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Les températures élevées ont un impact sur la production et le bien-être des animaux

L’été bat son plein et nous connaissons, depuis une quinzaine de jours, des températures particulièrement élevées. Comme nous, les animaux souffrent de cette situation… Le stress thermique peut fortement les impacter et ce, à divers niveaux (bien-être, production, alimentation, fertilité…). Il est donc important de protéger au maximum les troupeaux des fortes chaleurs.

Temps de lecture : 7 min

Les températures élevées impactent négativement la fertilité des animaux, la production laitière, le taux de matières utiles dans le lait ou encore la croissance des jeunes. Ce qui est loin d’être intéressant pour les éleveurs… Il est donc important d’éviter, autant que possible, que les troupeaux entrent en stress thermique voire, si possible, d’éliminer totalement ce type de situation. Tant l’éleveur que ses animaux en sortiront gagnants !

À chacun sa température de confort

Chaque espèce animale est caractérisée par une température de confort, à laquelle elle est adaptée et qui lui confère une sensation de bien-être. Chez les bovins, viandeux et laitiers, elle se situe entre 5 et 15ºC.

Il s’agit là de valeurs optimales : lorsque les vaches évoluent à ces températures, elles ne dépensent aucune énergie pour réchauffer ou refroidir leur corps. Toute l’énergie disponible peut être utilisée pour la production de lait ou de viande. A contrario, lorsque la température ambiante s’écarte de ces valeurs, l’énergie normalement dédiée à la production est redirigée pour réguler la température corporelle.

Chez les veaux, les valeurs de références sont légèrement plus élevées (15 à 20ºC). Tout jeune animal confronté à des températures inférieures durant une longue période voit sa croissance ralentir. Une partie de l’énergie qu’il tire de son alimentation est, en effet, mobilisée pour le réchauffer.

Chez le mouton, cette température de confort est comprise entre 10 et 20ºC. Le stress thermique apparaît dès 23-25ºC. Étant donné qu’ils sont correctement protégés du froid par leur laine, les moutons peuvent tolérer des températures nettement plus froides, proches de 0ºC. Pour les chèvres, les valeurs de confort sont similaires.

Les bovins réagissent

Le stress thermique résulte de la combinaison de températures ambiantes élevées, d’une forte humidité et d’une faible circulation de l’air. Souvent, c’est surtout le fort taux d’humidité qui fait entrer les animaux en état de stress thermique. Le THI (ou indice température-humidité) est l’indicateur de stress thermique le plus couramment utilisé et est, justement, déterminé par la combinaison de la température et de l’humidité.

Comme les vaches laitières reçoivent une ration très riche en énergie, de grandes quantités de chaleur sont produites dans le rumen durant la digestion. Cette chaleur venant s’ajouter à la chaleur environnante, elles peuvent entrer plus rapidement en état de stress thermique. Les animaux au pelage plus foncé souffriront davantage de la chaleur que ceux au pelage clair.

Les bovins réagissent de diverses manières face à une situation de stress thermique. Ils peuvent, notamment, accroître leur fréquence respiratoire dans le but d’évacuer autant de chaleur que possible. Sur ce point, les animaux de race Blanc-bleu belge partent avec un léger désavantage : en raison d’un volume pulmonaire plus faible, leur capacité à dissiper la chaleur de cette manière est moindre.

Les ruminants transpirent, halètent et recherchent l’ombre, également. Toutes les activités telles que la rumination, l’alimentation ou les exercices physiques, sont réduites afin d’éviter toute production additionnelle de chaleur. En outre, les animaux se tiennent davantage debout (2 à 3 heures supplémentaires par jour) car cette position leur permet de mieux évacuer la chaleur. Toutefois, cela accroît les contraintes sur les onglons, avec un risque accru de voir des problèmes se développer. Enfin, le bétail s’abreuve plus dans l’espoir de faire baisser sa température corporelle.

Cet état de stress thermique n’est pas sans conséquence. Les vaches laitières sont moins productives. Les taux de protéines et de matières grasses dans le lait reculent aussi. En outre, le nombre de cellules somatiques augmente, en particulier chez les grandes productrices.

Le comportement normal des vaches en œstrus est également réduit en cas de températures élevées, afin d’éviter toute production de chaleur. Les vaches en plein œstrus sont donc plus difficilement identifiables. De même, les taureaux sont moins enclins à s’accoupler. Pour l’éleveur, cela se traduit par des résultats décevants en matière de reproduction…

Des mesures préventives, pour protéger les troupeaux

En période de canicule, il est recommandé de prendre des mesures préventives afin de limiter au maximum le stress thermique. Ces mesures peuvent être prises à différents niveaux.

