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Maïs: des stratégies pour une lutte herbicide optimale? Suivez le guide!

Très présente dans les fermes, la culture de maïs nécessite, outre une excellente implantation et une fertilisation bien dosée, une parfaite maîtrise de la concurence exercée par les adventices. Préémergence, dicotylées annuelles, graminées estivales, vivaces…, le Centre indépendant de promotion fourragère indique la marche à suivre. Des recommandations basées sur une expertise à toute épreuve !

Temps de lecture : 9 min

La réussite d’un traitement de préémergence est fortement tributaire de la qualité de préparation de sol et des conditions d’humidité au moment de l’application. Après les printemps 2010 et 2011 très secs en avril-mai qui n’ont offert que peu de possibilités de traiter valablement à ce stade précoce, les cinq dernières années ont offert des conditions optimales et la réussite était au rendez-vous.

Faut-il encore traiter en préémergence ?

Si les dernières années n’avaient guère apporté de nouveautés dans ce domaine, le maintien de la terbuthylazine avait toutefois permis d’envisager des traitements complets en combinant trois matières actives.

En présence de terbuthylazine, lorsque ces conditions favorables sont réunies, il est possible d’éliminer l’ensemble des annuelles classiques et de contrôler des graminées plus difficiles tels que les panics schinzii et dichotomes. Par contre, les vivaces (liserons, rumex, chardons, chiendents…) imposent une intervention en postémergence.

Les principales substances actives (flufénacet, isoxaflutole, pendiméthaline) utilisées en préémergence ont une sélectivité de position . Elles ne peuvent entrer en contact avec la graine de maïs en germination (profondeur de semis 3 à 5 cm nécessaire).

L’application sur un sol sec avant une pluie abondante n’est donc pas sans risque surtout s’il s’agit d’un sol léger.

La présence sur le marché de l’Aspect T avec un partenaire, permet une destruction complète de toutes les adventices annuelles en un seul passage. Il faut toutefois être attentif aux contraintes d’application de ce produit qui imposent dans le cadre de la protection des plantes non ciblées et des arthropodes/insectes non ciblées, l’utilisation de jets antidérive de 50 % sur toute la parcelle qu’elle se situe ou non le long d’une eau de surface.

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Les traitements conseillés sont énumérés dans le tableau 1.

Notons que l’Aspect T est également proposé sous les appellations commerciales Promess et Andes.

Si antérieurement, l’intervention de préémergence, sans terbuthylazine, s’avérait sans garantie de réussite, l’arrivée sur le marché de l’Adengo TCMX a fait évoluer cette option positivement.

En effet, les associations Adengo 0,25 l + Camix 1,25 l ou Adengo 0,25 l + Stomp Aqua (Most Micro) 1,5 l présentent toutes deux un spectre quasi complet, la renouée liseron étant la seule faiblesse de cette combinaison. Attention toutefois à bien nettoyer le pulvérisateur si ces traitements maïs s’intercalent entre des pulvérisations de parcelles de betteraves !

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La réussite est toutefois liée à une bonne préparation du sol (terre suffisamment émiettée) et à une humidité suffisante au moment de l’application. Les traitements conseillés sont décrits dans le t ableau 2 . En fonction de la combinaison choisie, différentes adventices peuvent échapper.

La postémergence en présence de dicotylées annuelles

Absence de panics, sétaires, digitaires

Comme l’indique le tableau 3, en présence de dicotylées annuelles, un traitement précoce (stade 4-5e feuille visible) avec Calaris 1 l + Dual Gold 0,7 l ou Successor 1,2 l ou Frontier Elite 0,75 l sera suffisant si les graminées classiques (vulpin, pâturin, jouet du vent…) ne sont pas tallées lors du traitement. D’autres solutions sont également efficaces.

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Le Callisto 0,7 l + Gardo Gold 2 l, le Sulcogan 0,75 l ou le Zeus 0,75 l ou le Laudis 1,5 l à 1,6 l associé à l’Aspect T 1,6 l à 1,5 l selon le stade des adventices apportent aussi une solution très efficace. L’Akris à 2 l peut également jouer le rôle de radiculaire. Si les graminées courantes précitées sont présentes, l’ajout de 0,4 à 0,5 l Samson extra 60 OD ou Accent 30 g/ha ou Monsoon active 0,75 l permet de les détruire. Ces antigraminées apportent un complément d’efficacité nécessaire si on se trouve en présence de mercuriales de 4 feuilles et plus et que l’on utilise la mésotrione ou la sulcotrione.

