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Les étudiants vétérinaires se détournent de la pratique rurale

L’Union professionnelle vétérinaire (UPV) a dévoilé les résultats d’une enquête inédite menée auprès de plus de 1.300 étudiants en médecine vétérinaire, issus de l’ULiège, de l’UNamur et de l’ULB. Cette étude, coordonnée dans le cadre du projet Obsvet, révèle une tendance préoccupante : la désaffection croissante pour la médecine vétérinaire rurale.

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Ce travail a été réalisé en étroite collaboration avec les équipes pédagogiques des universités francophones, avec des taux de participation remarquables (70 à 80 % selon les années). Soit un véritable projet de co-construction entre le monde académique et professionnel.

« Ce que nous avons découvert est aussi instructif qu’inquiétant… La médecine rurale est presque absente des représentations étudiantes. Elle n’est ni rejetée, ni mal vue… elle est tout simplement invisible », souligne à ce propos Léonard Théron, vétérinaire et coordinateur du projet Obsvet.

Ainsi, selon ces résultats, 14 % des étudiants de master 1 n’ont jamais effectué de stage pratique en structure vétérinaire. Et les motivations évoquées évoluent fortement entre le bac et le master, avec une montée du stress, de la charge mentale et de l’incertitude.

De plus, 41 % des répondants sont issus de zones rurales, mais très peu s’orientent vers la médecine des animaux d’élevage.

Un enjeu stratégique pour la santé publique et agricole

Alors que la Wallonie fait face à une pénurie critique de vétérinaires ruraux, ces résultats soulignent la nécessité d’agir en amont, indique l’UPV. Celle-ci indique l’importance de donner de la visibilité aux pratiques rurales dès les premières années de formation, de soutenir les structures de stage et de tutorat en zone agricole, mais aussi de valoriser le métier de vétérinaire de terrain dans une approche One Health.

Par ailleurs, Obsvet propose plusieurs pistes concrètes afin de lutter contre cette problématique. En effet, les partenaires du projet (Faculté vétérinaire ULiège, Ordre vétérinaire, Union professionnelle vétérinaire) entendent transformer ces données en actions avec le déploiement de stages immersifs précoces, comme le fait déjà le projet pilote « Eve » en Province de Luxembourg. Ils souhaitent également la création d’un label « structure formatrice rurale ». En outre, ils insistent sur l’accompagnement des maîtres de stages et la valorisation du mentorat. Enfin, une autre piste est le développement de modules de sensibilisation à la durabilité et la médecine territoriale.

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