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«Agriculteurs et apiculteurs, protégeons ensemble les abeilles»

Apiculteur passionné depuis une cinquantaine d’années, José Artus s’est penché sur le déclin des abeilles lors d’une séance d’informations organisée par l’Association pour la promotion des protéagineux et oléagineux. De son avis, si les cultivateurs se doivent de respecter les bonnes pratiques, notamment en matière de traitements phyto, il en va de même des apiculteurs. Seule cette synergie permettrait de sauver les abeilles.

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Bien qu’ils aient parfois tendance à l’oublier, agriculteurs et apiculteurs ont des intérêts communs. Les premiers car les abeilles contribuent à la pollinisation des cultures ; les seconds car les plantes cultivées constituent un apport non négligeable de nourriture pour les abeilles qu’ils élèvent. Ainsi, tous devraient travailler ensemble pour contrer le déclin observé ces dernières années dans les colonies d’abeilles.

Respecter les bonnes pratiques

« La clé de la réussite, tant pour les agriculteurs que pour les apiculteurs, c’est le respect des bonnes pratiques », rappelle José Arthus.

Il conseille dès lors aux agriculteurs d’éviter autant que possible d’effectuer leurs traitements phyto tôt le matin, moment où les abeilles sont en quête d’eau dans les champs. « Toutefois, trouver la plage horaire qui convient à la fois aux agriculteurs et aux abeilles s’avère parfois difficile », reconnaît-il.

«
Si les agriculteurs ont besoin des apiculteurs, c’est derniers ont quant à eux grandement besoin des agriculteurs
», insiste José Artus.
« Si les agriculteurs ont besoin des apiculteurs, c’est derniers ont quant à eux grandement besoin des agriculteurs », insiste José Artus. - J.V.

De son côté, l’apiculteur est également utilisateur de produits phytopharmaceutiques, notamment pour lutter contre le varroa. « Si l’on veut combattre efficacement cet acarien parasite des abeilles et protéger ses colonies, il convient de traiter les ruches avant le 15 juillet. Si l’on intervient plus tard, les pertes seront considérables ! » En outre, un traitement effectué au bon moment se révèle plus efficace que plusieurs traitements mal positionnés. « Même si le produit vise à protéger la ruche, l’appliquer trop souvent a également des effets néfastes sur la colonie. » Au même titre que l’agriculteur, l’apiculteur se doit donc d’utiliser les produits phytopharmaceutiques « en bon père de famille ».

L’urbanisation, une autre cause

L’urbanisation des campagnes, dont les agriculteurs sont loin d’être responsables, serait une cause supplémentaire de la disparition des colonies d’abeilles et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, elle entraîne une réduction des surfaces agricoles, véritables garde-manger des pollinisateurs. « Ensuite, les particuliers qui viennent habiter en campagne ne plantent que de grandes surfaces gazonnées sans aucun intérêt pour les abeilles. » La disponibilité en pollen est donc moindre. « De plus, certains sont de grands utilisateurs de produits phyto », ajoute-t-il.

Respect et communication

« Les agriculteurs sont des acteurs très importants, voire les acteurs clés, du développement et de la survie des colonies d’abeilles », estime José Artus qui leur livre ces quelques conseils. Il les incite notamment à favoriser les semis diversifiés de bandes fleuries et de couverts afin d’offrir une large gamme de pollens que les abeilles pourront stocker pour les périodes de moindre disponibilité en nourriture.

« Les agriculteurs ne sont pas plus responsables de la disparition des abeilles que les apiculteurs. »

Autres recommandations : traiter les parcelles en dehors des heures de butinage (colza, par exemple) ou d’abreuvement (maïs, par exemple). Enfin, les pulvérisateurs ne doivent pas être vidangés à proximité des eaux stagnantes afin d’éviter toute contamination de ces sources d’abreuvement.

Et José Artus de conclure : « L’apiculteur se doit également de respecter les cultivateurs mais aussi de favoriser les échanges entre leurs deux professions ».

J.V.

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