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Pour réduire l’érosion, le sous-semis en culture de maïs gagne à être connu

Depuis trois ans, le Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf) mène des essais de sous-semis de graminées en culture de maïs avec plusieurs objectifs, dont la réduction de l’érosion des terres agricoles. Si la technique était déjà connue, l’arrivée sur le marché de nouveaux semoirs faciliterait sa mise en œuvre. Reste toutefois à convaincre les maïsiculteurs, une tâche à laquelle s’attelle Gilles Manssens, ingénieur agronome auprès dudit Centre.

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Bien qu’encore peu répandu dans nos régions, le sous-semis en culture de maïs, réalisé en vue d’obtenir un couvert hivernal, présenterait plusieurs avantages : réduction du ruissellement de surface, limitation de l’érosion des sols sur les parcelles en pentes et diminution du lessivage hivernal de l’azote résiduel.

De deux à un passage

En dépit de ses avantages, la technique restait difficile à appliquer sur le terrain. Le sous-semis de ray-grass demandait aux cultivateurs d’effectuer un passage supplémentaire, parfois en conditions défavorables, exclusivement dédié à cette opération.

En effet, pour éviter toute concurrence entre la culture et le couvert, ce dernier ne pouvait être semé avant le stade 6-7 feuilles du maïs.

Depuis peu, de nouveaux semoirs plus adaptés à ce type de travail sont arrivés sur le marché (voir encadré). « Ils permettent d’implanter le couvert et la culture en une seule opération, c’est-à-dire sans travail supplémentaire, et au moment opportun », détaille Gilles Manssens. La fétuque vient toutefois remplacer le ray-grass car son développement plus lent permet de limiter fortement la concurrence. Le schéma de désherbage doit quant à lui être judicieusement adapté afin de ne pas détruire le sous-semis. « Alors que le désherbage peut être effectué avant l’implantation du couvert lorsque l’on mise sur deux opérations de semis. »

« Si le sous-semis permet de réduire l’érosion et le ruissellement dès  la fin juin, le sol reste encore  relativement nu en avril-mai »,  note Gilles Manssens.
« Si le sous-semis permet de réduire l’érosion et le ruissellement dès la fin juin, le sol reste encore relativement nu en avril-mai », note Gilles Manssens. - J.V.

Choisir la bonne espèce

Le choix des espèces dédiées au couvert est tout aussi important que le choix du matériel de semis. Il en va de la réussite de la technique !

Il est ainsi essentiel de sélectionner des espèces à développement lent en début de cycle afin d’éviter de concurrencer la culture. Celles-ci doivent également se développer horizontalement en vue de couvrir et protéger le sol. Enfin, le coût des semences doit être peu élevé, de manière à garantir la faisabilité de la technique.

De son côté, le Cipf a évalué deux types d’espèces, des graminées et des légumineuses.

Au sein des graminées, les fétuques rouge et élevée, toutes deux au prix de 3 à 5 €/kg, ont fait l’objet d’essais. « La fétuque rouge présente un développement lent et couvrant et ne monte pas en semence. Elle se prête donc bien au sous-semis », observe M. Manssens. Tout le contraire de la fétuque élevée qui, si elle se développe modérément, présente une croissance verticale et en monte en graine. À déconseiller !

Trois espèces de légumineuses ont également été comparées. Le lotier, relativement coûteux (8 à 10 €/kg), répond au critère de développement lent. Toutefois, sa trop grande sensibilité au désherbage n’en fait pas un candidat sérieux. Le trèfle blanc (6 à 9 €/kg) croît modérément mais en hauteur. « Évitez de le semer trop près de la ligne de maïs », conseille-t-il. Enfin, le trèfle blanc nain correspond aux critères de développement modéré et couvrant malgré le coût élevé des semences (15 à 20 €/kg). Celui-ci serait compensé par la faible dose de semis requise (2 kg/ha), estime le Cipf.

Sans impact sur le rendement ?

Afin de préserver le sous-semis, le schéma de désherbage du maïs doit être judicieusement adapté. Pour conseiller au mieux les maïsiculteurs, le Cipf a évalué (et évalue encore) 18 schémas. De ces essais, il ressort notamment que les solutions de désherbage appliquées sont assez légères. « Le sous-semis de fétuque est donc à éviter dans les parcelles sujettes au développement des graminées difficiles car pareilles doses ne peuvent les éliminer », avertit Gilles Manssens.

Les rendements du maïs ne sont quant à eux pas affectés par le sous-semis de fétuque rouge, s’il est effectué à une densité adéquate (entre 5 et 7 kg/ha). La fétuque élevée, outre les inconvénients évoqués ci-dessous, pénalise les rendements.

L’impact des légumineuses sur le rendement de la culture ne sera connu qu’au terme de la récolte 2017.

Récolte qui serait par ailleurs facilitée en présence d’un couvert, ce dernier augmentant la portance des sols soumis aux passages des engins.

J.V.

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