Accueil Cultures

Pour des traitements phyto respectueux de la faune, la flore et l’environnement

Avant d’autoriser l’utilisation sur le sol belge d’un produit de protection des plantes, le Comité d’agréation des pesticides à usage agricole s’assure de caractériser le plus précisément possible les risques qu’il présente pour l’environnement. Une fois l’évaluation terminée, des mesures de réduction du risque peuvent être imposées aux utilisateurs. En cas de non-respect de celles-ci, le produit concerné risque un retrait du marché, qu’importe son efficacité.

Temps de lecture : 4 min

Afin d’évaluer une demande d’autorisation de mise sur le marché d’un pesticide, le Comité d’agréation se base sur trois règlements européens parmi lesquels un défini clairement les données techniques devant être fournies par le demandeur. « Deux données techniques nous intéressent plus particulièrement lorsque nous étudions les effets d’un pesticide sur la faune, la flore et l’environnement. Il s’agit de son devenir et comportement dans l’environnement ainsi que de son écotoxicologie », explique Sébastien Vanhiesbecq, chef de cellule Effets sur l’environnement et Efficacité.

Étudier, observer et évaluer

« Les données techniques relatives au devenir et comportement d’un phyto dans l’environnement se classent en deux catégories », poursuit-il. D’une part, les caractéristiques du produit phyto doivent être fournies par le demandeur : volatilisation, lessivage, photodégradation, absorption, dégradation microbienne… Ces éléments permettront de connaître son comportement dans le milieu naturel. D’autre part, son occurrence (présence) dans l’environnement doit être quantifiée à différents niveaux : eau de surface, eau souterraine… « On étudie ici le devenir du produit dans l’environnement. »

Sébastien Vanhiesbecq : « Connaître le comportement d’un produit phyto nous permet de prédire son devenir dans l’environnement ».
Sébastien Vanhiesbecq : « Connaître le comportement d’un produit phyto nous permet de prédire son devenir dans l’environnement ». - J.V.

En écotoxicologie, des informations relatives aux effets à court et long termes sur divers organismes sont requises. Sont visés : les oiseaux et autres vertébrés terrestres (mammifères, reptiles et amphibiens), les organismes aquatiques (poissons, invertébrés, algues, macrophytes), les abeilles, les autres arthropodes non-ciblés, les vers de terre et autres macro-organismes du sol ainsi que les végétaux supérieurs terrestres non-ciblés. Une attention particulière est également portée sur les effets du traitement phyto sur la transformation de l’azote dans le sol et sur les méthodes biologiques de traitement des eaux usées. « Ces renseignements sont complétés par des données de surveillance et de la littérature, également fournies par la firme. »

Ces informations sont notamment obtenues grâce aux essais financés et/ou réalisés par l’industrie. Sébastien Vanhiesbecq : « Ceux-ci sont conduits selon différents scénarios, des plus standardisés, en laboratoire, aux plus complexes et proches de la réalité, en champ ». Des études sous tunnel, intermédiaires entre le laboratoire et le champ, sont également réalisées. Toutes ces études doivent être menées conformément aux lignes directrices reconnues internationalement.

Le produit évalué ne sera mis sur le marché qu’après caractérisation, sur base des données susmentionnées, des risques qu’il présente pour l’environnement. « Sous l’éventuelle condition de n’être applicable que moyennant le respect de mesures de réduction du risque proposées par le demandeur ou le Comité », précise-t-il.

En vue de réduire les risques

« Les mesures de réduction du risque sont reprises dans les actes d’autorisation ainsi que sur les étiquettes des produits. En vertu de la législation, les utilisateurs sont tenus de les respecter ! » En cas de non-respect, le Comité peut retirer le produit concerné du marché ou imposer des limitations à son utilisation.

Les produits déjà agréés continuent quant à eux d’être suivis par le Comité. Dans le cas où des données de monitoring défavorables à un de ces produits (contamination des eaux de surface, par exemple) lui parviendraient, de nouvelles mesures de réduction du risque peuvent être prises.

Plusieurs méthodes de réduction, déjà bien connues des agriculteurs, peuvent être citées. C’est ainsi que certains produits ne peuvent être appliqués que moyennant la mise en place d’une zone tampon (bande de terrain non-traitée) visant à protéger les eaux de surface et les organismes aquatiques. « Si le traitement est effectué à l’aide d’un matériel de réduction de la dérive plus performant que prévu, la largeur de la zone tampon peut-être réduite », rappelle M Vanhiesbecq.

Lorsque des mesures sont nécessaires pour la protection des plantes non-ciblées et arthropodes non-ciblés lors de l’application d’un produit phyto, l’utilisation de buses anti-dérive est prescrite afin de réduire la dérive autant que nécessaire. Pour ces produits il faut appliquer une technique de réduction de minimum 50 %, 75 % ou 90 % sur l’ensemble de la parcelle. Enfin, dans certains cas, le Comité prescrit la mise en place d’une bande enherbée entre la culture en place et les eaux de surface afin de réduire le ruissellement des produits phyto ou le lessivage de particules de sol traité vers le milieu aquatique.

« Si les mesures applicables sont renseignées sur les étiquettes des produits phyto, de nombreux outils sont également disponibles sur www.phytoweb.be afin de faciliter le travail des cultivateurs », ajoute-t-il. Et de répondre aux agriculteurs inquiets face à ces dispositions : « Une analyse préliminaire montre que la Belgique n’est pas plus stricte, ni plus laxiste, que ses voisins en matières de réduction du risque ».

J.V.

A lire aussi en Cultures

Diversifier l’offre de sa ferme maraîchère avec le maïs doux

Maraîchage Dans les petites exploitations maraîchères, le maïs doux offre une dimension de diversification au sein de la gamme de produits disponibles au magasin entre août et octobre. Sa culture partage de nombreuses similarités avec celle du maïs destiné à la production de fourrages ou de grains. La gestion de la taille des plantes et leur entretien, notamment en cas de légère accumulation de terre autour des pieds, revêtent une importance capitale.
Voir plus d'articles