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Préparation aux concours : valoriser la Blonde d’Aquitaine, perfectionner l’élevage

En Wallonie, c’est environ 64 sélectionneurs qui élèvent la Blonde d’Aquitaine. À Sprimont, Henry-Jean Defgnée prépare cinq animaux pour la Foire de Libramont. Entre passion familiale et envie constante de progresser, il partage les coulisses d’une participation exigeante aux concours bovins.

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Dans le village de Sprimont, orné de ses maisons en pierre bleue, se trouve la ferme de Henry-Jean Defgnée. Cet éleveur de Blonde d’Aquitaine se prépare doucement pour la Foire de Libramont.

Un héritage familial

« Mon papa a commencé les concours de Blonde d’Aquitaine en 1998, deux années après avoir repris la ferme de mon grand-père », raconte Henry-Jean, qui l’accompagnait déjà petit.

À l’origine, l’élevage était tourné vers la production laitière avec des Holsteins et des Blanc Bleu mixtes. Les Blondes d’Aquitaine sont arrivées sur l’exploitation en 1996. « Comme il n’aimait pas traire, mon papa a voulu s’orienter vers des races françaises. Seulement, à l’époque, elles étaient encore peu présentes en Belgique et il ne savait pas laquelle choisir », poursuit l’éleveur.

Des Limousines, des Charolaises et des Blondes d’Aquitaine sont venues remplir les étables. Après quelques années, le choix s’est arrêté sur la Blonde qui possède plus de débouchés et un meilleur rendement, selon l’agriculteur. « Avec le recul, je pense que mon papa a bien fait de conserver les Blondes. Les taurillons possèdent une meilleure valeur à la vente. On peut aussi choisir la manière de les élever, que ce soit extensivement en prairie ou plus intensivement en les poussant à produire quelques kilos de plus », déclare-t-il. La viande de Blonde d’Aquitaine est tendre et a une belle couleur, ni trop rouge, ni trop claire.

En 2016, Henry-Jean reprend l’exploitation tout en conservant un mi-temps à l’extérieur. C’est à ce moment que sa participation aux concours est mise en pause avant de reprendre après le covid. Il ajoute : « Je suis rentré dans le conseil d’administration du herd-book et je me suis dit que c’était l’occasion de me relancer dans l’aventure ». Aujourd’hui, la quasi-totalité de son troupeau est inscrite.

Avec ses 120 vaches et veaux et ses 60 vêlages par an, Henry-Jean construit en 2020 une nouvelle étable à la place d’anciennes installations adaptées pour des Blanc Bleu.

Avec ses 120 vaches et veaux et ses 60 vêlages par an, Henry-Jean construit en 2020 une nouvelle étable à la place d’anciennes installations adaptées pour des Blanc Bleu Mixtes.
Avec ses 120 vaches et veaux et ses 60 vêlages par an, Henry-Jean construit en 2020 une nouvelle étable à la place d’anciennes installations adaptées pour des Blanc Bleu Mixtes. - A.B.

Des critères de sélection

Les animaux présentés en concours sont choisis assez tôt. L’œil avisé de l’éleveur parvient à entrevoir le potentiel dans ses petits veaux. Le premier critère décisif reste le caractère de la génisse ou du taurillon. La bête doit être calme. « Ce sont des animaux assez lourds et les manipuler représente un risque. Nous ne sommes pas là pour faire une corrida », plaisante Henry-Jean.

Dès le sevrage, les veaux sont pesés afin d’évaluer en moyenne le gain de poids quotidien, en partie lié à la production laitière de la mère. « Cette donnée nous permet d’apprécier la production et la qualité des mères », précise-t-il.

Vient ensuite l’aspect morphologique : les bêtes qui expriment pleinement les caractéristiques de la race, tel que la taille et la longueur, sont généralement privilégiées pour les concours. « Je prête particulièrement attention à la longueur de mes bovins, pour leur aspect boucher », souligne Henry-Jean. Plus l’animal est long, plus il produira de morceaux nobles telles que les entrecôtes.

Enfin, la génétique est aussi à prendre en compte. L’éleveur explique, « dans mon cheptel, j’ai conservé une vache qui n’est pas vraiment ‘belle’. Elle a été touchée par la langue bleue mais possède l’une des meilleures génétiques de mon troupeau, donc je lui laisse sa chance ». Ces dernières années, les éleveurs s’intéressent et suivent de plus en plus la génétique de leur troupeau.

Un entraînement répétitif

L’idéal est de commencer les manipulations et le dressage des jeunes bêtes 15 jours après le sevrage. Dans la pratique, ce n’est pas toujours possible donc il faut compter environ un mois avant le concours.

