Accueil Autres animaux

«Le foie gras belge, gage de qualité et d’artisanat»

Tantôt encensé par les amateurs, tantôt décrié par les associations de défense du bien-être animal, le foie gras est loin de faire l’unanimité. Si ces dernières dénoncent fréquemment la douleur et le stress provoqués par le gavage, aucune preuve scientifique ne vient étayer leurs dires rappelle la Socopro à la veille des fêtes de fin d’années.

Temps de lecture : 3 min

Avec une consommation moyenne de 90 g par personne et par an, le Belge est un grand amateur de foie gras. Devant l’Espagne (80 g par personne et par an) et loin derrière la France (280 g par personne et par an), la Belgique arrive en deuxième position au classement mondial des consommateurs de foie gras.

Notre pays compte dix producteurs – neuf en Wallonie, un en Flandre – assurant une production annuelle totale de 25 t. À titre de comparaison, la production annuelle française s’élève à près de 20.000 t ! Tant les professionnels belges que leurs collègues français élèvent des canards mulards. Issus du croisement entre un canard de Barbarie et une cane de Pékin, ceux-ci sont particulièrement bien adaptés au gavage et à la production de foie gras.

Adapté au circuit court

Néanmoins, la majorité du foie gras consommé par nos compatriotes est produite à l’étranger. Ainsi, l’année dernière, 1.156 t de ce mets ont été importées en Belgique. Une situation préjudiciable aux filières du Nord et du Sud du pays, le foie gras étant un produit à haute valeur ajoutée et parfaitement adapté à la vente en circuit court.

Le Service opérationnel du Collège des producteurs (Socopro) s’est donc fixé pour objectif d’encourager plus d’éleveurs à développer cette spéculation. « Les producteurs élèvent, engraissent, abattent, transforment et vendent leurs produits à la ferme et aux restaurateurs voire dans des boutiques spécialisées ou dans les rayons « produits locaux » de certaines grandes surfaces. Quel bel exemple de circuit court ! », insiste Catherine Colot, de la Socopro.

De plus, les éleveurs se cantonnent à la production de petits volumes, gage, selon Mme Colot, de qualité et d’artisanat.

Sans douleur ni stress

Malheureusement, les producteurs font face à deux défis de taille. D’une part, ils ne bénéficient pas des économies d’échelle nécessaires pour concurrencer le foie gras d’importation et, d’autre part, ils sont fréquemment la cible des associations de défense du bien-être animal.

Des attaques parfaitement injustifiées selon Catherine Colot. « Trois semaines après leur naissance, les canards sont suffisamment grands que pour gambader seuls en prairie. Ils n’entrent en gavage qu’à l’âge de 12 semaines, et ce pour une durée de 12 à 14 jours. » Durant cette période les mulards sont nourris deux fois par jour, exclusivement avec du maïs cuit. Le gavage ne dure pas plus de 5 secondes et l’animal ne ressent aucune douleur. De plus, l’éleveur vérifie au préalable que le repas antérieur a été bien digéré, en palpant le jabot du canard.

Et Daniel Guéméné, spécialiste des palmipèdes gras au sein de l’Institut national français de recherche agronomique, de poursuivre : « Contrairement aux mammifères, les palmipèdes n’ont pas de glotte. Le gavage ne provoque donc ni haut-le-cœur, ni sensation d’étouffement ». En outre, leur œsophage est élastique et les aliments non digérés peuvent y être stockés. Le spécialiste explique encore que les palmipèdes ont une tendance naturelle à accumuler des matières grasses au niveau de leur foie. Celles-ci seront mobilisées en cas de besoin, lors de la migration par exemple.

Diverses études ont également été menées afin d’évaluer, avec précision, le stress qu’induirait la phase de gavage chez le canard. Et les résultats sont sans appel : « La phase de gavage ne provoque ni stress ni douleur chez le canard mulard », conclut M Guéméné.

A lire aussi en Autres animaux

Voir plus d'articles