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La cure d’amaigrissement se prolonge pour les ventes du machinisme agricole

Tous secteurs confondus, l’équipement pour l’agriculture, l’élevage et les espaces verts a vu ses ventes reculer en moyenne d’un tiers au cours de ces dix dernières années. Étroitement liée à l’érosion de la population agricole, cette situation ne laisse pas d’inquiéter la fédération concernée. Tirant la sonnette d’alarme, Fedagrim a interpellé les politiques en lançant son pacte agricole en 10 propositions relayé récemment dans nos colonnes. L’analyse économique de ces deux dernières années confirme cette inquiétude.

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Comme son nom l’indique, Fedagrim – la fédération belge des fournisseurs de machines, bâtiments et équipements et services connexes pour l’Agriculture et les Espaces verts – regroupe aussi bien les fabricants et les concessionnaires que les importateurs nationaux et régionaux de tracteurs, machines agricoles et matériels pour les jardins, parcs et forêts. Elle comprend également les constructeurs et entreprises d’équipement d’étables en Belgique.

Toutes activités confondues, ce secteur comptabilise plus de 1.100 entreprises, dont 85 % sont des concessionnaires, qui eux-mêmes sont majoritairement actifs dans le secteur des jardins et espaces verts. Cela représente 14.000 travailleurs, dont 80 % travaillent à temps plein.

Notons que New Holland représente à lui seul par moins de 3.000 emplois et que la Belgique est beaucoup plus un pays d’importateurs (70%) que de fabricants (30%).

L’agriculture souffre, la machine aussi

Les acteurs du machinisme s’inquiètent de la dangereuse régression de notre agriculture. « Depuis le début des années 2000, on dénombre 40% d’agriculteurs en moins. Ce n’est évidemment pas sans conséquence sur les achats de matériels. Les membres de Fedagrim vendent en moyenne un tiers de machines agricoles en moins qu’il y a dix ans », alertait récemment Johan Colpaert, président de ladite fédération.

Si, comme pour les agriculteurs, l’année 2016 a été difficile pour les fournisseurs de machines agricoles, le marché de l’équipement a toutefois connu une reprise l’an dernier pour certaines catégories de matériels. Du côté des jardins et des espaces verts, la tendance est nettement plus positive avec un excellent cru 2016 et un début 2017 dans la même veine.

« La volatilité des prix dans le secteur végétal et les productions animales a une incidence indéniable sur les ventes de machines et d’équipements », reconnaît le président de Fedagrim.

Tracteurs : poussée des petites puissances

L’année 2016 n’a pas été bonne pour la vente de tracteurs de plus de 50 ch. Le chiffre de 1.892 unités vendues constitue le niveau le plus bas enregistré depuis plusieurs années. La vente de tracteurs de moins de 50 ch quant à elle reste stable et a même connu une croissance en 2016. Cette catégorie de tracteurs est de plus en plus demandée par certains groupes (les communes, les hobbyistes…).

Les membres de Fedagrim ont toutefois observé une légère reprise des activités au premier semestre 2017. Fortes de 1.236 tracteurs de plus de 50 ch vendus, les ventes ont progressé de 2,8% par rapport au premier semestre 2016. La croissance des tracteurs de moins de 50 ch est plus spectaculaire : avec 416 unités, les ventes se sont envolées de 78,5 % par rapport au 1er semestre de l’année 2016.

En parts de marché, New Holland (26,6%) conservait en 2016 la première place sur le podium acquise depuis de nombreuses années, largement devant les autres marques. En deuxième place, John Deere (15,4%) voit ses parts de marché progressivement diminuer depuis une dizaine d’années. Deutz-Fahr, en troisième place (12,5%) a vu au contraire ses parts de marché quasiment doubler en 10 ans. Fendt (11,2%) et Case IH (11,1%) respectivement en 4e et 5e positions maintiennent leur classement de manière assez stable (10% en moyenne) sur cette dernière décennie.

Les machines agricoles accusent le coup

La vente des machines agricoles s’affiche de manière générale à la baisse (-6 %) pour le 1er semestre de l’an dernier ; 2017 pourrait toutefois se conclure positivement, avec une reprise de la demande et une augmentation de certaines catégories d’équipement. Et cela notamment grâce à l’effet « salon Agribex » en décembre dernier.

Le développement du secteur de la pomme de terre et des surfaces consacrées à cette culture justifie le gain d’intérêt observé pour des machines telles que les planteuses et arracheuses.

Les ventes des outils de travail du sol ne se démarquent pas de la tendance générale à la morosité.
Les ventes des outils de travail du sol ne se démarquent pas de la tendance générale à la morosité. - M. de N.

