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«La Pac doit stimuler l’utilisation des technologies de précision par ses bénéficiaires», plaident la Ceettar et la Cema.

La Ceettar et la Cema appellent les États membres à concevoir un système de « bons d’échange pour l’utilisation de technologies de pointe » afin de favoriser la promotion de l’agriculture de précision en Europe.

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Une agriculture plus durable, plus compétitive et plus moderne en Europe nécessitera certainement une utilisation accrue des technologies d’agriculture de précision. Réduire la quantité d’intrants utilisés, améliorer les connaissances sur la qualité des sols ou faciliter la gestion quotidienne des données agricoles sont quelques-unes des opérations qui peuvent être rendues plus efficaces en adoptant des technologies intelligentes en agriculture.

Cependant, les défis sont immenses. Le vieillissement de la main-d’œuvre dans le secteur agricole et la capacité limitée d’investir dans les nouvelles technologies freinent le rythme de renouvellement de l’équipement. En conséquence, l’utilisation des outils de l’agriculture de précision reste peu répandue en Europe par rapport à d’autres régions agricoles des pays les plus avancés.

Pour inverser la tendance, la Confédération européenne des entrepreneurs agricoles, ruraux et forestiers (Ceettar) et l’Association européenne de l’industrie des machines agricoles (Cema) se sont associées pour proposer une mesure innovante dans le cadre de la politique agricole commune 2021 – 2027 : des « bons d’échange dédiés aux techniques d’agriculture de précision ». Ces bons donneraient aux agriculteurs accès aux technologies de pointe par l’intermédiaire des entrepreneurs qui utilisent ces techniques pour le bénéfice de l’agriculteur.

« Afin d’encourager l’utilisation des technologies innovantes pour toutes les activités agricoles, rurales et forestières, les États membres devraient élaborer leurs plans stratégiques nationaux en vue d’allouer aux agriculteurs des bons d’échange qui seraient libérés par les entrepreneurs ayant utilisé de techniques d’agriculture de précision. Le montant du bon serait calculé selon un pourcentage représentant la partie agriculture de précision dans le coût total du service presté », estime Klaus Pentzlin, président de la Ceettar.

« Pour être cohérente avec ses propres priorités, la prochaine Pac devrait encourager les investissements dans des machines performantes et efficaces et dans les technologies agricoles de précision. En utilisant de l’équipement moderne et adéquat et la main-d’œuvre qualifiée des entrepreneurs, tous les types de fermes bénéficieront du même niveau de technologie en fonction de leur taille respective », souligne Gilles Dryancour, président du Comité stratégique de la Cema.

Six technologies prioritaires

En pratique, la Ceettar et le Cema recommandent d’instaurer des conditions préalables pour que les entrepreneurs puissent fournir les services proposés, notamment en termes de traçabilité du travail effectué, car les effets de cette mesure seront d’autant plus profitables que l’usage de ces nouvelles technologies sera important. Nous pensons également que chaque État membre devrait créer un registre afin qu’ils puissent établir que le service est effectivement presté par un entrepreneur.

Les technologies de pointe à considérer en premier lieu comme faisant partie de l’agriculture de précision sont :

– les systèmes de guidage de machine ou d’équipement par gps différentiel (dgps) ou par caméra ;

– les technologies avancées pour l’acquisition de données et la communication ;

– les équipements pour la mesure du rendement et autres données obtenues par mesure proche infra-rouge (teneur en éléments nutritifs et en matière sèche…) ;

– les équipements d’application à débit variable pour le dosage graduel des éléments nutritifs, la pulvérisation… et la saisie des données appliquées ;

– les technologies sur les tracteurs et systèmes permettant une analyse des données et une application spécifique des produits sur base d’une carte de répartition prédéfinie (carte d’application) ;

– les outils et les services d’aide à la décision.

Le système de bons devrait être neutre sur le plan technologique et aussi harmonisé que possible dans toute l’Union européenne pour éviter les distorsions du marché. Il devrait exclure les modifications non autorisées de l’équipement ou les réaménagements qui annulent la réception du type de machine initialement approuvé. Ce système devrait être bien défini dans le temps et dans son champ d’application, afin d’offrir une sécurité juridique suffisante aux investisseurs, aux entrepreneurs et aux fabricants.

Des avantages aussi pour les jeunes

Un soutien supplémentaire proportionnel devrait aussi être accordé à l’agriculteur qui adopte au moins quatre technologies, prouvant qu’il utilise un ensemble complet d’outils numériques dans son exploitation. Le montant du bon fourni à l’agriculteur devrait dépendre du nombre total d’hectares pour lesquels il utiliserait les services agricoles de précision de l’entrepreneur.

Le soutien indirect apporté aux entrepreneurs par le biais de ces bons d’échange incitera également les jeunes à s’intégrer dans un environnement économique qui revêt une importance croissante dans les zones rurales. Les jeunes agriculteurs n’auront donc pas besoin d’augmenter leurs coûts d’exploitation et ils auront la possibilité d’embaucher des travailleurs plus qualifiés. L’agriculteur bénéficiera également d’un meilleur rendement et de coûts d’intrants moins élevés.

Enfin, les bons d’échange devraient être disponibles dans tous les États membres afin de garantir des conditions de concurrence géographique équitables pour ce qui concerne l’utilisation des technologies de précision. Dans cette optique, les valeurs standards des technologies agricoles devraient être fixées au niveau des États membres.

La Ceettar et la Cema

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