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Financer ses projets, de la demande de crédit à son acceptation

Tout entrepreneur agricole désireux d’étendre ses activités ou de renouveler son matériel devra un jour faire face à une demande de crédit et aux nombreuses questions s’y rapportant. Chantal Canivet, chargée de relations PME chez Crelan, nous explique comment se positionne la banque tout au long de cette procédure, souvent assimilée à un parcours du combattant.

Temps de lecture : 4 min

Lorsque la banque examine une demande de crédit, elle se conforme toujours à la même procédure, qui que soit le demandeur. Celle-ci s’articule autour de quatre étapes clés que nous passons ici en revue.

Qui est le demandeur ?

En premier lieu, la banque cherche à connaître au mieux son client. Son parcours professionnel, ses liens avec d’autres personnes et sociétés, ses patrimoines privé et professionnels… sont étudiés. « Mais la banque doit également comprendre le métier du demandeur, savoir comment il travaille avec ses clients et fournisseurs », ajoute Chantal Canivet.

Aussi, la banque se montrera plus rassurée si l’entrepreneur dispose d’un panel de client diversifié, donc plus sûr pour ses revenus. Elle sera également intéressée de connaître le nombre d’ha sous contrat dont il dispose.

La banque déterminera ensuite la position qu’occupe l’entrepreneur dans son secteur. « Si le demandeur souhaite obtenir un crédit pour reprendre l’entreprise paternelle, il bénéficie d’un avantage, à savoir la réputation acquise durant de nombreuses années », précise-t-elle.

En parallèle, toute une série de documents devront parvenir à l’établissement : CV, statut matrimonial, statuts et bilans détaillés (si personne morale), tableau d’amortissement, balance âgée ou liste des clients et fournisseurs principaux, détail de l’endettement et du patrimoine privé et contrats d’entreprises.

Quel est le projet d’investissement ?

Une fois que la banque connaît son (peut-être) futur client, elle souhaitera en savoir plus sur son projet et, surtout, sur ses principaux besoins : financement de matériel, fonds de roulement, achat ou construction à but professionnel, reprises de fonds de commerce, achat de parts ou encore cautionnement. « Sur base de ces éléments et du profil de l’entrepreneur, la banque évaluera la cohérence des besoins formulés par rapport au projet soumis et à la taille de l’entreprise. »

«
La banque évalue toujours la cohérence des besoins formulés par rapport au projet soumis et à la taille de l’entreprise avant d’accorder un crédit
», explique Chantal Canivet.
« La banque évalue toujours la cohérence des besoins formulés par rapport au projet soumis et à la taille de l’entreprise avant d’accorder un crédit », explique Chantal Canivet. - J.V.

Ici encore, divers documents permettent à la banque de se forger une opinion : statuts de la société, tableau d’amortissement (en cas de remplacement de matériel), permis d’urbanisme, attestation fiscale vierge du cédant en cas de reprise de société, titre de propriété et devis ou bons de commande. « En cas de construction d’un hangar, par exemple, la banque doit savoir si le terrain appartient ou non au porteur de projet. »

Comment financer le projet ?

La banque connaît l’entrepreneur et son projet. Mais une question subsiste : comment envisage-t-il de financer son projet ?

Chantal Canivet : « Nous souhaitons savoir quel sera l’apport propre du client dans le projet. Selon les cas, il peut varier de 0 à 20 % du montant du crédit sollicité ». L’apport demandé peut être nul, par exemple, lorsqu’un enfant reprend la clientèle parentale ; la banque considérant alors que la clientèle constitue un fonds propre. Le même cas de figure peut se présenter lorsque le demandeur détient des terres.

Sur cette base, l’établissement bancaire proposera un financement à court, moyen ou long terme à l’entrepreneur.

L’entrepreneur sait-il faire face à ses engagements ?

Enfin, la banque devra apprécier la capacité de l’entrepreneur à faire face à ses engagements.

Pour cela, elle regardera si le projet est « self-supporting ». En d’autres mots, elle vérifiera la rentabilité du nouvel investissement, estimera les nouvelles charges par rapport aux anciennes en cas d’investissement de remplacement et évaluera les économies de coûts générées par ce dernier. Elle devra encore s’assurer que le demandeur de crédit est capable d’assumer ses remboursements. « La banque compare les revenus de l’entrepreneur aux charges qui lui incombent. À nouveau, divers documents devront être transmis à l’établissement : bilan et comptes de résultats ou comptes d’exploitation détaillés des trois dernières années, plan financier lors du lancement d’une nouvelle activité, et avertissement extrait de rôle. »

La décision de la banque

Une fois tous les documents et renseignements nécessaires en sa possession, la banque prendra la décision d’accorder, ou non, le crédit à l’entrepreneur.

En cas d’acceptation, elle détermine les modalités du crédit. En premier lieu, sa durée. Elle sera, à titre indicatif, de 5, 7 ou 10 ans pour du matériel neuf, 3 à 5 ans pour du matériel d’occasion, de maximum 10 ans pour une reprise de fonds de commerce, de maximum 15 ans pour l’acquisition d’un bien immobilier professionnel ou indéterminée en cas de besoin de trésorerie ou de cautionnement.

Savoir comment se passe une demande de crédit permet d’entamer les démarches s’y rapportant  avec moins d’appréhension.
Savoir comment se passe une demande de crédit permet d’entamer les démarches s’y rapportant avec moins d’appréhension. - J.V.

Le taux d’intérêt dépend quant à lui de la situation sur le marché bancaire, de la durée de l’emprunt, du risque que prend la banque… Pour réduire au maximum ce risque, elle prend d’ailleurs des garanties, à savoir, en général, ce qu’elle finance. Cette garantie peut par exemple prendre la forme d’une hypothèque en cas d’acquisition immobilière ou, dans le cadre d’un rachat de parts, d’une caution du gérant ou d’un nantissement desdites parts.

Enfin, l’établissement bancaire peut exiger que l’emprunteur souscrive diverses assurances, telles qu’une assurance solde restant dû ou une assurance incendie.

J.V.

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