Pour le dressage, les bovins sont attachés trois fois huit heures à la corde pour qu’ils s’y habituent. On les fait ensuite circuler dans un couloir étroit, d’environ trois mètres de large, avec une personne à l’avant et à l’arrière de la vache. Au début, la personne à l’arrière doit l’inciter à avancer, tandis que celle à l’avant l’empêche de dépasser, afin qu’elle comprenne qu’elle doit marcher entre les deux. À force d’entraînement, l’animal s’habitue et finit par marcher à la corde.

Pour le dressage, les bovins sont attachés trois fois huit heures à la corde pour qu’ils s’y habituent.
Pour le dressage, les bovins sont attachés trois fois huit heures à la corde pour qu’ils s’y habituent. - A.B.

De la musique est aussi diffusée durant la préparation du bovin pour le désensibiliser au bruit et pour qu’il reste calme le jour du concours.

Les animaux de concours sont également familiarisés à l’eau pour pouvoir être lavés.

En reprenant les concours, Henry-Jean a suivi d’une formation proposée par le herd-book dans une ferme à Libramont. « J’utilise cette méthode depuis quelques années maintenant et je trouve qu’elle fonctionne plutôt bien », confie-t-il.

Sous le regard des juges

Le matin du concours, les bovins sont pesés et toisés (hauteur au garrot) par un technicien de l’Awé.

Lors des évaluations par le jury, les qualités de la race sont recherchées en premier. Parmi celles-ci, la finesse du cuir, en relation avec la finesse de la viande, est essentielle pour garantir la tendreté de celle-ci. La finesse d’os est également importante pour assurer le rendement carcasse de la bête. La Blonde d’Aquitaine reste une race bouchère.

De plus, le jury apprécie la qualité du bassin qui doit être rectangle, le plus long et le plus large possible afin de faciliter le vêlage naturel. Les aplombs du bovin sont aussi observés car ils témoignent de la qualité de sa démarche et de la facilité de son déplacement.

Les autres critères d’évaluations sont la couleur de robe qui doit être de couleur froment, l’attache de queue, la profondeur de la bête, la hauteur du corps, le développement de la vache par rapport à son âge et les cornes quand elle en a.

Enfin, le dernier critère est le rapport entre la masse musculaire et la masse squelettique. Celui-ci tend à maximiser la production de viande tout en conservant un maximum de fonctionnalité. Un juste équilibre entre la viande et le volume de l’animal doit être trouvé afin d’allier le rendement bouché et la qualité d’élevage.

Sur place, à Libramont

Pour l’acheminement des animaux de concours jusque Libramont, Henry-Jean organise le transport avec un fermier voisin qui présente des Montbéliardes. Leurs bêtes partent le jeudi soir et reviennent le vendredi soir, après les concours.

Sur place, du foin et de l’eau sont mis à la disposition des éleveurs par la foire qui engage aussi des bouviers pour s’occuper des vaches, les nourrir et les nettoyer pour l’exposition. « Cette année, une personne sera chargée de les surveiller la nuit », souligne l’agriculteur.

Lors du concours, le vendredi, cinq bovins de la ferme Defgnée seront présentés : trois génisses et deux taurillons.

Habitué des concours, l’éleveur a présenté ses animaux à Bogaarden, à Battice en 2023 et prévoit d’y revenir cette année. Agribex faisait aussi partie de ses rendez-vous incontournables.

Henry-Jean se questionne toutefois sur l’avenir des concours : « C’est de plus en plus compliqué… ». Les contraintes, notamment sanitaires, se multiplient. Si elles sont compréhensibles, elles ont un effet dissuasif pour certains éleveurs. Il ajoute : « C’est assez difficile de motiver de nouveaux participants ».

Une envie constante de s’améliorer

« Ce que je retiens de Libramont ? L’ambiance, la convivialité et l’entente entre les éleveurs. C’est un peu comme des vacances », sourit l’agriculteur.

Il apprécie également le professionnalisme du concours qui est encadré par des juges français expérimentés, toujours prêts à conseiller. Les partages d’expériences et les mises en perspective entre éleveurs sont sources d’apprentissages particulièrement enrichissants.

« Pour moi, il s’agit d’un énorme avantage. Pouvoir se comparer par rapport aux autres éleveurs, se situer par rapport à la moyenne belge et avoir un avis extérieur sur mes bêtes et sur mon travail, me permet d’évoluer au mieux dans mon élevage », termine Henry-Jean.

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