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Abattage mobile et tir en prairie,

des solutions applicables chez nous ?

Dans le prolongement du travail du Collège des Producteurs présenté précédemment, le projet « Échangeons sur notre agriculture », porté par Nature & Progrès, a également abordé la thématique de l’abattage de proximité. Deux solutions mises en œuvre chez nos voisins européens ont retenu leur attention : l’abattage mobile et le tir en prairie.

Temps de lecture : 4 min

À l’heure où la Région wallonne prône le « Consommons wallon », on assiste à une centralisation des activités d’abattage dans quelques gros abattoirs de Belgique. Une aberration pour Nature & Progrès pour qui « l’abattage de proximité est une nécessité à la préservation et au développement de l’élevage pour le circuit court ».

L’association y voit plusieurs raisons. D’un point de vue logistique, d’abord. En effet, le transport est souvent effectué par l’éleveur, et plus les solutions d’abattage sont éloignées, plus la perte de temps et les coûts qu’il engendre sont importants.

Pour une question de bien-être animal ensuite. Lors du transport et de l’attente à l’abattoir, l’animal peut subir un stress lié au changement d’environnement et à la séparation du reste du troupeau. Par ailleurs, ce stress éventuel peut se répercuter sur les qualités gustatives et nutritionnelles de la viande.

Pour une question de cohérence également. Une consommation locale de viande perd de son sens si l’éleveur doit effectuer plusieurs centaines de kilomètres pour faire abattre et découper ses animaux.

Enfin se pose une question éthique et morale. De nombreux éleveurs regrettent, après avoir effectué une série de démarches, tout au long du cycle de l’élevage, qui les démarque de la production industrielle (par le choix d’une race rustique adaptée au terroir, d’une alimentation produite sur la ferme ...) de n’avoir aucune autre alternative au moment de l’abattage que l’abattoir « industriel ». Ils estiment être dépossédés de cette étape ultime de l’élevage.

Une combinaison d’outils

Renforcer les abattoirs existants, créer de nouveaux abattoirs fixes ou mobiles, autoriser l’abattage en prairie… Nombre de solutions existent mais faut-il encore déterminer quel(s) type(s) d’abattage de proximité pourrai(en)t répondre aux attentes des éleveurs et consommateurs adeptes des circuits courts.

Pour y répondre, l’association a organisé des rencontres dans des fermes, aux quatre coins de la Wallonie, dans le cadre de son projet « Échangeons sur notre agriculture ». Près d’une centaine de personnes, éleveurs comme consommateurs, y ont participé. À l’aide d’éclairages techniques et philosophiques, ils ont pu exprimer leur avis sur la question. Une série de conclusions ont pu en être tirées.

Il est toutefois important de noter qu’au vu de la multitude de situations individuelles, il ne faut pas chercher une voie unique mais plutôt explorer la combinaison d’outils et méthodes d’abattage adéquates.

Accompagner l’animal

Si certains considèrent que l’abattoir offre un service nécessaire et satisfaisant, nombreux sont les éleveurs qui souhaitent pouvoir accompagner leurs bêtes au moment de la mise à mort. En outre, ils aimeraient que celle-ci ait lieu sans stress, dans leur environnement quotidien plutôt qu’à l’abattoir. Tous les éleveurs interrogés estiment que la qualité de leur viande serait améliorée.

Côté avicole, la situation est particulière puisque pour des petits volumes – jusque 7.500 volailles par an – l’abattage à la ferme est autorisé.

En ce qui concerne les autres espèces, leur mise à mort sur le site d’exploitation n’est autorisée en Belgique que pour certaines exceptions (abattage privé et d’urgence).

Toutefois, il est pratiqué dans d’autres pays européens. Des camions d’abattage existent en effet en Suède, en Allemagne et un projet démarre actuellement en France. Par ailleurs, l’abattage en prairie est légalisé, dans un cadre strict et restreint, depuis plus de 10 ans en Allemagne. Évidemment, ces méthodes sont adaptées à des petits flux d’abattage, pour les éleveurs en circuit court ! Elles peuvent aussi répondre aux normes européennes en termes d’hygiène et d’environnement.

Se soucier du bien-être animal ne veut pas forcément dire devenir végétarien. Certains consommateurs se disent déjà prêts à soutenir les éleveurs dans leurs démarches d’abattage à la ferme. L’idée d’un label qui attesterait d’une mise à mort sans stress est d’ailleurs ressortie de nombreuses fois. D’autant qu’un label « viande éthique » existe déjà en Suède et sera également mis en place en France très prochainement en parallèle au camion d’abattage mobile.

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