Fedagrim remarque aussi que les ventes réalisées portent sur des machines plus coûteuses, de plus grande capacité et dotées d’options supplémentaires. La fédération croit au développement des machines fonctionnant avec un GPS et autres techniques « d’agriculture intelligente » appelée aussi smart-farming.

C harrues : l’enlisement !

Les ventes de charrues ont chuté en 3 ans, passant de 450 unités en 2014 à 249 unités en 2016 ! Les modèles de plus de 5 socs et à largeur de travail variable maintiennent le cap. Les autres catégories de charrues (plus de 5 socs à largeur de travail fixe et 4 socs et moins) voient leurs ventes chuter depuis 2014. Ces tendances se sont toutefois inverseés au cours des six premiers mois de l’an dernier : le nombre de charrues à plus de 5 socs et à largeur de travail variable vendues a reculé en faveur des 3 autres catégories.

Les herses rotatives se grippent

Le marché des bineuses, rouleaux, herses et sous-soleuses s’est contracté en 2015 et 2016 du principalement en raison de la chute des ventes des herses rotatives rigides ; en cinq ans, leurs ventes ont régressé de 44,8 %, tout en gardant des parts de marché majoritaires (53,5 % en 2016). Sans grand changement, les ventes au premier semestre 2017 se sont montrées quasi équivalentes à celle des premiers semestres 2015 et 2016.

Semoirs : le mécanique devant le peumatique

Les semoirs n’ont pas été épargnés dans cette évolution baissière, atteignant leur niveau le plus bas avec seulement 361 unités vendues en 2016. Les semoirs en ligne mécaniques dominent toujours les ventes avec 48,2 %. Les semoirs de précision pneumatiques tendent doucement à grignoter des parts de marché (29,4 %) au détriment des modèles en ligne pneumatiques (18,8 %).

Avec une légère diminution des ventes par rapport à la même période de l’année précédente, le premier semestre 2017 ne donne pas un signal positif quant à une reprise du marché. Les semoirs de précision pneumatiques continuent de gagner des parts de marché pour atteindre au terme des six premiers mois de l’an dernier un niveau record de 53 %.

La fertilisation en souffrance aussi

Les distributeurs d’engrais ont également connu une diminution de la demande avec 288 unités vendues en 2016. Les équipements portés d’une largeur d’épandage égale ou supérieure à 18 mètres, sans système de pesée, ont vu leurs ventes fléchir de 48,8 % entre 2014 et 2016, tout en préservant des parts de marché significatives (56% en 2011 et 52,4% en 2016). Les distributeurs équipés d’un système de pesée gagnent progressivement du terrain, grimpant de 12,9% en 2011 à 34% en 2016. Les ventes des distributeurs traînés sont quant à elles en chute continue.

Les ventes du premier semestre 2017 sont supérieures à celles des années précédentes, à l’exception des distributeurs traînés dont le nombre d’unités vendues glisse sous la barre des 10 unités.

Pulvérisateurs : l’hydraulique s’impose

Le marché des pulvérisateurs s’est également contracté avec seulement 226 unités vendues en 2016. Entre 2014 et 2016, les ventes ont chuté de 36%. Les pulvérisateurs portés à repliage manuel ont de moins en moins la cote et voient leurs parts diminuer (17,7%) au profit des modèles à repliage hydraulique maintiennent des parts de marche majoritaires (37,6% en 2016).

Une reprise des ventes n’était pas attendue en 2017.

En termes d’unités vendues, le recul se poursuit du côté des moissonneuses-batteuses.
En termes d’unités vendues, le recul se poursuit du côté des moissonneuses-batteuses. - M. de N.

Pour la moisson : ventes en berne

Le marché des moissonneuses-batteuses a connu une tendance particulièrement basse en 2016 avec moins de 60 unités vendues, sans perspective de redressement, bien au contraire, en 2017.

La pomme de terre s’arrache !

Les ventes d’arracheuses de pommes de terre ont été florissantes en 2016 (85 unités). Le marché de la pomme de terre ne cesseant de grandir, la demande d’équipements est bien présente dans ce secteur. Le marché des planteuses a également profité de ce contexte, mais dans une moindre mesure (32 modèles vendus, contre 25 unités vendues en 2015), sans pour autant regagner le niveau des années précédentes.

Du côté des arracheuses, la tendance s’est même accrue de manière spectaculaire au premier de l’an dernier, avec pratiquement un triplement des ventes par rapport au premier semestre 2016. Les planteuses ont vu dans le même temps leurs ventes augmenter légèrement.