En présence d’amarantes, le Callisto ou le Laudis ont une efficacité nettement supérieure à celle du Zeus (ou Sulcogan). La sulcotrione et la tembotrione sont un peu plus « douces » lorsque les plantes ont une croissance ralentie par un temps frais. Le Zeus s’associe facilement avec les différents partenaires. Son action est un peu plus lente que celle du Callisto et du Laudis qui eux ont l’avantage de détruire plus rapidement des adventices qui seraient un peu plus développées. Leurs efficacités finales sont très proches sur les dicotylées annuelles classiques mais le Laudis est celui qui a la plus faible rémanence sans que toutefois cela ne pose un problème si les conditions sont suffisamment humides pour permettre une bonne efficacité du partenaire radiculaire. Le Laudis à ces doses de 1,5 à 1,6 l revient toutefois un peu plus cher que les deux autres produits à base de sulcotrione et de mésotrione.

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Pour les agriculteurs qui souhaitent traiter sans terbuthylazine, il faudra traiter plus tôt, de préférence au stade 3-4e feuille visible du maïs et être attentif à la flore observée sur la parcelle. La présence de vulpin, pâturin, jouet du vent, mercuriale, renouée des oiseaux, renouée liseron et matricaire repiquée imposera bien souvent l’ajout d’un produit complémentaire ( tableau 5 ) au schéma de base ( tableau 4 ).

Il convient toutefois d’être vigilant vis-à-vis de certains mélanges. En effet, le Monsoon active 0,75 l et le Xinca 0,25 l ne peuvent pas être associés à Laudis OD (risque de phytotoxicité).

Eviter la présence de matricaire repiquée

La matricaire n’est difficile à éliminer que si elle a été repiquée par les travaux de sol (cas de non labour ou de labour reverdi). En postémergence, lorsque les matricaires ont moins de 10 cm, les associations classiquement utilisées (Calaris 1,25 l + Dual Gold 0,6 l, Laudis 1,75 l + Aspect T 1,75 l) les contrôlent parfaitement.

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En présence des matricaires repiquées ( tableau 6 ), les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ajout de 0,25 l de Xinca ou 20 g de Peak aux mélanges classiques à base de Callisto ou de Calaris. Le Xinca est toutefois à éviter dans le cadre d’associations avec Laudis OD (risques de brûlures en conditions défavorables). Le Peak (75 % de prosulfuron) est également très efficace à la dose de 20 g par ha. Il peut être appliqué du stade 2 à 9 feuilles du maïs. Son action est toutefois beaucoup plus lente que celle des deux précédents.

Si l’on se trouve en présence de graminées et de matricaires repiquées, on utilisera de préférence le Monsoon active 1 l/ha en place du Samson extra 60OD avec la mésotrione ou la sulcotrione.

A ce stade, il est plus que temps de traiter si l'on veut éviter qu'une flore relativement simple ne pose problème.
A ce stade, il est plus que temps de traiter si l'on veut éviter qu'une flore relativement simple ne pose problème. - Cipf

En présence de dicotylées et panics-sétaires (hors digitaires)

Dans les situations réunissant des dicotylées annuelles et des panics et/ou sétaires, diverses associations de produits sont possibles ( tableau 7 ). Elles font intervenir, pour combattre les graminées estivales, des matières actives telles que le nicosulfuron (Samson extra 60 OD ou Accent), le thiencarbazone + foramsulfuron (Monsoon active), la tembotrione (Laudis).

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La mésotrione ou la sulcotrione constituent par leur spectre d’efficacité et leur rémanence la base du désherbage contre les dicotylées en postémergence. Le Laudis peut également jouer le même rôle en agissant à la fois sur les dicotylées annuelles et les graminées estivales.

Le Zeus (ou Sulcogan) et le Callisto (ou Osorno ou Starship) sont notamment utiles contre les chénopodes et arroches moins bien contrôlés par tous les produits radiculaires (excepté la pendiméthaline).

Si l’on opte pour la sulcotrione ou la mésotrione, les panics, sétaires doivent être détruits par l’action de contact d’un nicosulfuron ou du Monsoon active. Leur action est assez lente mais généralement très efficace contre ces deux adventices. Il faut surtout veiller à traiter lorsque l’hygrométrie est suffisante (traiter en soirée ou tôt le matin) si on traverse une période sèche. Vu leur faible rémanence, il faudra ajouter au traitement 2 l de Gardo Gold ou Aspect T 1,6 l ou Akris 2 l. Ceux-ci renforceront l’action par contact par leur apport en terbuthylazine tout en apportant une rémanence efficace contre les graminées annuelles.