Eau potable

Tout d’abord, il est essentiel de prévoir un nombre suffisant d’abreuvoirs dans les étables. On estime qu’il devrait y avoir un abreuvoir pour 25 à 30 vaches. Si les températures atteignent des valeurs élevées, il peut même être utile d’en prévoir davantage afin que le troupeau ait en permanence accès à de l’eau fraîche.

Disposer d’eau en suffisance est  essentiel pour les troupeaux.
Disposer d’eau en suffisance est essentiel pour les troupeaux. - J.V.

Surpopulation dans les étables

Il convient d’éviter la surpopulation dans les étables. Lorsque les vaches se tiennent trop près les unes des autres, elles n’évacuent pas correctement la chaleur par la transpiration. Sur ce point, les génisses requièrent une attention particulière car elles sont plus sensibles au stress que les vaches. S’il y a suffisamment d’espace dans l’étable, le nombre d’interactions entre les vaches peut être réduit ; elles ont ainsi la possibilité de se rafraîchir.

Comme évoqué ci-dessus, le taux de matières utiles du lait diminue en cas de forte chaleur. Il est possible de compenser ce phénomène en ajoutant des graisses plus résistantes à la ration. Elles contiennent une teneur en VEM élevée et répondent ainsi aux besoins énergétiques des laitières.

Ventilation

La circulation d’air dans les bâtiments d’élevage peut être augmentée. Cela se fait, premièrement, en travaillant sur la ventilation naturelle. Selon la construction et l’orientation de l’étable, il peut naturellement y avoir un déplacement d’air suffisant que pour maintenir la température ambiante à un niveau correct. Si l’axe longitudinal de l’étable est perpendiculaire à la direction du vent (sud-ouest, généralement), la ventilation naturelle est maximale.

Des obstacles situés dans l’environnement immédiat du bâtiment peuvent néanmoins perturber la circulation de l’air, impactant ainsi la ventilation naturelle. Différents systèmes existent pour guider au mieux l’air dans l’étable, comme les filets brise-vent ou les profils métalliques.

Cette grange est équipée de filets brise-vent sur toute sa longueur  pour une ventilation optimale.
Cette grange est équipée de filets brise-vent sur toute sa longueur pour une ventilation optimale. - Elena Van Audenhove

Une autre possibilité d’utiliser au maximum la ventilation naturelle réside dans l’installation de ventilateurs. Ceux-ci n’assurent pas une meilleure ventilation avec l’extérieur en tant que tel, mais font circuler l’air dans l’étable. Grâce au mouvement accru de l’air ambiant, le stress thermique peut être considérablement réduit. Les ventilateurs peuvent également être utilisés préventivement, dès que la température de 19ºC est atteinte.

Les ventilateurs permettent de faire circuler l’air dans l’étable. Grâce au mouvement  accru de l’air ambiant, le stress thermique peut être considérablement réduit.
Les ventilateurs permettent de faire circuler l’air dans l’étable. Grâce au mouvement accru de l’air ambiant, le stress thermique peut être considérablement réduit. - AV

Différents types de ventilateurs existent, à sélectionner selon le type de bâtiment à équiper et le lieu d’installation. Il est recommandé d’en placer au-dessus de l’aire d’attente jouxtant la salle de traite. À cet endroit, les vaches sont extrêmement proches les unes des autres, ce qui signifie que le stress thermique s’y fait davantage ressentir.

Outre la ventilation naturelle, la ventilation mécanique peut être adoptée dans les étables. Cependant, cela nécessite d’avoir recours à l’électricité, ce qui peut s’avérer coûteux. Il est encore possible d’installer un système d’aspersion qui permettra de faire baisser la température corporelle du troupeau.

Ombre

En période estivale, lorsque les vaches se trouvent en pâture, il est important qu’elles aient suffisamment de zones ombragées où se protéger du soleil. L’ombre peut résulter de la présence d’arbres et d’arbustes bien sûr, mais aussi de l’installation d’abris ou de toiles d’ombrage. S’il fait vraiment trop chaud ou si les animaux montrent des signes évidents de stress thermique, il peut être conseillé de limiter la période de pâturage et de maintenir le troupeau dans les étables.

En cas de fortes chaleurs, il est important de surveiller de près le comportement des vaches (vitesse de respiration, transpiration…). Lorsque des signes d’inconfort sont constatés, des mesures supplémentaires et adéquates doivent être prises pour réduire le stress thermique et améliorer leur situation.

D’après Elena Van Audenhove

UGent

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