Accueil Potager

Et si on faisait connaissance avec ces autres travailleurs de la terre

Dans le monde vivant, chacun a sa place, chacun a son utilité. Certains individus, plus visibles que les autres, tiennent le rôle de vedettes. Dans le sol, c’est le cas des vers de terre. Et pourtant, bien d’autres espèces peuplent ce milieu et s’avèrent très utiles également.

Temps de lecture : 5 min

Parmi les milliers d’espèces vivantes, chacune a sa place et son utilité. Les plus connus sont les vers de terre. Il est vrai que leur taille permet de les observer aisément au travail. Les autres espèces ont pourtant autant d’importance.

Des spécialistes estiment leur nombre à 250.000 par ha. Ensemble, ils représentent un poids d’une tonne par ha dans des champs cultivés. Mais, ils sont plus nombreux encore en prairies. Sur un an et sur 1 ha, 300 à 600 tonnes de terre sont « digérées » à travers leur système digestif. Les scientifiques en dénombrent une bonne centaine d’espèces différentes chez nous.

Les vers, vedettes de la terre

L’action des vers de terre améliore la fertilité des sols. Leurs galeries favorisent la pénétration de l’eau et des racines des plantes. Les grumeaux de terre sont plus stables dans le temps et résistent mieux aux pluies orageuses. Le sol est plus aéré, ce qui favorise la respiration des autres espèces dans le sol, celle des racines et les échanges gazeux (azote pour les nodosités des légumineuses notamment).

Leur rôle de recycleur intervient dans le cycle complet des matières organiques dans le sol. Ils concourent donc à la remise à disposition de matières minérales pour les plantes après être intervenus dans la décomposition des organes végétaux morts.

La taille des trous laissés par les vers de terre et leur profondeur sont impressionnants. Nous nous rendons compte lors des travaux de préparation du sol.
La taille des trous laissés par les vers de terre et leur profondeur sont impressionnants. Nous nous rendons compte lors des travaux de préparation du sol.

Certaines espèces de vers sont spécialisées dans ce travail de décomposition, ce sont elles que nous retrouvons dans les tas de compost. D’autres espèces sont utilisées dans l’épuration des eaux, à titre expérimental, depuis une quinzaine d’années, et même en début de développement pratique aujourd’hui.

Les autres travailleurs de la terre

Les biologistes classent les différents organismes qui peuplent le sol et son environnement proche en se référant à leur taille, mais aucun ne s’aventure à les classer par ordre d’importance.

Les plus petits : la microfaune

Des protozoaires, de petits nématodes, des rotifères ou des tardigrades ont une taille inférieure à 0,2 mm. Pour les voir, nous devons préparer des échantillons de sol. Ensuite, un grossissement optique est requis.

La mésofaune

Dans cette catégorie de taille, nous trouvons surtout des microarthropodes et de grands nématodes. Les collemboles, speudoscorpions, protoures, diploures, myriapodes peuvent se voir à l’œil nu, à condition de les amener hors de leurs cachettes. Ils mesurent de 0,2 à 4 mm.

Parmi les représentants de la mésofaune (0,2 à 4 mm),  on trouve les myriapodes, observables  à l’œil nu.
Parmi les représentants de la mésofaune (0,2 à 4 mm), on trouve les myriapodes, observables à l’œil nu.

La macrofaune

Dans ces catégories d’espèces animales de 4 à 8 mm, nous retrouvons les vers de terre, des insectes du sol, des myriapodes, des limaces et escargots, des araignées et des opilions.

Les opilions forment, parmi d’autres espèces,  les travailleurs de la terre appartennant à  la macrofaune (4 à 8 mm).
Les opilions forment, parmi d’autres espèces, les travailleurs de la terre appartennant à la macrofaune (4 à 8 mm).

La mégafaune

Tout est relatif, mais nous trouvons de véritables « géants » dans cette classe des plus de 8 cm. Les campagnols et les taupes en font partie.

Une question d’équilibre

Ces nombreuses espèces différentes se développent en équilibre dans et avec le sol. Le pH (mesure de l’acidité et de l’alcanilité), la texture (proportion entre argile, limon et sable), la composition en éléments minéraux et en humus, l’humidité, la température…

Une question revient régulièrement dans les conversations entre jardiniers : faut-il ou non retourner le sol par un bêchage ou un labour ? C’est la question qui fâche certains d’entre nous, et pourtant, elle a le mérite d’être posée.

Le retournement du sol facilite la maîtrise de l’enherbement. Mais nous ne sommes pas obligés de retourner la terre après chaque culture, après chaque année. Il faut de toute façon arriver à laisser de la place pour la croissance de nos légumes sans perdre trop de temps pour les désherbages.

Dès lors, si nous décidons de ne pas bêcher ou labourer cette année, nous devons mettre en œuvre d’autres méthodes, comme le paillage de surface par exemple, pour limiter l’extension des plantes sauvages dans le potager des légumes et le semis d’engrais verts dans l’inter-culture saisonnière. Il faut aussi de toute façon décompacter le sol.

Et si nous n’effectuons aucun bêchage ni labour, nous devrons mettre en œuvre des méthodes alternatives comme l’emploi de fourches-bêches pour décompacter, travailler en bandes séparées par un sentier pour éviter de compacter le sol réservé aux légumes lors des interventions.

Si le sol est bien doté en matières végétales fraîches à décomposer et s’il est bien aéré, nous avons toutes les chances de voir la faune du sol progresser en importance. Les vedettes que sont les vers de terre se verront les premiers. Les autres espèces plus discrètes évolueront en parallèle

Des voies de transport pour la circulation !

Pour que l’eau et l’air puissent circuler dans le sol, il faut qu’il y ait des voies de passage, des voies de transport. Ce sont les pores du sol qui permettent leur circulation. Si les voies sont peu nombreuses et peu dégagées, la circulation de l’eau et de l’air sera moins rapide, moins efficace. Si elles sont nombreuses et bien ouvertes, l’eau pénètre facilement dans le sol, les gaz et l’air circulent et s’échangent avec l’atmosphère au-dessus du sol.

Pour qualifier cette porosité, nous parlons de structure du sol. Quand celle-ci est refermée, par exemple après le passage d’engins ou le piétinement sur sol humide, la structure est fermée, dégradée. Les conséquences sur toute la vie dans le sol seront évidentes et très dommageables pour la fertilité globale du sol.

La biodiversité du sol et les plantes : influences réciproques

La plante influence et favorise le développement de certaines espèces microbiennes plutôt que d’autres. À l’inverse, les espèces de micro-organismes présentes peuvent avoir des effets plus ou moins positifs pour les plantes voisines. Les spécialistes parlent de coévolution entre les micro-organismes et les plantes avec des « bénéfices » réciproques pour chacune des espèces.

Sans en connaître encore précisément tous les mécanismes, nous constatons souvent que si la structure du sol est excellente, les organismes présents dans le sol et causant des maladies ne sont pas favorisés. C’est le contraire quand le sol est matraqué par un orage, par exemple. Ou encore quand le sol est travaillé à la roto-fraise alors que le sol n’est pas ressuyé.

F.

A lire aussi en Potager

Préparer au mieux la future plantation de ses pommes de terre

Potager De nombreux jardiniers tentent de planter leurs premières pommes de terre hâtives le 19 mars, soit le jour de la Saint-Joseph. Si c’est très probablement une bonne période pour les planter dans les régions comme Paris ou Versailles, ce n’est pas nécessairement le cas chez nous. En effet, si parfois c’est une réussite, cela peut également être un véritable échec.
Voir plus d'articles