Le stade optimum de traitement pour une bonne efficacité (destruction des adventices présentes et rémanence suffisante) se situe entre le stade 4e et 5e feuille visible du maïs (postémergence précoce) lorsque le traitement inclut de la terbuthylazine. Les panics et sétaires les plus développés ont alors généralement atteint le stade 3 feuilles à début tallage. Sans terbuthylazine, il convient de traiter un peu plus tôt sur des adventices moins développées et augmenter la dose du produit racinaire.

L’Accent peut être associé au Callisto ou au Calaris et sera appliqué sur des panics de 1 feuille à début tallage en bonne condition d’humidité de l’air et du sol.

Le Samson Extra 60 OD et le Monsoon active seront utilisés efficacement dans les mêmes conditions mais peuvent l’être également sur des panics et sétaires un peu plus développés. Ces deux antigraminées peuvent être appliqués sur des maïs ayant atteint le stade 7ème feuille visible. Sur des maïs qui croissent au ralenti à cause de conditions trop fraîches, l’association Zeus (ou Sulcogan) + nicosulfuron sera préférée à l’association Callisto ou Calaris + Samson Extra 60 OD.

Le Laudis 1,75 à 2 l + Aspect T 1,6 l peut également donner de très bons résultats contre des flores de dicotylées annuelles associées à des panics, sétaires. Son prix est comparable au mélange triple. Dans les conditions très sèches de 2011, le Laudis, favorisé par une luminosité élevée, avait démontré une efficacité très fiable contre les panics, principale difficulté dans des conditions aussi défavorables.

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Les traitements conseillés sans terbuthylazine (tableau 8) peuvent être également complétés par les produits du tableau 5 en fonction des adventices difficiles présentes

Digitaires : Laudis, la seule solution

Bien que nettement moins fréquentes que les terres avec sétaires et panics, les parcelles présentant des digitaires progressent en nombre tout comme les régions affectées. Si le nord du pays est le plus concerné, on rencontre également la digitaire filiforme et occasionnellement la digitaire sanguine dans certaines parcelles de l’Ouest du Hainaut, au nord-est de Liège, en Brabant et surtout dans les sols légers et sablonneux de la région jurassique. La levée de ces digitaires est plus tardive que celles des autres graminées.

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Suite à l’interdiction de commercialisation du Clio Elite et de l’Arietta, le Laudis (tembotrione + isoxadifen éthyl) + un antigraminée rémanent (Aspect T, Akris ou Gardo Gold) devient la seule solution de référence contre les flores complexes de graminées estivales avec digitaires filiformes, digitaires sanguines, sétaires verticillées, sétaires vertes et panics pied-de-coq du stade 1 feuille à début tallage par contact. La garantie d’une maîtrise satisfaisante des digitaires filiformes ? Un traitement très précoce pas plus tard qu’au stade tout début tallage des digitaires (tableau 9) !

Le panic schinzii s'est introduit sur quelques sites du Brabant et de la  province de Liège. Si l'on veut éviter sa dispersion, il est nécessaire de traiter en préémergence ou à un stade précoce de la postémergence.
Le panic schinzii s'est introduit sur quelques sites du Brabant et de la province de Liège. Si l'on veut éviter sa dispersion, il est nécessaire de traiter en préémergence ou à un stade précoce de la postémergence. - M. de N.

Et sur panics dichotomes et panic schinzii ?

Essentiellement localisées en régions sablonneuses du nord du pays, en Campine, ces deux graminées se retrouvent depuis quelques années dans quelques régions au sud comme le Pays de Herve et le Brabant wallon.

Le traitement Laudis 2,25 l + Aspect T 2 l ou Akris 2 l a confirmé son excellente efficacité contre ces graminées. En préémergence, en conditions humides, leur destruction était complète en apportant comme radiculaire le Frontier Elite 1,4 l ou Akris 2,25 l.

Sur la base des essais 2016, l’Adengo 0,33 l en préémergence et le Laudis WG 0,45 kg + Akris 2 l + Actirob B 1 l au stade (1 à 3 feuilles des graminées) ont également assuré un contrôle total des panics schinzii.

Enfin, il ressort que le succès d’un traitement en postémergence face à ces nouvelles graminées n’est garanti que par une pulvérisation à des stades très précoces des adventices (maximum au stade deux à trois feuilles étalées à talle 1 cm). Au-delà de ce stade, la destruction devient nettement plus problématique.

Guy Foucart,

Fabien Renard,

Jean-Paul Mazy

et Michaël Mary

Cellule développement du Centre

pilote maïs

Cipf, Ucl, Louvain-la-Neuve

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