Équipement pour l’élevage et la construction d’étables

Ce secteur a connu une année 2016 particulièrement morose, sous l’emprise de la baisse des prix du lait. Les ventes d’installations de traite ont diminué de 28% et les tanks refroidisseurs de 24%, par rapport à l’année 2015.

Au rang des nouvelles installations de traite - très ténues –, le robot continue de remporter majoritairement les suffrages.
Au rang des nouvelles installations de traite - très ténues –, le robot continue de remporter majoritairement les suffrages. - M. de N.

Le redressement tant attendu des prix du lait l’an dernier a généré un regain de confiance du secteur et c’est ainsi que de nouveaux investissements ont été planifiés. De manière générale, il s’agit davantage de petits projets de rénovation, comme pour des silos tranchées, par exemple, mais il y a également de plus en plus d’intérêt pour des nouveaux projets de construction. Les membres de ce groupe sectoriel au sein de Fedagrim constatent également qu’une attention particulière est portée au remplacement des toitures contenant de l’amiante.

Au cours du premier semestre 2017, les ventes des installations de traite ont progressé de 14% par rapport au premier semestre 2016, tandis que les tanks refroidisseurs ont chuté de 47%.

Installations de traite

La crise du secteur laitier a sérieusement pesé sur les nouvelles installations de traite. Le nombre d’unités vendues n’avait jamais été aussi bas depuis quelques années. En passant de 211 unités en 2011 à 120 en 2016, les ventes ont diminué de 43%. Le nombre d’installations avec robot est resté majoritaire depuis quelques années pour atteindre des parts de marche de 45% en 2016. Suivent les salles de traite côte à côte, dont le nombre d’unités vendues est resté stable ces 5 dernières années mais ces installations progressent en termes de parts de marché (33% en 2016).

L’année 2017 représente une reprise légère du secteur, avec des investissements plus importants de la part des éleveurs. La tendance des exploitations avec robot perdure et les investissements vont dans ce sens (51% parts de marché au premier semestre 2017). Les salles de traite côte à côte (20%) et de traite en épi (25%) se partagent principalement le reste des parts de marché au début 2017.

Tanks refroidisseurs

Les entreprises de ce groupe sectoriel ont connu une baisse des ventes de tanks en 2016 de 24 % par rapport à l’année précédente. Et cette tendance s’est poursuivie au début de 2017, qui sera très probablement décevante.

Les tanks à lait verticaux gagnent progressivement des parts de marche et atteignent en 2016 leur record (30%) au détriment des tanks horizontaux. En particulier, les tanks a lait horizontaux de plus petite capacité perdent progressivement du terrain. Le choix des producteurs s’orientera de plus en plus vers des équipements de plus grande capacité.

Le jardin et les espaces verts

Les entreprises de ce secteur se réjouissent de l’année qui vient de s’écouler. La vente des machines fonctionnant sur batteries se porte particulièrement bien. À tel point qu’en raison de l’ampleur des demandes, certaines entreprises n’ont pu livrer leurs machines dans les délais habituels.

L’entretien des espaces verts est le secteur qui, ces dernières années, voit la vie en rose.
L’entretien des espaces verts est le secteur qui, ces dernières années, voit la vie en rose. - M. de N.

Une autre tendance observée, qui ne fait que croître depuis quelques années, est une forte demande pour les robots tondeuses.

Les responsables de ce groupe sectoriel remarquent également un grand intérêt pour le désherbage mécanique à la suite d’une législation allant dans ce sens (les tondeuses à fléaux, par exemple, ont vu leur vente augmenter).

La météo a bien évidemment impacté les ventes. L’année 2017 a excellemment bien débuté mais les ventes ont fortement diminué à cause de la sécheresse. Celle-ci s’est traduite en une forte demande pour les pompes à eau. Les ventes ont ensuite repris grâce au retour à des conditions plus favorables. Le marché professionnel s’est bien porté. De plus, les ventes aux communes et autres administrations publiques ont également été très satisfaisantes (notamment dans le secteur des tracteurs horticoles).

Concernant le marché des particuliers, les entreprises qualifient 2017 de très bonne à très mauvaise. Les membres de Fedagrim sont plus soucieux pour cette nouvelle année. «Il sera très difficile d’égaler les résultats obtenus l’an dernier.

La vente des machines sur batteries se porte particulièrement bien.

Dans ce contexte favorable, plus de la moitié des entreprises du secteur a l’intention d’engager un ou plusieurs travailleurs cette année.

Propos recueillis par

M. de N.

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