variétés d’orge hybrides sont présentes dans les essais depuis une bonne dizaine d’années. Actuellement, une variété sur trois est un hybride. La rentabilité et l’intérêt des agriculteurs à semer ces variétés est à jauger en fonction des éléments suivants.

Les terres de la zone « Condroz-Famenne » sont assez superficielles et les stress abiotiques (froid, sécheresse…) y sont ressentis davantage qu’ailleurs. Les variétés hybrides s’y comportent en général bien et s’avèrent rentables. En revanche dans les terres profondes à bonne structure, comme c’est généralement le cas en Hainaut et en Hesbaye, les variétés lignées sont souvent plus rentables que leurs homologues hybrides.

La rentabilité des hybrides par rapport aux lignées est donc avant tout dépendante du type de sol et de sa structure. Si dans les terres profondes à bonne structure, l’utilisation d’hybrides entraîne globalement une perte financière pour l’agriculteur, dans les situations plus difficiles, sols superficiels, trop filtrants ou compactés, elles ont leur intérêt et s’avèrent actuellement rentables.

Parmi les avantages des hybrides, le Livre Blanc cite également leur bon poids spécifique qui n’entraîne que très rarement de réfactions. Côté maladies, les variétés hybrides sont dans l’ensemble assez tolérantes à l’helminthosporiose et à la rhynchosporiose. En revanche, elles sont pour la plupart sensibles à la rouille naine, à l’oïdium et à la ramulariose. Par ailleurs, elles sont généralement hautes et assez sensibles à la verse. Le principal défaut des hybrides est évidemment que l’agriculteur ne peut produire lui-même ses semences : l’effet d’hétérosis qui confère à la variété ces suppléments de rendements s’estompe dès la première génération.

Cette année, le prix de la dose pour les variétés hybrides a diminué de 6 € par rapport à 2018 car le traitement de semences avec de l’Argento, protégeant systématiquement celles-ci, n’est plus autorisé. Au prix actuel des semences et pour un prix à la récolte de 140 € la tonne, le surcoût des semences d’escourgeon hybride a été évalué à 385 kg/ha.

La sélection variétale vient à la rescousse des agriculteurs dans leur lutte contre la jaunisse nanisante de l’orge, comme le montre cette vue partielle d’un essai mettant en comparaison des variétés sensibles (jaunissement) et des variétés tolérantes (vert) au virus incriminé.
La sélection variétale vient à la rescousse des agriculteurs dans leur lutte contre la jaunisse nanisante de l’orge, comme le montre cette vue partielle d’un essai mettant en comparaison des variétés sensibles (jaunissement) et des variétés tolérantes (vert) au virus incriminé. - M. de N.

Tolérances aux virus: la génétique poursuit sa progression

Depuis quelques années, la protection des escourgeons doit faire face à une recrudescence des maladies virales, notamment la jaunisse nanisante, inoculée par les pucerons, et la mosaïque de l’orge, transmise par un micro-organisme du sol (Polymyxa graminis). Bien que présent les années antérieures, ce virus n’exprime de symptômes qu’à la sortie d’hivers suffisamment rigoureux. Depuis quelques années, c’est une nouvelle souche de ce virus, le type 2 de la mosaïque de l’orge, qui se répand à travers l’Europe occidentale. «De nouveau, c’est via la sélection que la meilleure parade doit être trouvée», alerte encore Olivier Mahieu.

Des solutions variétales existent désormais et sont à promouvoir dans les situations à risque.

Pour la jaunisse nanisante, les variétés Rafaela, LG Zebra et Novira ont confirmé leur très bon niveau de tolérance. En plus de ces trois variétés, 3 nouveautés sont désormais disponibles : Paradies, Coccinel et Margaux. Sur ces 6 variétés, tout traitement insecticide est inutile.

Pour la mosaïque de l’orge, les KWS Keeper, LG Zappa et Hedwig ont été testées et leur tolérance à ce virus est avérée. Le niveau de rendement relativement élevé de ces variétés ne semble plus affecté par le coût des mécanismes de tolérance comme c’était le cas antérieurement. Elles sont dès lors recommandées lorsque l’un ou l’autre de ces virus est à craindre.

Propos recueillis par M. de N.

, d’après le Livre Blanc, septembre 2019

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